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  CHRONIQUEURS / Deux mots à vous dire

Lib-lib-lib, lib-libre…

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François Fouquet Par François Fouquet
Lundi le 6 décembre 2021

J'entends un des fameux monologues d'Yvon Deschamps en lisant le titre. J'en parlais avec mon fils cadet et on se disait qu'une bonne partie du contenu de tellement de Deschamps ne pourrait plus être dit aujourd'hui, malgré la noble intention de dénoncer des choses!

La carte universelle

Dans certains jeux de société, il y a cette carte-là. Celle qu'on ne peut déjouer. Qui cause bien des frustrations chez les autres joueurs, mais qui donnent tous les droits au joueur qui la pige. Une espèce de carte universelle qui ouvre toutes les portes tout en bloquant systématiquement toute attaque externe.

On se sert de la liberté comme d'une carte universelle de jeu de société, parfois. Souvent. Le hic, c'est qu'en société, tout le monde a la carte en main!

Ah! La liberté. Celle qui donne tous les droits! Celle dont on se sert trop souvent comme d'une carte universelle de jeu de société. On peut même s'en servir pour finir une discussion qui dévoile notre argumentaire déficiente sur le sujet discuté!

Le mois de décembre annonce sans surprise la fin prochaine de l'année en cours. Et c'est un temps de bilan.

Je regarde autour de moi. Mon habitat. Mon coin de planète. Pas qu'il soit à moi plus qu'à un autre, mais, disons, celui où j'ai élu domicile.

Pis je trouve ça mêlant.

Au moment même où la Cour Suprême a remis son sceau sur la liberté d'expression dans l'affaire Mike Ward, il me semble que je suis de plus en plus mal à l'aise de dire certaines choses.

Je peux presque tout dire, mais pas le mot en « N », évidemment. Peu importe le contexte. Il faut aussi éviter de parler de l'été indien, de peur que ça devienne une forme d'appropriation culturelle. Puis, après le Yin et le Yan, il y a le "iel". Et le mot "froeur" pour déterminer un membre de sa fratrie et ainsi éviter de cataloguer la personne selon un sexe. Je lisais le statut d'une jeune personne prénommée Staifäniy (écrit ainsi pour assurer son unicité, je crois bien). Elle décriait l'extraordinaire bassesse, ce nivelage par le bas que font les médecins et les sages-femmes quand elles déterminent que ce sera un garçon ou une fille. « Comment peut-on être aussi suffisant et ainsi niveler par le bas en ne tenant compte que d'une caractéristique pour influencer toute la vie d'une personne! »

Ouen...

Note : j'ai corrigé (oh, blasphème, j'imagine!) 12 fautes d'orthographe de Staifäniy. J'espère ne pas ainsi entraver le processus de sa vie sur terre.  

Je sais, je deviens sarcastique, parfois

Ça me fait ça, toute cette expression parfois excentrique des libertés individuelles et cette façon de créer des individus dont l'unicité devra être reconnue à tout prix. Ça me fait ça, les écarts de bon sens qui nous mènent partout et nulle part, en même temps.

Et c'est sans compter qu'il y a aussi ce souci constant d'une rectitude qui se permet même de retourner dans l'histoire!

À ce chapitre, je demeure de l'école qui souhaite qu'on mette l'histoire en contexte avant d'en juger; de cette école qui souhaite qu'on s'inspire des bons et des mauvais pas du passé pour tenter de regarder devant avec plus de lucidité. Je ne suis pas de l'école qui veut tout effacer des mémoires. C'est outrageusement prétentieux de se prétendre « éveillé » au point de posséder "la" vérité à ce point!  

L'inclusion n'est pas une affaire simple.

Par exemple, les tenants de l'écriture inclusive croyaient tenir quelque chose d'universel : on écrirait ami.e.s ou ami(e)s pour assurer l'efficacité dans nos écrits, tout en n'oubliant personne. Eh! Bien, on a oublié les dyslexiques en chemin. Ils se heurtent à une nouvelle série de symboles qui compliquent considérablement, dans certains cas, la lecture.  

Pas simple d'être inclusif, je disais.

Quand chacun livre le combat de sa vie pour les libertés individuelles, il peut perdre de vue qu'il y aussi plein d'autres individus qui partagent notre habitat, notre coin de planète.

C'est un combat de faire naviguer une bande de libertés individuelles sur un bateau Dragon...

 

Clin d'œil de la semaine

Dire que tout ce temps-là, celles et ceux qui disent « y allent » plutôt que « ils vont » étaient des précurseurs du "iel"!

Et tout ce temps-là, aussi, ça tombait aussi sous le sens : plusieurs « iel », ça devient pluriel... 


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