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Justin au pays des élections

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 21 juillet 2021

Nos libertés les plus communes à peine retrouvées, voici que nous sommes plongés dans un climat d'effervescence électoral qui devrait nous accompagner tout au long de la prochaine année. Il y a d'abord cette rumeur persistante d'une élection au parlement fédéral qui devrait être déclenchée à la fin août pour un vote en septembre ou au début octobre. Puis, novembre sera le mois des élections municipales au Québec. De grandes villes susciteront notre intérêt comme Montréal, Québec, Longueuil, Laval, Gatineau, Trois-Rivières, Saguenay et Sherbrooke. Puis en octobre 2022, le gouvernement du Québec renouvellera son personnel politique lors d'une élection générale.

Cela signifie que d'ici les quinze prochains mois, nous serons abondamment sollicités par des femmes et des hommes qui réclameront notre confiance pour l'un ou l'autre des postes électifs qui seront en cause à l'un ou l'autre des paliers qui balisent notre vie démocratique. Commentaires libres en marge des grandes manœuvres électorales post-pandémiques.

La démocratie mise à mal...

La démocratie est mal en point dans la plupart des juridictions dans le monde et tout particulièrement en Occident. Le populisme a fait des ravages et l'accroissement des inégalités économiques dans le monde ainsi que l'émergence de nouveaux phénomènes dans le sillage de la pratique des médias sociaux a contribué à une critique plus acerbe des élites et des institutions. Le contexte de restrictions des libertés dans le combat de la pandémie, libertés que nous pensions éternelles et immuables, n'a pas aidé à réconcilier les élites, les institutions et la majeure partie de la population. Il n'est pas exagéré de constater une crise de confiance profonde dans les démocraties occidentales. Une crise de confiance qui doit peu à peu se résorber par l'exercice de notre droit de vote. C'est pourquoi j'estime que les prochains mois seront cruciaux pour nous afin de rétablir notre confiance collective dans nos institutions et dans le processus démocratique.

La tâche ne sera pas facile. Tant le gouvernement de Justin Trudeau que celui de François Legault, pour ne prendre que des exemples les plus probants près de nous, ont rompu leur promesse de réformer en profondeur le mode de scrutin afin de donner une voix plus équitable à toutes les options présentes dans la société canadienne et québécoise. Encore que la réforme du mode de scrutin ne soit pas la panacée que certains portent aux nues des meilleures pratiques démocratiques. Le problème est plus vaste.

De nombreux problèmes se dressent devant nous...

Au premier rang des réformes à faire, il y a l'omnipuissance du pouvoir exécutif sur le pouvoir législatif. Dans la société canadienne, et cela est pareil au Québec, le premier ministre élu a tous les pouvoirs et il manque de garde-fous démocratiques. Bien sûr, il y a les groupes de pression, les médias, mais bien souvent cela n'est pas suffisant pour que toutes les voix se fassent entendre. Cela nourrit le bris de confiance entre le peuple et son gouvernement.

Autre problème majeur de nos démocraties, c'est le traitement des nouvelles par les médias d'information. Nous en sommes à l'ère du spectaculaire, de l'inédit et des manchettes accrocheuses où le scandale d'hier est chassé par celui du jour. Cela s'explique vraisemblablement par la féodalisation de l'espace public par les pouvoirs économiques qui viennent trahir l'idée même d'un espace public accessible à toutes et à tous. Cela a pour effet de vassaliser une opinion publique qui vacille dans la tourmente des effets de toge et les demi-vérités.

Enfin, on ne peut passer sous silence l'égoïsme social qui caractérise les sociétés modernes qui sont les nôtres. Trop souvent, le vouloir-vivre ensemble est relégué au second plan de nos intérêts personnels. Nous ne souhaitons plus une société plus juste, plus égalitaire, mais une société qui répond à nos besoins individuels. C'est un peu le résultat d'une société de consommation qui n'hésite pas à brûler ses petits pour s'assurer d'un confort somme tout relatif.

C'est dans ce contexte particulier du début du 21e siècle que des femmes et des hommes solliciteront notre confiance pour nous représenter et pour chercher à faire advenir le bien commun dans une atmosphère délétère. Le premier à se prêter au jeu et qui cherchera à rétablir la confiance du peuple envers son gouvernement sera le chef du Parti libéral du Canada et premier ministre, Justin Trudeau. La responsabilité qui lui incombe est lourde de sens pour la suite des choses.

L'enjeu du prochain scrutin fédéral

Le premier ministre Justin Trudeau n'a pas démérité et il a fait plutôt honneur à ses responsabilités de chef d'État. Il a géré avec efficacité la grave crise pandémique dans lequel le pays et le monde ont été brusquement plongés en mars 2020. Il a su mettre au premier rang de ses priorités le bien-être des Canadiennes et des Canadiens. Il s'est assuré que tous puissent faire face à leurs obligations dans un contexte de crise économique. On peut dire qu'il a réussi son pari. Sur le plan de la gestion proprement dite de la pandémie, il a fait au mieux pour s'assurer que le Canada ait accès aux équipements nécessaires et il a réussi son pari d'obtenir des vaccins qui sont le seul passeport pour que nous retrouvions nos libertés et la vie d'avant. Bien sûr, les commentateurs peuvent faire les fines bouches et décréter du haut de leur savoir que le gouvernement du Canada aurait pu mieux gérer les frontières. À l'impossible nul n'est tenu et dans les circonstances, je suis de ceux qui croient que le gouvernement Trudeau et celui du Québec ont géré efficacement cette crise. La pandémie n'est pas terminée, elle est loin de l'être à l'échelle de la planète, mais on peut se réjouir que le Québec et le Canada soient en excellente position pour la suite des choses. Justin Trudeau y est pour quelque chose. Et il a le droit de s'en faire une gloire.

Malheureusement pour Justin Trudeau, les gens ne votent pas pour ce qu'ils ont obtenu, mais plutôt pour ce qu'ils veulent obtenir. Ainsi, au programme, il y aura ces questions sur les changements climatiques. Les cataclysmes se multiplient et l'action n'est pas aussi énergique que la situation le commande. Il y a aussi toute cette question de la réconciliation avec les peuples autochtones de ce pays. Il est clair que le Canada a cherché à assimiler ces populations et à chercher à les faire disparaître si ce n'est pas physiquement c'est tout au moins culturellement. La question de la discrimination systémique envers les représentants des peuples autochtones ne fait plus débat. Ce qui fait débat ce sont les mesures à mettre en place pour réparer les torts causés et les répercussions de ces changements potentiels sur la majorité de la population.

Outre les changements climatiques, la réconciliation avec les peuples des Premières Nations, Justin Trudeau devrait nous proposer un plan d'action clair et réaliste pour la relance des activités économiques au pays. La question de l'équilibre des finances publiques ne pourra pas éternellement être ignorée. Enfin, il y a toujours au Canada la question sensible du Québec et de sa reconnaissance comme nation. Ce qui fait une assiette pleine à monsieur Justin Trudeau à la veille d'une élection. On verra alors comment se débrouille notre Justin au pays des élections...



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