Il est
heureux que la bonne performance de la nouvelle mairesse de Sherbrooke en son
début de mandat m'ait permis d'écrire une première chronique plutôt positive en
2022. Ce n'est pas le discours politique des gouvernements de la plupart des
démocraties libérales liées à la résurgence de la crise pandémique qui
permettra de récidiver.
La classe
politique se livre à un triste spectacle de populisme, de manipulation et
d'irresponsabilités quant à la déferlante Omicron. Ils travestissent les faits
scientifiques à des fins d'instrumentalisation politique et s'enfoncent dans
des discours populistes opposant le « Nous » aux « Eux ». Le « Nous vaccinés »
contre le « Eux non vaccinés ». C'est désolant et indigne des fonctions qu'ils
occupent. La responsabilité première des dirigeants politiques c'est de
rassembler pas de désunir.
La science...
La
science ce n'est pas une télé-réalité ni un buffet où l'on peut choisir ce qui
fait notre affaire. Ce que dit la science sur la pandémie actuelle c'est que ce
virus et ses différents variants s'attaquent aux voies respiratoires et peut
conduire les gens qui en sont atteints à la mort dépendaient de leurs
conditions de santé. Il n'existe pas de remède à ce virus, mais des petits
remparts. Le meilleur d'entre eux est le vaccin à ARN messager des compagnies
Pfizer et Moderna. La science a prouvé que ces vaccins offrent une bonne
protection contre les formes graves de la maladie, mais ne peuvent empêcher sa
transmission et sa propagation. Par ailleurs, la science nous dit que le virus
peut se transformer et les variants ainsi constitués peuvent, on ne le sait pas
dans l'absolu, être résistants aux vaccins existants. Heureusement, même le
variant Omicron ne traverse pas les barrières de protection contre les formes
graves de la maladie induite par le coronavirus actuel dans la mesure où l'on
renouvelle les doses régulièrement.
Par
ailleurs, la science nous dit que ce virus se transmet entre les humains par
les aérosols et que pour éviter de le répandre il faut réduire les contacts
sociaux. Ce qui n'est pas une chose simple pour les humains qui sont d'abord et
avant tout des animaux sociaux. C'est dans ses grands traits ce que j'ai
compris de ce que nous dit la science bien que je ne prétende pas à une
compétence particulière en sciences de la santé et en étude de virus. C'est la
compréhension d'un citoyen qui s'informe.
Le discours politique
D'entrée
de jeu, convenons que pour la très grande majorité des dirigeants politiques
des démocraties occidentales, les femmes et les hommes politiques en cause, ont
fait de leur mieux pour protéger la population contre cette épidémie. Une tâche
vraiment pas facile que la plupart d'entre nous n'auraient pas voulu accomplir.
Cela dit, on peut cependant constater que la classe politique a instrumentalisé
cette crise par des discours lénifiants sur leurs capacités à la juguler grâce
à leurs décisions. C'est à partir de ce moment que tout se gâche, c'est quoi
ces histoires que ça va bien aller et que des mesures contraignantes ne sont là
que pour un moment bref de nos vies, quelle science a permis d'arriver à de
telles conclusions ? Quelle science affirme que la fermeture des bars, des
restaurants, des musées ou des salles de spectacles est un élément essentiel
dans le combat de la pandémie ? Pourquoi les milieux de travail, les écoles ou
les magasins ne sont-ils pas dans la liste des lieux de contacts sociaux
permettant la transmission du virus ? Ce n'est pas la science qui dicte ces
décisions, mais les valeurs défendues et prônées par notre classe politique qui
s'efforce de rejoindre celles des gens qu'ils représentent. Nous sommes moins
dans la science que dans la politique. Ce n'est pas un crime que des politiciens
fassent de la politique, mais ce qui est moins acceptable c'est qu'ils évoquent
la science pour couvrir leurs arrières.
De
manière générale, de nombreuses décisions des gouvernements ont été accueillies
avec résignation et résilience par les populations concernées. Néanmoins,
certaines décisions sont douteuses comme le refus de rendre obligatoire le port
du masque aux premières semaines de la crise, l'obstination à ne pas rendre
disponibles les tests rapides antigéniques à la population pour garder le
contrôle ou la volonté obstinée de garder les écoles ouvertes cet automne alors
que c'était le lieu de transmission par excellence qui a préparé l'actuelle
crise du système de santé québécois.
Aujourd'hui,
le débat se déplace vers le passeport vaccinal, la vaccination obligatoire et
la survie du système de santé. Ces problèmes se vivent dans toutes les
démocraties occidentales avec plus ou moins d'acuité. C'est sans surprise au Québec
que le système de santé est le plus en danger. Nous sommes bel et bien une
société distincte.
« Eux et Nous »
Ce qui
m'apparaît le plus déplorable et le plus délétère à ce moment-ci c'est le
discours politique de division et d'exclusion que sont tentés d'adopter nos
politiciens dans la crise actuelle. Le président français Macron l'a
brillamment illustré en déclarant qu'il voulait emmerder les non-vaccinés.
Opposer les vaccinés aux non-vaccinés est ce qu'il pourrait y avoir de plus
détestable et de dommageable pour nos démocraties et notre vivre-ensemble.
Certes, il est tentant de gagner des voix en se servant du ras-le-bol des
populations à l'égard de la pandémie pour le retourner contre les non-vaccinés.
Il faudrait décider ou la vaccination est obligatoire et le gouvernement en
prend les décisions conséquentes ou la vaccination est laissée au libre-choix
des individus et on cesse de les pointer du doigt comme la cause de tous nos
malheurs. Personnellement, je suis d'avis que les vaccins sont l'un des outils
contre la pandémie, mais ce n'est pas le seul et surtout ce n'est pas garant
d'une vie exempte du virus.
La
solution je ne l'ai pas. Pas plus que les gens de la classe politique que je me
plais à critiquer dans ce texte. Cependant, des pistes de solutions se pointent
à l'horizon : faire confiance au bon jugement de la population, favoriser
l'apprivoisement de la vie avec ce virus en rendant accessible les tests
rapides disponibles, tenir des débats entre parlementaires sur les actions à
prendre comme le demande la cheffe de l'opposition officielle au Québec, la
libérale Dominique Anglade et surtout éviter d'ostraciser les non-vaccinés.
S'il est vrai que ces gens qui sont une minorité de 10 % et sont 50 %
des gens hospitalisés au Québec, il n'en demeure pas moins que l'autre 50 %
ce sont des vaccinés, preuve que les vaccins ne sont pas la solution à tous les
maux. Nous sommes fatigués de cette pandémie. Nous cherchons à en sortir pour
retrouver nos vies. Cela est bien compréhensible. Ce n'est cependant pas en nous
divisant et en pointant du doigt les non-vaccinés que nous y parviendrons.
C'est en prenant des décisions mesurées et éclairées, par une science trop
souvent imparfaite, dans le cadre de débats démocratiques, que nous trouverons
notre chemin vers la lumière. Chose certaine, la solution ne réside pas dans
les diktats de chefs d'État déguisés en petits empereurs...