On entend souvent que pour perdre du poids, il suffit de manger moins et de faire plus d'activité physique. Les gens pensent que ça fonctionnera puisque ça génèrera une balance calorique négative. Après tout, une livre de gras équivaut à 3500 kilocalories. Cette vérité était probablement plus vraie par le passé que maintenant. Pourquoi est-ce que je fais cette déclaration me demandez-vous?
Parce que cet énoncé n'est vrai que lorsque la santé biochimique de la personne se porte bien. Vous vous rappellerez que dans un article précédent, je mentionnais que la santé est un continuum et non un interrupteur « on-off ». Alors quels sont les raisons pour lesquelles il pourrait être plus difficile de perdre du poids de nos jours? Voici quelques hypothèses de ce problème multifactoriel.
Le stress
Le cortisol, qui est l'hormone du stress, est une hormone essentielle à notre survie car c'est elle qui nous permet d'être dans un état d'éveil. Néanmoins, si on sécrète trop de cortisol, on se crée un environnement où il devient beaucoup plus difficile de perdre du poids. En effet, on crée des débalancements hormonaux où les hormones se rattachant au système nerveux parasympathique (repos) sont déséquilibrées. (Kaye et all, 2005) Le cortisol sécrété en trop grande quantité a aussi une incidence sur les récepteurs d'insuline, ce qui augmente la résistance à l'insuline, ce qui fait engraisser (Bjornstop, 1997). De nos jours, avec la technologie et donc notre disponibilité grandissante face à nos responsabilités, nous devons apprendre à réduire le cortisol pour notre santé et notre composition corporelle.
Les xénoestrogènes
Les xénoestrogènes sont des particules chimiques qui miment l'effet des estrogènes dans le corps. Ces perturbateurs endocriniens se retrouvent dans le plastique (surtout quand on le chauffe pour manger), les pesticides, certains produits cosmétiques et autres produits divers (3). Il est à noter qu'autant le cortisol (hormone du stress) que les estrogènes et xénoestrogènes sont des hormones qui ont des effets négatifs sur le taux de testostérone qui est en chute libre autant chez les femmes (eh oui, nous en avons aussi) que chez les hommes. La testostérone aide à améliorer la composition corporelle en diminuant le taux d'adiposité.
Un sommeil moins réparateur
Avec la lumière des écrans bleus, surtout en soirée, le sommeil est moins réparateur. Ceci a pour effet de diminuer la sécrétion de mélatonine, de l'hormone de croissance et de la testostérone et d'augmenter la sécrétion de cortisol. En fait, on diminue les hormones sécrétées par le système nerveux parasympathique (repos) et on augmente les hormones sécrétées par le système nerveux sympathique (activation) dont le cortisol.
Les polluants organiques persistants
Les polluants organiques persistants (POP) comme les métaux lourds ont tendance à s'accumuler dans les tissus adipeux et à rendre le processus de perte de gras plus difficile. Le mécanisme serait que le corps utilise le gras pour emmagasiner les POP et veut empêcher les POP de se retrouver dans la circulation sanguine en préservant sa graisse qui emmagasine le tout. (La Merrill et all, 2012)
La pauvreté des aliments en termes de micronutriments
Pour différentes raisons, les aliments sont de plus en plus faibles en concentration pour certains micronutriments (vitamines et minéraux) et ce, de façon marquée au cours des 50 dernières années. (Davis et all, 2004) Avec une concentration moindre en micronutriments, il serait normal de penser que les voies métaboliques du corps (autoroutes du corps qui servent à faire des réactions chimiques) fonctionnent moins bien. (Huskisson, 2007) Fonctionnant moins bien, il serait aussi normal d'avoir plus de difficulté à être en santé et à perdre du poids.
Plus grand défi
En définitive, il est normal de croire que perdre du poids est probablement plus difficile maintenant qu'il ne l'était autrefois. Cette philosophie n'est pas nécessairement celle d'une société facilement offensée (bien que ce soit souvent le cas) et qui se cherche constamment des excuses (bien que ça puisse aussi être le cas). Ce point étant soulevé, il existe tout de même des solutions pour relever ce défi qui, oui, est probablement plus grand aujourd'hui qu'il y a plusieurs décennies.
Marie-Soleil Samson, naturopathe
Références
1-Kaye, K. Brownlee, et all. 2005. Relationship Between Circulating Cortisol and Testosterone: Influence of Physical Exercise.
2-Bjorntorp, Per, 1997. Hormonal control of regional fat distribution
3-Site Santé des femmes: xenoestrogènes
http://www.santedesfemmes.com/PDF/xenoestrogenes.pdf
4-La Merrill, Michele, et all. 2012. Toxicological Function of Adipose Tissue : Focus on Persistant Organic Pollutants
5-Davis DR, et all. 2004. Changes in USDA food composition data for 43 garden crops, 1950 to 1999.
6-Huskinsson, E. et all. 2007. The Role of Vitamins and Minerals in Energy Metabolism and Well-Being.