De nombreux chroniqueurs ont rappelé
les propos prononcés par Winston Churchill le 10 novembre 1942 à la suite de
la bataille d'El Alamein pour marquer le début au Québec du grand
déconfinement. Churchill, avec la dégaine qu'on lui connaît, avait
déclaré : « Ce n'est pas la fin. Ce n'est
même pas le commencement de la fin. Mais, c'est peut-être la fin du
commencement. » Cela décrit bien l'état d'esprit, le Zeitgeist, qui habite notre époque en lien avec la pandémie qui
nous a englués dans la déprime depuis mars 2020. Le gouvernement Legault a fait
son lit et il a donné son aval à la reprise de nos activités afin d'atteindre
une certaine normalité, mais non sans nous avertir qu'une quatrième vague est
toujours possible. Le point sur une époque bouleversée et bouleversante...
Le
déconfinement
On pouvait voir
la joie dans les reportages de milliers de Québécoises et de Québécois qui pouvaient
à nouveau voir des amis dans leur cour ou être attablés à une terrasse de
restaurant. Dès le premier jour, nous étions nombreux à célébrer nos
retrouvailles avec une certaine liberté. Cela se poursuivra au cours des
prochaines semaines avec la reprise des activités sportives, la réouverture des
restaurants, des gyms et tutti quanti. Pour les voyages à l'étranger, il faudra
encore attendre. Le gouvernement de Justin Trudeau avait été lent à fermer la
frontière au début de la pandémie, il semble être aussi lent à la rouvrir. Mais
au moins, l'une des mesures les plus liberticides, l'imposition d'un
couvre-feu, est abolie.
Parallèlement,
les autorités de santé publique préviennent qu'il est important de respecter
l'ordre de marche du déconfinement, car nous ne sommes pas à l'abri d'une
recrudescence de ce foutu virus de la Covid-19, personnifié aujourd'hui par le
variant indien, qui pourrait nous replonger dans nos cauchemars d'hier.
Décidément, les tenailles de l'idéologie sanitaire ne disparaitront pas de
sitôt. Il est pourtant une vérité que nous devrions comprendre, la vie n'est
pas sans risque et l'un de ceux avec lequel nous devrons apprendre à vivre
c'est la présence de ce virus, que l'on sait mortel, dans nos vies à partir de
maintenant. La pandémie va devenir une endémie et nous devons nous habituer à
sa présence en limitant les risques de contagion.
D'une
pandémie à une endémie...
Il faut faire appel au dictionnaire
pour bien comprendre la différence entre pandémie et endémie. Un état endémique
c'est une maladie qui sévit en permanence dans une population. Par exemple, le
paludisme est l'une des grandes
endémies des continents africain et asiatique. Une épidémie est pour sa part,
c'est ce que nous vivons depuis 15 mois, une maladie qui atteint simultanément
un grand nombre de personnes par contagion. Cette pandémie était mondiale. Dans
l'avenir prévisible, la pandémie du coronavirus deviendra endémique et nous
devrons apprendre à vivre avec la maladie. La progression de la vaccination sur
l'ensemble de la planète est le seul moyen pour éradiquer le virus à l'échelle
mondiale. Néanmoins, dans le circuit classique de la course entre variants et
vaccins, il est du domaine du possible que certaines souches soient plus résistantes
aux vaccins, ce qui commandera des modifications aux formules vaccinales. Dans
cette lutte entrecroisée de variants contre vaccins, il est plausible que nous
ne réussissons pas à éradiquer ce virus, d'où le fait que cela pourra devenir
une maladie endémique.
La
spectacularisation de l'information et la désinformation
Ce qui
est aussi une forte probabilité, c'est que le travers de nos médias
d'information à traiter les nouvelles concernant la pandémie dans le filtre de
la spectacularisation de l'information est là à demeure. La spectacularisation
des médias est un phénomène par lequel le traitement de l'information par les
médias cherche à trouver des coupables et à rechercher le fait anecdotique qui
prouve que nous ne sommes pas en contrôle de la situation tout en
personnalisant à outrance. On décrit cette pandémie comme un spectacle avec
gagnants et perdants avec ses héros, ses morts et ses mauvais coucheurs.
Par
ailleurs, le phénomène des médias sociaux où nombreux sont ceux qui peuvent avoir
leur minute de gloire en faisant leurs propres recherches demeurera comme un
élément permanent de notre univers médiatique. La désinformation, les théories
du complot, les fausses nouvelles seront encore le pain et le beurre de ces
gens incultes et incapables de raisonnement. Cela s'amplifie par la difficulté
pour la science de vulgariser même si l'on doit saluer l'effort soutenu de nos
scientifiques qui ont fait un travail remarquable au cours de la dernière
année. Nonobstant leurs mérites, la parole scientifique ne peut être immunisée
contre l'évolution de ses connaissances qui font que parfois la science se
dédit, se contredit ou demeure vague et imprécise. Rien n'est moins
scientifique que choisir entre le noir et le blanc.
La
légitimité de nos gouvernants
Au
cours de la dernière année, le gouvernement Legault a fait un travail admirable
pour gérer cette pandémie. On peut bien vouloir trouver des poux à ce
gouvernement, mais on doit admettre d'après plus de 80 % des gens comme
l'atteste le sondage de Léger sur cette question, que François Legault a su
tenir la barre de notre bateau qui naviguait à vue dans un océan trouble et
infesté de virus mortel. François Legault s'est montré sous le jour d'un grand
timonier et nous devons l'en remercier. On a peine à imaginer l'ampleur de la
difficulté pour un gouvernement de gérer une telle crise. Justin Trudeau a
aussi fait un travail digne de mention. Sa volonté de mettre de côté les enjeux
budgétaires pour venir en aide aux familles canadiennes, sa capacité de
naviguer dans les eaux troubles de la diplomatie internationale et des empires
pharmaceutiques pour assurer notre approvisionnement en quantité suffisante de
vaccins et sa gestion de la frontière auront contribué à nous aider dans notre
lutte collective contre cette pandémie.
J'ai
souvent écrit sur ce sujet qu'il fallait faire confiance en nos gouvernements.
Je crois que j'ai eu raison de miser sur la légitimité de nos gouvernements et
sur leur volonté de préserver nos vies. On pourra toujours chiquer la guenille
plus tard et faire de la politique partisane, mais pour le moment, il faut
saluer nos gouvernements pour leur bon travail.
Les
vrais héros
Les
héros dans cette histoire c'est bien entendu le personnel de notre réseau de la
santé, les travailleuses et les travailleurs qui ont assuré le maintien de
l'essentiel de nos vies notamment pour nous approvisionner, mais les vrais
héros de l'histoire ce sont tous les Québécoises et tous les Québécois qui ont
respecté chaque jour les consignes de la santé publique et même s'ils ont
parfois rechigné se sont soumis de bonne grâce à toutes ces limitations à nos
libertés ordinaires. Cela nous a permis de constater que dans toute société, il
y a toujours une minorité qui respecte seulement ses propres besoins. Ces gens
ont trop souvent occupé l'avant-plan de l'actualité médiatique. Les médias ont
fait fausse route en privilégiant leurs histoires. La vraie histoire qu'ils auraient
dû nous raconter c'est la nôtre. Celle des gens ordinaires comme vous et moi
qui se sont pliés à respecter les consignes de la santé publique. C'est à cause
de vous, de nous tous, que nous en sommes aujourd'hui à la fin du commencement...