La main
est un outil fabuleux. Je bricole un peu et je constate, dans mon atelier, que
ça en prend, des outils, pour reproduire ce que la main peut faire! Les outils
développés permettent d'appliquer beaucoup plus de force, mais un geste à la
fois.
Capable
de dextérité fine, la main est reliée à un cerveau qui ajuste en temps réel les
mouvements, en plus de les enregistrer au point où ceux-ci s'expriment même en
mode réflexe.
Fascinant,
dirait Charles Tisseyre.
Si la
main est fascinante, son revers est plus grossier pas mal. À peu près aucune
dextérité et une délicatesse très relative au menu.
Je
pensais à la main, ce matin, en consultant les journaux du jour.
La main de
la maman, en cette fête des Mères, qui peut tout accomplir et tout réparer. La
main qui, par ses gestes, semble savoir et comprendre ce qu'il faut faire.
Et quand
une maman balaie un sujet du revers de la main, généralement, le débat est
clos.
Donc, en
lisant mes journaux du jour, je me disais ceci : en politique comme en
société, on a besoin de mains, pas tant de revers de main.
L'attrait
pour le revers
Je
lisais un compte-rendu du discours de Pierre Poilievre à Lévis. Poilievre est
un adepte incontesté du revers de la main. « On n'a pas besoin de propagande
libérale de gauche payée par les contribuables », s'exclame-t-il en
parlant de son intention de soustraire 1milliard de dollars de financement à
Radio-Canada.
Et les
gens applaudissent.
Le
revers de la main, c'est ça. C'est plaider la liberté totale de chaque
individu, quitte à insulter et dénigrer tous les autres. Dans ce cas, tous les
journalistes. D'ailleurs, Poilievre n'accorde pas d'entrevues. C'est annoncé au
départ. Aucune raison de parler à un menteur manipulé, non?
Ça me
fait peur.
Peur
parce qu'à force de varger comme ça, c'est le sens critique qu'on étouffe.
En même
temps, je peux comprendre que les gens soient attirés par ce qu'ils appellent
le « franc parler » des Trump et Poilievre. Je comprends qu'ils sont
tannés de l'autre revers de la main servi par tant d'autres politiciens qui,
depuis des décennies, répètent les mêmes phrases creuses pour se faire élire.
Ces politiciens qui, au nom de leur réélection, ont tant et tant « surfé »
sur la vague des sondages, laissant de côté la notion de plan de société
étoffé.
Ce qui
me fait dire que le dernier mandat gouvernemental vraiment utile et structuré
qu'on a eu, au Québec, remonte à 1976-1981.
Alors,
que les gens soient tannés, soit.
Mais au
point de ne pas faire de nuances par rapport aux affirmations grossières et aux
phrases choc répétées ad nauseam d'un Popilievre ou d'un Trump? Au point de ne
pas voir qu'il joue exactement la même carte des phrases choc sans autres
explications? Isssshhhhh...
Les
mains au pouvoir
Je
reviens à la main. Celle qui construit. Qui agit avec dextérité. Celle qui est
reliée à un cerveau capable de trier et de nuancer les décisions et les gestes
à poser.
L'ère
dans laquelle nous vivons est complexe. Une ère qui mérite bien mieux que de
grands coups de revers de main.
On ne
sait plus débattre au Canada. C'est probablement pire au Québec. S'arrêter à
des idées choc sans se soucier des conséquences qui découleront, c'est
dangereux. Plaider pour la liberté totale de chaque individu sans se soucier
des responsabilités que chacun a quand il vit en société, c'est dangereux.
Mais on
ne peut rien demander à Poilievre, le revers de sa main a balayé la table où
siégeaient les journalistes. Un revers de la main qui équivaut à dire :
« ce que je dis est vrai et vous devez me croire. Le reste n'est que
manipulation ou fake-news ».
Le
revers de la main balaie tout. Sans nuances.
Dans ce
cas, comme au sport, un revers n'est jamais un gain...
Clin
d'œil de la semaine
Poutine
est en guerre en Ukraine pour rétablir des libertés...