La fête des Mères arrive à grands pas. Cette année, c'est nostalgique que je vous livre mes réflexions. En effet, s'il m'est difficile de parler des sentiments qui me relient à une mère, c'est que la mienne s'est dissociée de ce rôle, dans ma tendre enfance.
Malgré nos contacts sporadiques, je gardai l'impression d'avoir bien peu manqué, notamment en raison d'une particularité qui lui était propre : elle ne parlait jamais d'elle-même. Je percevais en ce trait de caractère plutôt rare, de la noblesse, admirant sa discrète force de contenance. Furtives, les années ont fui. Devenue maman, je pris mon rôle très au sérieux, cherchant à donner tout ce que j'avais manqué; bien qu'imparfait, j'imagine que c'est ce qu'on appelle la recherche de l'équilibre!
J'ai tant partagé avec mes enfants... mon parcours, joies et peines, mes montées aux sommets et plongeons, ainsi que les apprentissages retenus de chacune des expéditions aux confins de moi. Ces dialogues sur ce qui m'a permis d'être plus solide et sage tout comme sur mes erreurs de parcours ont ouvert la porte à des échanges hors du commun, soudant notre trio. Celui-ci s'est accentué au fil des nouveaux chapitres de leurs vies de jeunes adultes, liant profondément nos âmes. Si la profondeur caractérise aujourd'hui ma progéniture, faisant d'eux des jeunes lucides, d'une maturité hors du commun, je réalise l'importance capitale de la transmission. En philosophant et partageant ainsi mes réflexions sur la vie, l'effigie de ma mère vieillissante ressurgit. M'envahit un tout nouveau sentiment chagrin conscientisant le dépouillement, univers privé de legs; ce si précieux flambeau que les parents se doivent de transmettre à leur descendance. Oh... je sais... pour ceux qui ne s'en soucient guère, ma tristesse est probablement une idéation, une conceptualisation. Et pourtant, je demeure convaincue que c'est un cadeau qui vient avec la vie que l'on transmet. Ces jeunes, nourris du terreau de tes apprentissages, de ta vision, de ton feu, iront en son sens ou à contresens, mais auront un repère tellement important. C'est ma vision, le flambeau que notre rôle nous demande de transmettre. Je parlais dernièrement à un ami qui venait de perdre sa grand-mère... étouffant un sanglot il me racontait combien elle était inspirante face aux difficultés de la vie, dédramatisante et allégeante. J'ai vu l'empreinte l'inspiration laissée dans l'âme.
Mes réflexions ont souvent projeté ce jour, où agenouillée près du cercueil de ma maman, je chercherais qui était cachée sous ces traits. Malgré que je ne lui en veuille nullement, ne pouvant rien changer à la réalité, déjà je sens le vide s'accentuer; ce dernier repos étant l'ultime non-retour, le flambeau qui s'éteint sans transmission. Pour moi, c'est l'héritage de ce qui donne tout son sens à une mère, matrice des âmes qui suivent! Vous êtes parents? Songez à passer le flambeau à vos enfants contribuant à leur expansion, nourrissant la postérité... C'est notre contribution, notre testament.