Je me souviens de ce temps où Elon Musk lançait la marque de voitures Tesla.
À ce moment, il était même fier de partager les bases de technologie des
batteries alimentant ses bolides. Pour lui, il était clair qu'il fallait un
changement dans les façons de concevoir la motricité pour épargner la planète.
Un visionnaire, à ce moment !
Il est arrivé à mettre sur la route des voitures dépouillées de boutons et
de contrôles mécaniques. Ses voitures étaient branchées sur le Web et même
qualifiées d'intelligentes. Des voitures dont le dépouillement intérieur
rappelle la philosophie de développement des produits Apple : un design
hyper épuré, mais un réseau de produits connexes et complémentaires somme toute
hermétique. Un réseau qui fonctionne bien, en fait, que quand les bons
chargeurs sont branchés aux bonnes batteries et lorsque les bonnes applications
parlent aux bons ordinateurs...
Une révolution dans le milieu automobile. Une référence qui demeure, bien
que de plus en plus défiée par d'autres constructeurs importants.
Elon Musk était alors un génie. Presque autoproclamé, vous me direz, mais
quand même! Après tout, rares sont les développeurs agressifs atteints du
malaise de l'humilité!
Une fois ses pions placés sur le bitume, Musk a jeté un œil au ciel et a trouvé
qu'il y avait quelque chose à développer par en haut aussi. SpaceX est née.
Est arrivé aussi le moment où il a acheté Twitter. Le réseau est maintenant
appelé X. L'homme est fasciné par les X, il faut croire.
Il y a de grandes et extraordinaires choses à dire sur le parcours de
l'homme.
Mais, il semble bien que la tour de contrôle ait perdu le contact avec
l'homme ! Et que l'homme en a profité pour perdre le contact avec une réalité
qui, pourtant, lui était chère. Musk s'inscrivait comme un agent dynamique des
changements dans la société.
C'est moins le cas maintenant, disons-le ainsi.
Ce n'est pas une question d'être démocrate ou républicain.
C'est une question de décence.
Ou d'indécence. C'est selon.
C'est connu, l'argent procure un pouvoir à l'humain. Et trop de pouvoir sur
un même humain modifie ses perceptions, ses gestes, ses actions.
Trop de pouvoirs sur les épaules d'une seule et même personne, c'est
nécessairement mauvais. Le pouvoir de posséder un réseau de communication très
important; le pouvoir d'acheter tout ce qu'il veut, quand il le veut; le
pouvoir de conquérir l'espace... Bref, le pouvoir.
Ces temps-ci, Musk distribue les millions de dollars aux partisans de Trump.
Ils sont d'ailleurs devenus siamois, ces deux-là! Et Musk semble prêt à tout
pour que son ami soit élu.
Cette fois (et une fois que tout ce qu'on veut est acheté !), c'est le côté
grisant du pouvoir politique qui titille notre Elon. L'homme si ouvert et
progressiste est devenu une sorte d'ultraconservateur. C'est quand même un
virage assez marqué!
Il rêve de projecteurs nouveaux braqués sur lui. Il rêve de faire partie de
l'équipe (une équipe, pour vrai? Trump ne se soucie vraiment que de lui !) de
Trump.
Vu de loin, je me dis que cette amitié relativement nouvelle et qui n'a
jamais été autant assumée et affichée est improbable, certes, mais impossible
sur un moyen terme. Dis autrement, elle ne vivra pas si longtemps.
Trump est un narcissique fini qui ment pour se protéger. Il sait se rendre
inatteignable.
Musk est devenu étrange dans ses comportements. Un humain d'une richesse
incroyable qui pourrait acheter Trump et le revendre à crédit, comme le veut
l'expression. Musk et Trump ont des têtes dures desquelles la souplesse est
absente.
On verra bien ce que l'avenir réservera à ces deux messieurs spectaculaires
et partageant, pour des raisons différentes, une même spécification : ils
rêvent tous deux d'un pouvoir qui ne tolérera pas le partage.
Ça promet !
Clin d'œil de la semaine
Musk achète des votes républicains en argent
comptant. Et dire qu'on s'insurgeait, dans la période de grande noirceur du
Québec, du fait que Duplessis donnait des réfrigérateurs en retour de votes...