Je dois vous faire un aveu. Vers la fin de la semaine dernière,
j'ai totalement décroché de l'actualité québécoise. Je ne sais pas pour vous,
mais j'ai atteint mon point de saturation sur les actualités concernant la
COVID-19. Trudeau a-t-il été oui ou non trop lent à instaurer des mesures
strictes aux frontières pour les voyageurs ? La stratégie d'achat du vaccin du
gouvernement Trudeau est-elle la catastrophe décrite par ses opposants ?
Doit-on critiquer le gouvernement Legault pour son inaction à utiliser les
tests rapides ? Qu'en est-il de sa stratégie pour trouver et dépister les
variants ? Faut-il congédier le grand responsable de la campagne de vaccination ?
Doit-on ériger des barrages policiers entre les régions du Québec, entre le
Québec et les autres provinces ? Et tutti quanti...
Ma santé mentale en dépend, il faut m'aérer l'esprit avec d'autres
nouvelles. J'ai été chanceux, je suis tombé sur un fait politique majeur aux
États-Unis : La procédure de destitution de l'ancien président américain
Trump. Quel régal que d'assister en direct sur Fox News ou sur CNN à la
déliquescence publique de la société politique américaine ! Une société divisée
aux prises avec de graves problèmes de racisme et de droits civiques,
d'injustice sociale, de violence et de démocratie. Manifestement, les
États-Unis d'Amérique, notre voisin du sud, ne peut plus revendiquer le statut
de City of the Hill et de phare de la démocratie. Réflexions libres sur
les débats entourant la destitution du président-citoyen Trump.
Rappel des événements
Une grande démocratie tient ses élections en temps de pandémie.
Quatre ans plus tôt, cette démocratie avait élu un candidat atypique au profil
incertain qui avait promis de rendre à l'Amérique sa grandeur d'antan en
mettant en œuvre des politiques racistes, protectionnistes et
anti-environnementales. Donald Trump a vampirisé le parti républicain pour
arriver au bout de son ambition et à sa soif démesurée de besoin d'attention.
Cela a donné des résultats à l'avenant. Le personnage Trump a remodelé les
politiques intérieures à l'égard de l'immigration et de la protection des
frontières ouvrant ainsi toutes grandes les vannes à la prolifération de
groupes d'extrême droite se réclamant des suprémacistes blancs et à l'émergence
de groupes de résistance antifasciste liés à Black Live Maters. Un
endroit a toujours un envers. Les affrontements sanglants étaient inévitables
comme celui de Charlottesville en Virginie ou ceux de Portland en Orégon.
Sur le plan économique, les politiques trumpistes ont pavé la voie
à l'agrandissement des écarts entre les riches et les pauvres dans une société
déjà profondément inégalitaire par des politiques de réduction d'impôt
agressives à la faveur des riches. La misère s'est accrue parmi les communautés
noires et les classes moyennes. Trump a aussi renégocié tous les accords
commerciaux avec ses partenaires économiques comme le Canada et le Mexique et a
défendu des politiques protectionnistes. Il a connu un certain succès avec le
retour de certaines industries manufacturières, mais il a échoué à faire
revivre, comme il l'avait promis, les industries d'hier comme celle du charbon.
En matière de politique étrangère, les politiques de
l'ex-président Trump ont complètement redessiné la politique étrangère des
États-Unis d'Amérique faisant de ses alliés des ennemis et de ses ennemis des
amis avec la figure de dictateurs comme Kim Jong un de la Corée du Nord, de Vladimir
Poutine de Russie, de Jair Bolsonaro du Brésil, de Recep Tayyip Erdogan en
Turquie et de nombreux autres leaders d'extrême droite dans le monde.
Là où Trump s'est surpassé, c'est dans sa volonté de détruire les
institutions démocratiques américaines en commençant par les Fake Media
qui produisent des Fake news, les tribunaux et les institutions comme le
Congrès, le Sénat et les États. Sa croisade contre les résultats de l'élection
de novembre 2020 et le Big Lie des élections volées sont le diapason de
son œuvre. Cela s'est soldé par sa tentative ratée de coup d'État le 6 janvier
dernier au Capitole. Coup d'État qui a amené la Chambre des représentants à
prononcer un verdict d'impeachment, le second de son terme de président,
en janvier dernier. La semaine dernière, le procès a été tenu devant le Sénat.
Le citoyen Trump a peu de chances d'être condamné parce qu'il a sous son
emprise le parti républicain qui craint pour ses élections s'il lance ses
partisans contre eux dans le cadre des primaires républicaines pour désigner
les candidates et les candidats aux prochaines élections.
Le 6 janvier
2021
La journée du 6 janvier sera une date marquée au fer pour
l'histoire américaine. Une date aussi significative que celle du 11 septembre
2001. Le 6 janvier a donné lieu à des scènes de violence horrible au
Capitole. Des personnes sont décédées. Le président Trump n'a pas levé le petit
doigt pour mettre fin à cet épisode de violence. Aux yeux de l'histoire, il est
coupable d'avoir manqué à son serment d'office de défendre la constitution
américaine et de protéger la sécurité de ses citoyennes et de ses citoyens.
Tout au long de cette procédure de destitution, il a été possible de prendre la
mesure des manquements commis cette journée-là. La preuve contre les
agissements de l'ex-président Trump était accablante. Je vous fais grâce des
arguties juridiques des procureurs de l'ex-président concernant le 1er amendement
concernant la liberté d'expression ou la jurisprudence établie par la Cour
Suprême américaine en matière d'incitation à la violence. Tout cela ce n'est
que de la politique et des magouilles juridiques.
Ce qu'il faut retenir de cette procédure c'est le résultat 57
sénateurs dont sept républicains ont jugé Trump coupable alors que 43 autres l'ont
déclaré innocent. Pire encore, dans
les allocutions de clôture, le leader de la minorité républicaine, Mitch
McConnell a reconnu la culpabilité de Trump et a souhaité que soient engagées
contre lui des poursuites criminelles. Cela indique l'emprise de Trump sur le
parti républicain et son pouvoir que lui accorde le vote de 74 millions d'Américains.
C'est triste à mourir de voir la déliquescence sous nos yeux d'une grande
démocratie libérale.
L'avenir proche
Le nouveau président Joe Biden a beaucoup d'autres chats à
fouetter. Il doit aider à relever la société américaine de la pandémie laissée
en plan par son prédécesseur, remettre l'économie en marche, rétablir les
relations avec ses alliés, combattre les injustices sociales et économiques et
combattre les changements climatiques. Il est temps que notre voisin du sud
tourne la page sur cette page de son histoire et que ce pays se délivre de
l'emprise de Trump. Tournons la page sur le procès du psychopathe...