Si je vous lance les noms de Jean Besré et Pierre Gobeil,
vous pensez à quoi?
Ceux et celles d'entre vous qui affichez un profil
urbano-toponymique allez probablement visualiser le gros cube brun du Centre
des arts de la scène Jean-Besré, coin Aberdeen et du Dépôt, à Sherby, où je me
trouve au moment d'écrire ces lignes, et peut-être plus vaguement, du côté de
Rock-Forest, le Centre culturel Pierre-Gobeil.
Par contre, si vous êtes plutôt du profil historico-télévisuel-d'antan,
vous allez probablement les associer aux deux dernières saisons du téléroman Le
temps d'une paix, dans les années 80, Besré sous le chapeau de Joseph-Arthur en
remplacement de Pierre Dufresne, Gobeil dans la soutane du curé Chouinard
jusque-là portée par Yvon Dufour.
Mais mettons que vous êtes du profil théâââââtre-autant-amateur-que-professionnel
sherbrookois, vous placez sans doute Besré et Gobeil dans la liste assez longue
merci de ces gens qui ont joué un rôle dans le paysage de la région.
Bien sûr, on se souvient de Besré et Gobeil parce qu'ils ont
laissé leur marque sur la scène nationale, autant sur les planches qu'au petit
et grand écran, mais aussi parce qu'ils ont été des acteurs importants de
l'histoire du théâtre à Sherbrooke, le premier en faisant partie de la troupe
amateure de l'Union théâtrale avant d'aller étudier en France, le second pour
avoir cofondé et dirigé le Théâtre de l'Atelier qui a occupé la Petite Salle de
l'Université de Sherbrooke avant d'atterrir au parc Jacques-Cartier.
Petite pause pour reprendre son souffle et préciser
certaines choses : ils ont été trop nombreux pour être tous.tes nommés
dans une chronique de 500 mots(+-), ces gens qui au fil des décennies ont eu
sur le développement du théâtre sherbrookois un impact majeur, et dans certains
cas bien plus important encore que les deux comédiens ci-haut nommés.
On osera tout de même souligner quelques noms au passage,
mais on s'excuse d'avance pour tous ceux qu'on devra laisser de côté.
Commençons par celui de Léonard-St-Laurent, d'abord parce
que cet abbé a dirigé de 1907 à 1949 la troupe du Séminaire qui existait déjà
depuis 1876, mais aussi parce que ce qui reste de la salle de 1277 sièges bâtie
dans cette institution de la rue Marquette en 1952 porte son nom.
Je réécris 1277 sièges pour que vous ne pensiez pas plus
longtemps que c'est une faute de frappe. Parce que si vous êtes forts en maths
et que vous êtes déjà allés à Léonard-St-Laurent, là où sont présentées presque
toutes les pièces de nos compagnies sherbrookoises depuis quelques années, vous
aurez remarqué qu'il en manque un bon millier.
Effectivement. Sont où? Disparus au sous-sol, ce qui était
autrefois le parterre, la scène, les loges, tandis que ce qui subsiste désormais
du théâtre d'origine, c'est seulement le balcon qui tient lieu de salle au
complet. Et oui, ceci explique en partie le dédale pour y accéder, d'un côté
comme de l'autre.
Autre nom important? Allons-y pour Lionel Racine, un homme
pour le moins coloré, audacieux et énergique qui a fondé avec deux amis en 1946
l'Union théâtrale dont on a déjà fait mention.
À cette époque où foisonnaient les troupes paroissiales, cette
compagnie amateure, qui faisait appel à des professionnels au besoin, a jusqu'à
sa dissolution en 1988 enfilé plus de 24 000 représentations d'une centaine de
pièces, à Sherbrooke bien sûr, mais aussi ailleurs au pays, raflant quelques
prix prestigieux au passage, ce n'est pas rien!
Petit saut dans le temps, et ce malgré le foisonnement des
années 60 passant entre autres par la construction du Centre culturel et du
Centennial, mais aussi par la création du théâtre du Petit Thé des bois d'André
Poulain d'un côté, et de l'Atelier de Roger Thibault et Pierre Gobeil, de l'autre,
qui obtiendra bientôt son statut professionnel. Ç'a été des années de fous!
Alors pourquoi faire ce saut dans le temps? Pour souligner
l'importance de la création en 1972 de l'Option-théâtre de l'Université de
Sherbrooke et de son maître d'œuvre Hervé Dupuis. De cet univers joyeux qui
aura occupé la Petite Salle du Centre culturel et une partie du département
d'Études françaises jusqu'en 1993 sont issus plusieurs créateurs et compagnies,
comme le Sang neuf ou le Théâtre de la poursuite, dont les initiatives
résonnent encore sur la scène actuelle!
Dans cette Option-théâtre ainsi que de cette tradition sherbrookoise
centenaire prennent fortement racines les troupes du Petit Théâtre, qui a célébré
ses 50 ans, du Théâtre des Petites Lanternes et de Traces et Souvenances qui
ont toutes deux passé le quart de siècle et du Théâtre du Double signe qui s'en
va sur ses 40 la saison prochaine. Et ces quatre compagnies, qui offrent aux
publics d'ici et d'ailleurs encore aujourd'hui des spectacles complètement
diversifiés, se partagent bureaux et espaces de création au Centre des arts de
la scène Jean-Besré, preuve que toutE est dans toutE!
Sonia
Bolduc
Pour
l'équipe du Double signe
Aux deux semaines,
l'équipe du Double signe vous invite à jaser théâtre afin de partager cette
passion de la scène et des coulisses, pour créer des ponts et se donner le
goûts de rencontres.
Plus vieille
compagnie estrienne de théâtre de création tout public, le Double signe incarne
un phare théâtral pérenne qui rayonne au-delà des frontières de la région.
Ainsi prenons-nous
la pleine mesure de notre posture d'ambassadeur dans notre communauté
artistique locale et nationale.
Nous affirmons
haut et fort notre envie de participer à la conversation théâtrale collective.
Nous reconnaissons et valorisons les bienfaits de la pratique et de la
fréquentation des arts de la scène en général et du théâtre en particulier, et
faisons vœu de tout mettre en place pour en faire profiter le plus grand nombre
possible.
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SOURCES :
SIROIS, ANTOINE, Histoire culturelle, Sherbrooke, ville
de culture, Ville de Sherbrooke, 2003.
HÉBERT, PIERRE ET RÉJEAN CHALOUX, Histoire de L'Union
théâtrale (1946-1988), Cahiers d'études littéraires et culturelles, 1991
GILBERT DAVID, Répertoire théâtral du Québec, Cahier
de théâtre Jeu, 1984