J'ai souvent écrit dans cette chronique que la pandémie dans
laquelle nous sommes plongés depuis presque deux ans permettait de faire
ressortir le meilleur et le pire de nous. Si l'on porte attention à l'actualité
que nous rapportent nos médias, il est possible de faire le même constat. Les
informations des dernières semaines en font la preuve. Regards sur l'actualité
récente.
Les catastrophes climatiques
Les inondations en Colombie-Britannique qui font les
manchettes véhiculent des images apocalyptiques révélatrices de l'avenir. Au
même moment, les pays réunis à Glasgow en Écosse dans le cadre de la COP26 sont
incapables de s'entendre pour prendre des mesures communes afin de freiner le
réchauffement climatique. C'est désolant. La vie humaine sur cette planète a
moins de valeur que les points d'une croissance économique de plus en plus
hasardeuse. Cela, sur une échelle d'un à dix, frise la note maximale attestant
de notre inconscience ou de notre cupidité.
La violence gratuite
Le débat fait rage sur les moyens qui devraient être mis en
place pour enrayer la contrebande d'armes illégales à nos frontières et des mesures
pour en limiter l'usage dans les rues de Montréal. Une troisième victime
innocente, un jeune montréalais de 16 ans, Thomas Trudel, a été lâchement
abattu dans le quartier Saint-Michel à Montréal dans des circonstances
nébuleuses où la gratuité de ce geste injustifié fait violence à notre
humanité.
La classe politique fait mine de s'en préoccuper, mais
personne n'a manifestement pas de solutions à cette brutalité criminelle issue
de la culture de gangstérisme américain. Jamais les frontières entre la culture
américaine et la nôtre ne sont apparues aussi poreuses. Ce qui est vrai pour la
violence dans les rues ne l'est pas moins dans nos universités où les enjeux
américains sont plaqués sur la réalité québécoise et canadienne sans nuances.
Faire des amalgames douteux sur le racisme américain et la xénophobie chez nous
c'est attristant. Je n'affirme pas que notre territoire soit exempt de
comportement raciste, mais la situation américaine et la nôtre c'est le jour et
la nuit. Il serait pertinent que nos intellectuels prennent la parole et
expliquent à tous notre histoire. Cela permettrait des nuances qui viendront
enrichir nos débats.
Violence gratuite, racisme, wokisme, insouciance, cupidité
et inégalités économiques sont en quelque sorte le pain et le beurre du pire
qui séjourne en nous. Heureusement qu'il y a aussi le meilleur qui côtoie notre
quotidien.
Les découvertes scientifiques et les avancées
de la science médicale
De nos jours, nous vivons en majorité beaucoup plus vieux
que nos grands-parents. Nous sommes aussi en bien meilleure santé. Un vieux
d'hier ne ressemble en rien à un vieux d'aujourd'hui. Cela comporte parfois des
conséquences inattendues, mais prévisibles comme l'explosion des coûts de notre
système de santé. N'empêche qu'il faut reconnaître que notre longévité accrue
est une avancée significative dans la vie des humains. Cela n'aurait pas été
possible sans la science et la capacité de nos chercheurs à trouver les causes
des maladies qui affligent le corps humain ainsi que les façons de les vaincre.
Le chemin de la connaissance et de l'expérimentation sont souvent tortueux,
mais il est clair que lorsque l'humanité se ligue ensemble pour contrer un
problème, elle réussit maintes fois à améliorer les choses.
Le cas le plus patent est la recherche et la création des
vaccins contre le coronavirus qui a provoqué la pandémie dans laquelle
l'humanité est plongée depuis 20 mois maintenant. Quoi que puisse en dire
les récalcitrants, les complotistes ou je ne sais qui encore, la découverte de
ce vaccin et son administration à une large fraction de notre population
témoignent de l'importance de la science dans nos vies et de ses effets
bénéfiques. Des avancées médicales sur notre longévité. Tout n'est pas parfait,
nos travers du pire viennent affecter notre capacité à vaincre le virus à
l'échelle de la planète. Les inégalités sociales et économiques ne
disparaissent pas comme par enchantement. Ce qui fait que celles-ci ont des portées
délétères sur notre habileté à vraiment endiguer cette pandémie.
Femmes, diversité et pouvoir
Si nous devons nous désoler à raison de la faible
participation de la population à notre processus démocratique, nous pouvons
tout de même nous réjouir de certains résultats qui sont issus de ces modes
imparfaits de gestion de nos enjeux collectifs. Les dernières élections
municipales sont un véritable vent de fraîcheur au Québec. Renouvellement de la
classe politique avec l'arrivée d'une nouvelle génération politique, présence
accrue de représentants provenant de la diversité, plus grande présence de
femmes. Autant de phénomènes qui sont réjouissants pour l'avenir. À Sherbrooke,
à titre d'exemple, une jeune formation politique, Sherbrooke citoyen, dirigé
par une jeune trentenaire, a réussi à récolter des résultats fort
encourageants. Les thèmes mis de l'avant sur la transparence, une plus grande participation,
la protection des espaces verts et du cadre bâti, un meilleur encadrement du
développement urbain, une gestion plus efficace et responsable et une croissance
économique plus compatible avec l'environnement sont porteurs d'avenir. Je suis
de ceux qui se réjouissent de la présence de nombreuses femmes au conseil
municipal. Je ne suis pas du tout choqué, contrairement à certains commentaires
formulés ici et là sur les réseaux sociaux, par la composition du comité exécutif
qui ne comprend que des femmes. L'important c'est d'être élu et compétent. Je
ne vois pas pourquoi ces dernières seraient moins compétentes que bien des
hommes qui ont joué dans ce film-là par le passé. Il faut aussi avoir la
largeur de vue et donner la chance à la coureuse... il faut aussi se réjouir de
l'arrivée au conseil municipal à Sherbrooke de représentants de la diversité.
C'est un élément de fierté supplémentaire pour cette ville.
Ce qui est vrai à Sherbrooke l'est aussi à Montréal, Québec,
Gatineau, Laval ou Longueuil. C'est une partie du meilleur de nous-mêmes qui
s'est exprimé dans le résultat des dernières élections municipales au Québec.
Ne boudons pas le plaisir de le reconnaître...
Noir et Blanc
Ces quelques commentaires devraient convaincre les plus
récalcitrants que le monde n'est ni noir ni blanc, mais qu'il est plutôt une
myriade de teintes de gris qui oscillent entre le clair et l'obscur, entre la
joie et la tristesse. Nous les humains somment de curieuses bêtes, éternellement
insatisfaites qui se complaisent très souvent dans les critiques superficielles
d'autrui et le colportage de ragots et d'idées reçues. Les réseaux sociaux en
fournissent un très bel exemple. Là aussi, on retrouve le meilleur et le pire
d'entre nous. Dans son traité sur Agricola,
Tacite l'illustre sénateur et historien romain, écrivait : « les chiens
jappent, mais la caravane passe ». Souhaitons que cette caravane puisse nous
aider à traverser les chemins de travers, en faisant fi des chiens qui aboient,
pour faire le tri entre le meilleur et le pire en nous.