Le
centenaire
L'homme
est centenaire. Il habite la région de Stanstead. Et il joue aux quilles. Sur
une vidéo*, on le voit réussir un abat. Certes, l'homme n'a plus la souplesse
de ses 20 ans, mais quand même! Que celui qui se rend là et réussit un abat lui
lance la première pierre!
On
jasait, samedi. De choses et d'autres. Et c'est sorti comme ça :
« non, mais, on va se le dire, il en a vécu des affaires, ce monsieur-là!
Plus d'évolution qu'on ne va jamais en voir, nous! »
Ça se
peut. Ou pas.
Le
monsieur a connu les débuts de l'automobile, l'arrivée de l'électricité et de
l'eau courante. C'était bien avant que la cuisine au goût du jour ne devienne
un besoin essentiel à la survie quotidienne!
D'abord
techniques, les avancées sont devenues technologiques. Et le seront de plus en
plus.
La
question qui me vient en tête et qui ne trouve pas de réponse, c'est :
est-ce que ce sera de mieux en mieux ou de pis en pis?
Je vois
la question tourner dans ma tête avec le même sentiment que ce cercle qui n'en
finit plus de tourner sur lui-même à l'écran lorsque le bidule qu'on regarde
cherche à refaire son lien avec Internet : « ben voyons, c'est ben
long! »
Sauf
que, généralement, le lien avec Internet revient après quelques secondes (qui
ont paru des minutes tellement on est pressés, plus ou moins consciemment...). La
question, elle, tourne et tourne. Sans trouver de réponse. Et c'est
normal : la réponse, personne ne la connaît!
Est-ce
que ce sera mieux demain? Est-ce que c'est mieux depuis qu'on a vécu un
formidable gain de temps en achetant notre four à micro-ondes? Tous ces bidules
qui ont pour fonction de nous faire sauver un temps précieux, libérant ainsi
l'option d'un temps de qualité à investir ailleurs que dans de futiles gestes,
est-ce que ça marche?
Pas sûr.
L'autobus
Ce
matin, au gré d'une visite sur les médias sociaux, je croise un statut qui
montre une photo d'un autobus de transport en commun municipal dans les années
'70. « Ah! Le doux temps de ces merveilleuses machines! »
Dans les
années '70, je prenais la 38, la 36 ou la 39 pour aller et revenir à la maison.
Si la 38 était un véhicule récent, je savais que la 39 (mon plan C) allait me
procurer un mal de coeur tellement l'odeur du diésel était forte. Et ces
machines-là n'étaient pas pile à l'heure, les « transferts » au
centre-ville ne fonctionnaient pas toujours et ça prenait souvent un temps fou
pour se rendre d'un point A à un point B. Mais tout ça semble avoir été filtré
par ma boîte à souvenirs. Et je suis le premier à affirmer que « c'était
donc le bon temps, dans le temps! » Ce matin, en lisant le statut, j'avais
le goût de cliquer « j'adore ».
Les
souvenirs ont cette capacité de créer des repères rassurants. Ils viennent
redécorer la scène de ce qu'on a vécu pour retoucher les zones sombres et
enlever certains nuages.
C'est
sûrement ce qui fait de nos souvenirs autant de repères rassurants.
Le
centenaire et l'autobus
Notre
monsieur de presque 101 ans joue aux quilles. Et il fait des blagues, précise-t-on.
Il est actif.
Comme
s'il voulait démontrer que la douceur des souvenirs est rassurante, mais que le
passé ne doit pas remplacer le présent.
Pour le
futur, c'est moins simple. Les gestes d'aujourd'hui ont une influence certaine
sur demain, je sais bien.
Et je
sais bien aussi que, même si le souvenir des autobus est doux et ramène le
« bon temps » à nos esprits, ce ne sera jamais suffisant pour nous
convaincre de délaisser notre VUS.
Est-ce
que ce sera mieux demain?
Le
cercle tourne...
Clin d'œil
de la semaine
Dans mes
souvenirs d'enfance, les étés étaient longs et chauds et il ne pleuvait jamais...
*reportage
de La Tribune