Mère courage est une des pièces les
plus célèbres écrites par Berthold Bretch. Écrite en 1938-1939, cette pièce
sera jouée pour la première fois à Zurich en 1941 et dénonce l'absurdité de la
guerre. Mère Courage et ses enfants constitue sans conteste un des piliers du répertoire de
Brecht. Alors que l'Europe se précipite dans l'horreur de la Seconde Guerre
mondiale, l'auteur allemand va écrire une œuvre pamphlétaire, visant à dénoncer
l'absurdité d'une guerre, dite de religion, mais aux tenants fortement
politiques.
Mère Courage est un
regard sur le monde du point de vue des petites gens, ce monde que Bertolt
Brecht voulait passionnément changer. Résumant la condition humaine et
l'implacable mécanisme des conflits armés, c'est une fresque qui relève du
style baroque avec ses scènes où se mêlent l'injure et le ricanement, la
sagesse populaire, le blasphème et la poésie.
La cheffe du Parti
libéral du Québec, Dominique Anglade se retrouve aussi dans un contexte
politique qui frise l'absurdité en ce temps de pandémie. Alors que l'on a un
gouvernement qui donne dans le nationalisme d'épouvantail et d'affirmation et
que la CAQ ratisse large, le Parti libéral du Québec peine à se faire valoir
auprès des francophones. Madame Anglade doit trouver une façon pour que son
parti reconnecte avec le Québec des régions et les francophones sans pour
autant s'aliéner ses clientèles anglophones actuelles. Réflexions libres sur un
parcours politique qui s'annonce difficile.
Le dernier congrès libéral
À son dernier congrès,
les libéraux de Dominique Anglade ont adopté de nouvelles orientations
concernant notamment l'environnement dans son projet ambitieux Éco comme dans
économie indissociable d'une vision verte du développement. Un projet ambitieux
qui mérite d'être discuté lors des prochaines élections. Outre ce front
économique, le PLQ a aussi proposé de sortir la gestion de la santé du
périmètre politique en proposant de confier la gestion de la santé à une Agence
indépendante. Une sorte de Santé-Québec autonome comme le sont les sociétés
d'État comme Hydro-Québec ou la Caisse de dépôt et placement du Québec. Une
idée qui mérite d'être discutée, mais qui ne règlera rien au bout du compte. En
ce qui me concerne, le problème de notre système de santé, outre la pénurie de
personnel, est lié à une trop grande centralisation et au manque d'imputabilité
des acteurs dans la chaîne de décisions.
Il est rafraichissant de
prendre acte de la volonté des libéraux de proposer des projets emballants aux
électeurs, mais tant et aussi longtemps que le PLQ ne réussira pas à
reconnecter avec les francophones, ses efforts demeureront vains, car personne
ne l'écoutera, qu'importe la qualité des idées qui seront proposées. Cela passe
par une voie obligée de réconciliation du Parti libéral du Québec avec le récit
national du Québec. Cela passe pour des libéraux par la promotion d'un
fédéralisme multinational et communautaire comme régime constitutionnel. Il
faut réformer cette fédération.
Moderniser le Canada
Le Canada est un pays
riche et prospère où la qualité de vie de ses citoyennes et des citoyens fait
l'envie de plusieurs dans le monde. On a tendance à souffrir d'amnésie, mais
les Québécoises et les Québécois ont choisi à deux reprises de demeurer des
Canadiens soit en 1980 et en 1995. Longtemps divisé sur la question nationale,
aujourd'hui le Québec n'est plus dans cette dynamique. Il n'en reste pas moins
que le vrai choix du Québec n'a jamais été le statu quo constitutionnel et
surtout pas celui de servir de pinata aux bien-pensants du Canada anglais qui
ne cesse de cracher sur le Québec et sur ses différences. Il ne faut pas
confondre ces propos somme toute minoritaires avec l'opinion canadienne, mais
cela demeure un irritant majeur.
Par ailleurs, le Canada
a besoin de moderniser ses institutions. La monarchie n'est plus en phase avec
notre époque. Nous serions plus heureux de vivre en république laïque. Le Sénat
devrait être transformé en chambre des régions et des communautés nationales
comme les Premières Nations, les Acadiens et les Québécois. Nous serions mûrs
pour une révision en profondeur des pouvoirs dévolus aux provinces et à l'État
fédéral. Il y a là une piste afin que les libéraux proposent un leadership au
pays pour réformer et revoir les structures et les pouvoirs entre les
provinces, les territoires et le pouvoir fédéral. Il faut surtout faire une
place aux peuples premiers de ce pays pour que l'on cesse de gérer cette
question de crise en crise.
Le fédéralisme est l'un
des meilleurs systèmes politiques pour reconnaître les différences et les
communautés. Reste à imaginer un fédéralisme du 21e siècle à la
saveur multinationale et communautaire. Un fédéralisme qui reconnaîtra à la
fois les droits individuels, mais aussi les droits collectifs. Le Parti libéral
du Québec pourra être le véhicule privilégié pour réformer ce pays avec des
progressistes d'autres provinces canadiennes.
Dominique Anglade...
La cheffe actuelle du
Parti libéral du Québec, Dominique Anglade a les qualités de leadership pour
aider ce parti à reconnecter avec les régions et les francophones au Québec.
Elle a des idées neuves, elle est solide dans ses valeurs en matière de justice
sociale et de libertés. Femme issue d'une famille d'immigrants, Dominique
Anglade a tout ce qu'il faut pour démontrer la sensibilité nécessaire à de
nombreux enjeux de société d'aujourd'hui. Sa tâche n'est pas simple, car elle
doit en même temps combattre le gouvernement le plus populaire depuis longtemps
au Québec et renouveler son parti tout en gardant contact avec la base
traditionnelle de ses militants qui sont majoritairement plus conservateurs que
ne l'exigent les enjeux actuels du Québec contemporain.
Dominique Anglade a
beaucoup de courage et elle fait preuve d'une belle abnégation dans les
circonstances. Mais elle aura besoin d'aide pour mener sa barque à destination.
Est-il illusoire de penser que madame Anglade puisse retrouver le pouvoir au
terme de la prochaine élection ? Nous ne le savons pas. En politique, une
semaine est une éternité dit le vieil adage. Nous avons à vivre plusieurs
éternités avant la prochaine élection. Néanmoins, il sera étonnant que la
conjoncture politique connaisse des bouleversements majeurs au cours de la
prochaine année. Il reste cependant que le gouvernement actuel a des failles en
matière de santé que les partis politiques d'opposition cherchent à exploiter.
Au cours des prochaines semaines et des prochains mois, on pourra voir si cela
écorchera vraiment la couche de téflon du gouvernement Legault. En attendant,
madame Anglade doit redoubler d'efforts et faire preuve de beaucoup de courage
dans une conjoncture difficile. Elle doit être une sorte de Mère-courage...