Les
moyens de communication changent. Rapidement.
Les
textos remplacent bien des conversations verbales. D'ailleurs, plus ils
deviennent, entre gros guillemets, intelligents, et plus téléphones n'ont plus
besoin d'être des téléphones!
Les
textos évoluent vers des langages codés où les contractions de mots se
jumellent aux émoticônes pour proposer des styles de conversation presque
cryptés pour un néophyte.
« Je
ne vais quand même pas commencer à faire des phrases complètes! J'ai une vie,
moi! »
Donc,
les moyens de communication changent, mais les codes de communications changent
aussi. Ou évoluent. Même si je ne sais vraiment pas si cette évolution est
positive!
Combien
d'émoticônes pour remplacer un merci?
Comprenez
ici que j'utilise le mot émoticône au sens où il vient inclure, tous les
signes, animés ou non, qui servent à remplacer des mots et à signifier une
émotion.
Ce qui
est fascinant, c'est que de plus en plus de voix réclament, au nom d'une
économie de temps, d'énergie ou de je ne sais quoi, genre (!), le non-recours
aux formules de politesse.
C'est
fou, le temps qu'on perd, selon leur théorie, à dire »salut »
« bonjour ». « s'il-te plaît » et « merci ».
Il y a
des économies qui n'en sont pas, à mon avis. Faire l'économie de la politesse
n'est pas un gain, mais un net recul dans la manière de socialiser. Quels que
soient les moyens de communiquer, il me semble que des principes basiques
devraient s'appliquer. La politesse en fait partie.
La
politesse, c'est plus que des formules préétablies.
La
politesse, c'est un pont qu'on installe entre deux personnes. Un pont qui
permet la réciprocité. Un pont qui adoucit une demande. Qui manifeste une
gratitude, si courte soit-elle.
Dire
merci chaque fois qu'on reçoit quelque chose n'est jamais nocif, il me semble.
Ne pas le dire peut l'être, toujours à mon œil.
C'est
que le s'il-te plaît et le merci impliquent bien plus que de simples formules!
Ils établissent un état d'esprit. Un s'il te plaît qui accompagne un échange
visuel multiplie de façon exponentielle les chances de vivre un moment de
meilleure qualité, si bref soit-il.
Le fait
de commander un café à l'auto peut être un moment ordinaire dans une journée
bien ordinaire, ou revêtir un caractère plus heureux juste par l'attitude et
l'insertion de mots de politesse. Dire merci en regardant la personne dans les
yeux quand on reçoit le verre cartonné des mains de la personne au guichet peut
vouloir dire, en quelques secondes : « j'apprécie; ce café-là va
contribuer au fait de bien débuter ma journée! »
Marmonner ou ignorer le merci en regardant ailleurs, ça peut aussi
vouloir : « au prix qu'y est, ton café, je vais quand même pas te
remercier. Je paye, chus servi, c'est ça le deal. À part de ça, ça a été long
en ta, faque... »
De façon
simpliste et un brin sarcastique, je me dis : lequel des deux va vraiment
passer une bonne journée? Et lequel des deux va contribuer à faire passer une
belle journée aux autres.
Bref...
Je pense
à tout ça ce matin parce que lors des funérailles d'un ami décédé, la notion de
reconnaissance a refait surface plusieurs fois. Le fait de remercier chaque
jour. Le fait de reconnaître que le moment qu'on vit est bon. Que le service,
si petit soit-il, qu'on reçoit est important.
Le fait
d'établir un contact humain. Visuel si on le peut. Avec un sourire en prime.
Même avec un masque sanitaire, le sourire est de mise : il illumine le
regard et détend les plis dans le front!
Ouais,
je sais, je me fais vieux. Je suis "générationellement" éloigné des
nouveaux moyens de communiquer.
Mais je
continuerai ma façon de faire. Dépassé ou non.
J'avoue
un toc : en ville, quand un de ces afficheurs radar indique en temps réel
la vitesse de ma voiture, je ralentis... Je tiens à voir le « merci »
au-dessus du chiffre. Même celui-là me fait du bien!
C'est
tout pour le moment! Merci à vous!
Clin
d'œil de la semaine
Dans le
fond, le seul de qui on ne souhaite pas être remercié, c'est bien notre
employeur...