J'entends
un des fameux monologues d'Yvon Deschamps en lisant le titre. J'en parlais avec
mon fils cadet et on se disait qu'une bonne partie du contenu de tellement de
Deschamps ne pourrait plus être dit aujourd'hui, malgré la noble intention de
dénoncer des choses!
La
carte universelle
Dans
certains jeux de société, il y a cette carte-là. Celle qu'on ne peut déjouer.
Qui cause bien des frustrations chez les autres joueurs, mais qui donnent tous
les droits au joueur qui la pige. Une espèce de carte universelle qui ouvre
toutes les portes tout en bloquant systématiquement toute attaque externe.
On se
sert de la liberté comme d'une carte universelle de jeu de société, parfois.
Souvent. Le hic, c'est qu'en société, tout le monde a la carte en main!
Ah! La
liberté. Celle qui donne tous les droits! Celle dont on se sert trop souvent
comme d'une carte universelle de jeu de société. On peut même s'en servir pour
finir une discussion qui dévoile notre argumentaire déficiente sur le sujet
discuté!
Le mois
de décembre annonce sans surprise la fin prochaine de l'année en cours. Et
c'est un temps de bilan.
Je
regarde autour de moi. Mon habitat. Mon coin de planète. Pas qu'il soit à moi
plus qu'à un autre, mais, disons, celui où j'ai élu domicile.
Pis je
trouve ça mêlant.
Au
moment même où la Cour Suprême a remis son sceau sur la liberté d'expression
dans l'affaire Mike Ward, il me semble que je suis de plus en plus mal à l'aise
de dire certaines choses.
Je peux
presque tout dire, mais pas le mot en « N », évidemment. Peu importe
le contexte. Il faut aussi éviter de parler de l'été indien, de peur que ça
devienne une forme d'appropriation culturelle. Puis, après le Yin et le Yan, il
y a le "iel". Et le mot "froeur" pour déterminer un membre
de sa fratrie et ainsi éviter de cataloguer la personne selon un sexe. Je
lisais le statut d'une jeune personne prénommée Staifäniy (écrit ainsi pour
assurer son unicité, je crois bien). Elle décriait l'extraordinaire bassesse, ce
nivelage par le bas que font les médecins et les sages-femmes quand elles
déterminent que ce sera un garçon ou une fille. « Comment peut-on être
aussi suffisant et ainsi niveler par le bas en ne tenant compte que d'une
caractéristique pour influencer toute la vie d'une personne! »
Ouen...
Note :
j'ai corrigé (oh, blasphème, j'imagine!) 12 fautes d'orthographe de Staifäniy.
J'espère ne pas ainsi entraver le processus de sa vie sur terre.
Je
sais, je deviens sarcastique, parfois
Ça me
fait ça, toute cette expression parfois excentrique des libertés individuelles
et cette façon de créer des individus dont l'unicité devra être reconnue à tout
prix. Ça me fait ça, les écarts de bon sens qui nous mènent partout et nulle
part, en même temps.
Et c'est
sans compter qu'il y a aussi ce souci constant d'une rectitude qui se permet
même de retourner dans l'histoire!
À ce
chapitre, je demeure de l'école qui souhaite qu'on mette l'histoire en contexte
avant d'en juger; de cette école qui souhaite qu'on s'inspire des bons et des
mauvais pas du passé pour tenter de regarder devant avec plus de lucidité. Je
ne suis pas de l'école qui veut tout effacer des mémoires. C'est outrageusement
prétentieux de se prétendre « éveillé » au point de posséder "la"
vérité à ce point!
L'inclusion
n'est pas une affaire simple.
Par
exemple, les tenants de l'écriture inclusive croyaient tenir quelque chose
d'universel : on écrirait ami.e.s ou ami(e)s pour assurer l'efficacité
dans nos écrits, tout en n'oubliant personne. Eh! Bien, on a oublié les
dyslexiques en chemin. Ils se heurtent à une nouvelle série de symboles qui
compliquent considérablement, dans certains cas, la lecture.
Pas
simple d'être inclusif, je disais.
Quand
chacun livre le combat de sa vie pour les libertés individuelles, il peut
perdre de vue qu'il y aussi plein d'autres individus qui partagent notre
habitat, notre coin de planète.
C'est un
combat de faire naviguer une bande de libertés individuelles sur un bateau
Dragon...
Clin
d'œil de la semaine
Dire que
tout ce temps-là, celles et ceux qui disent « y allent » plutôt que
« ils vont » étaient des précurseurs du "iel"!
Et tout
ce temps-là, aussi, ça tombait aussi sous le sens : plusieurs
« iel », ça devient pluriel...