Il faut
le reconnaître, la nouvelle mairesse de Sherbrooke, madame Évelyne Beaudin, a
plutôt bien réussie le début de son mandat. Après la gestion des itinérants sous
le pont Joffre, la réforme de la gouvernance et son premier budget, la nouvelle
mairesse peut se dire qu'elle a bien maîtrisé son entrée en scène. Il reste
néanmoins que de nombreux écueils se trouvent sur le long chemin de son mandat
à titre de mairesse de la Ville de Sherbrooke. Réflexions autour d'un début de
mandat.
Les bons coups
De
manière générale, Évelyne Beaudin a plutôt additionné les bons coups depuis son
arrivée. D'abord, elle a fait élire un bon contingent de son parti la menant à
une presque majorité.
Elle a
nommé rapidement un comité exécutif exclusivement féminin. Elle a aussi nommé
comme maire suppléant un représentant de la diversité. Cela fait du présent
conseil municipal un conseil plus représentatif de la diversité et de l'égalité
hommes-femmes de l'histoire de Sherbrooke.
Le
meilleur coup de madame Beaudin c'est certes la gestion du dossier du camp de
fortune des itinérants sous le pont Joffre. La nouvelle mairesse a réussi à
démanteler ce camp en étroite collaboration avec les organismes communautaires.
Cela a été réalisé sans drames et sans éclats de voix. Un dossier bien mené.
Un autre
bon coup de l'administration Beaudin c'est d'avoir fait preuve de cohérence
avec ses principes et ses prises de position antérieures dans les divers
dossiers qui se sont présentés à elle. Ce n'est pas rien d'être cohérent dans
la gestion des dossiers courants.
Enfin, on
doit aussi reconnaître à Évelyne Beaudin sa capacité à s'entourer d'une bonne
équipe. Les nominations qu'elle a faites à son cabinet sont solides et les gens
nommés semblent compétents si j'en crois les témoignages entendus.
Les coups discutables
Parmi les
actions posées par la nouvelle administration qui sont discutables, il y a le
bras de fer avec le CA de Valoris sur le prix de la tonne facturé à Sherbrooke
pour l'enfouissement des déchets produits sur son territoire. Valoris est un
dossier complexe. L'idée de valoriser le déchet est une idée attrayante, mais
qui demande des technologies avancées que nous n'avons pas ou qui ne sont pas
au point. Tant et si bien que cela a généré des coûts importants qui se sont
répercutés sur nos impôts fonciers. Les multiples tentatives de redressement
des budgets ne suffisent pas à réduire notre facture qui est au mieux le double
de ce que paient les municipalités du Québec pour enfouir leurs déchets. Nous
avons un bras dans le tordeur. Il faut se faire une idée et agir en
conséquence. Soit on poursuit l'aventure Valoris et on y consent l'argent
nécessaire soit on y met fin et on trouve une autre solution pour le traitement
de nos déchets solides. Madame Beaudin n'est pas responsable de cet état de
choses, mais elle devra trancher ce nœud gordien une fois pour toutes.
Un autre
dossier épineux, c'est celui du respect des règlements concernant le nombre de
mètres requis pour la protection des berges. Il y a là un équilibre délicat à
négocier entre ce qui est essentiel pour la protection des berges et les droits
acquis des citoyens. Un dossier difficile pour celles et ceux qui résident aux
abords de nos lacs et rivières.
Enfin, un
autre dossier délicat pour la nouvelle administration c'est celui du carré
Belvédère où les citoyennes et les citoyens s'opposent à la venue d'une
épicerie dans ce nouveau secteur voulant que celle-ci demeure à son emplacement
actuel. Un dossier particulier qui a vu le référendum prévu annulé et qui fait
l'objet d'une enquête. Un dossier important pour la nouvelle mairesse.
Les impôts fonciers
L'adoption
du budget avec une augmentation de l'impôt foncier pour une résidence moyenne
de 3 % est une grande réussite. Il est vrai que des arbitrages ont dû être
faits, mais d'une manière générale on peut apprécier à la fois les choix faits
et la façon dont ils ont été faits. En rendant publics les débats entre les
membres du conseil sur ces choix, nous sommes en mesure de mieux évaluer les
arguments des uns et des autres. Madame Beaudin a tenu parole sur la
transparence qu'elle jugeait essentielle à ce processus. De plus, on peut se réjouir
aussi de sa volonté de rendre prévisibles les augmentations futures de nos impôts
fonciers. Cela a pour effet de dépolitiser ce processus et de rendre plus
difficile la démagogie à propos des hausses de taxes. Qu'on le veuille ou non,
l'administration municipale vit une dépendance aux impôts fonciers et tant et
aussi longtemps que les villes ne disposeront pas de nouvelles sources de
revenus, nous sommes condamnés à des hausses continuelles. Cela crée aussi de
la pression provenant du développement qui est le seul outil d'une ville pour
accroître ses revenus. Ce qui met à mal les projets de préservation du
territoire.
Une rentrée réussie
Somme
toute, Évelyne Beaudin a réussi son entrée comme mairesse de la Ville de
Sherbrooke. Ce qui n'est pas rien et qui mérite d'être souligné. L'avenir lui
réserve de nombreux tests à son leadership. Pour ma part, j'ai hâte de voir
comment elle traitera les dossiers de développement économique de la ville de
Sherbrooke dans l'avenir prévisible. La crise climatique, la crise sanitaire et
la pénurie de main-d'œuvre créent un climat délétère pour notre développement.
Ça prendra de l'audace et de l'imagination pour trouver un chemin dans ce
contexte difficile. C'est là que nous verrons mis à l'épreuve le courage des
convictions de madame Évelyne Beaudin.