Nos libertés les plus communes à peine retrouvées, voici que
nous sommes plongés dans un climat d'effervescence électoral qui devrait nous
accompagner tout au long de la prochaine année. Il y a d'abord cette rumeur
persistante d'une élection au parlement fédéral qui devrait être déclenchée à
la fin août pour un vote en septembre ou au début octobre. Puis, novembre sera
le mois des élections municipales au Québec. De grandes villes susciteront
notre intérêt comme Montréal, Québec, Longueuil, Laval, Gatineau,
Trois-Rivières, Saguenay et Sherbrooke. Puis en octobre 2022, le gouvernement
du Québec renouvellera son personnel politique lors d'une élection générale.
Cela signifie que d'ici les quinze prochains mois, nous
serons abondamment sollicités par des femmes et des hommes qui réclameront
notre confiance pour l'un ou l'autre des postes électifs qui seront en cause à
l'un ou l'autre des paliers qui balisent notre vie démocratique. Commentaires
libres en marge des grandes manœuvres électorales post-pandémiques.
La démocratie mise à mal...
La démocratie est mal en point dans la plupart des
juridictions dans le monde et tout particulièrement en Occident. Le populisme a
fait des ravages et l'accroissement des inégalités économiques dans le monde
ainsi que l'émergence de nouveaux phénomènes dans le sillage de la pratique des
médias sociaux a contribué à une critique plus acerbe des élites et des
institutions. Le contexte de restrictions des libertés dans le combat de la
pandémie, libertés que nous pensions éternelles et immuables, n'a pas aidé à
réconcilier les élites, les institutions et la majeure partie de la population.
Il n'est pas exagéré de constater une crise de confiance profonde dans les
démocraties occidentales. Une crise de confiance qui doit peu à peu se résorber
par l'exercice de notre droit de vote. C'est pourquoi j'estime que les
prochains mois seront cruciaux pour nous afin de rétablir notre confiance
collective dans nos institutions et dans le processus démocratique.
La tâche ne sera pas facile. Tant le gouvernement de Justin
Trudeau que celui de François Legault, pour ne prendre que des exemples les
plus probants près de nous, ont rompu leur promesse de réformer en profondeur
le mode de scrutin afin de donner une voix plus équitable à toutes les options
présentes dans la société canadienne et québécoise. Encore que la réforme du
mode de scrutin ne soit pas la panacée que certains portent aux nues des
meilleures pratiques démocratiques. Le problème est plus vaste.
De nombreux problèmes se dressent
devant nous...
Au premier rang des réformes à faire, il y a l'omnipuissance
du pouvoir exécutif sur le pouvoir législatif. Dans la société canadienne, et cela
est pareil au Québec, le premier ministre élu a tous les pouvoirs et il manque
de garde-fous démocratiques. Bien sûr, il y a les groupes de pression, les médias,
mais bien souvent cela n'est pas suffisant pour que toutes les voix se fassent
entendre. Cela nourrit le bris de confiance entre le peuple et son
gouvernement.
Autre problème majeur de nos démocraties, c'est le
traitement des nouvelles par les médias d'information. Nous en sommes à l'ère
du spectaculaire, de l'inédit et des manchettes accrocheuses où le scandale
d'hier est chassé par celui du jour. Cela s'explique vraisemblablement par la
féodalisation de l'espace public par les pouvoirs économiques qui viennent
trahir l'idée même d'un espace public accessible à toutes et à tous. Cela a
pour effet de vassaliser une opinion publique qui vacille dans la tourmente des
effets de toge et les demi-vérités.
Enfin, on ne peut passer sous silence l'égoïsme social qui
caractérise les sociétés modernes qui sont les nôtres. Trop souvent, le vouloir-vivre
ensemble est relégué au second plan de nos intérêts personnels. Nous ne
souhaitons plus une société plus juste, plus égalitaire, mais une société qui
répond à nos besoins individuels. C'est un peu le résultat d'une société de consommation
qui n'hésite pas à brûler ses petits pour s'assurer d'un confort somme tout
relatif.
C'est dans ce contexte particulier du début du 21e siècle
que des femmes et des hommes solliciteront notre confiance pour nous
représenter et pour chercher à faire advenir le bien commun dans une atmosphère
délétère. Le premier à se prêter au jeu et qui cherchera à rétablir la
confiance du peuple envers son gouvernement sera le chef du Parti libéral du
Canada et premier ministre, Justin Trudeau. La responsabilité qui lui incombe
est lourde de sens pour la suite des choses.
L'enjeu du prochain scrutin fédéral
Le premier ministre Justin Trudeau n'a pas démérité et il a
fait plutôt honneur à ses responsabilités de chef d'État. Il a géré avec
efficacité la grave crise pandémique dans lequel le pays et le monde ont été
brusquement plongés en mars 2020. Il a su mettre au premier rang de ses
priorités le bien-être des Canadiennes et des Canadiens. Il s'est assuré que
tous puissent faire face à leurs obligations dans un contexte de crise
économique. On peut dire qu'il a réussi son pari. Sur le plan de la gestion
proprement dite de la pandémie, il a fait au mieux pour s'assurer que le Canada
ait accès aux équipements nécessaires et il a réussi son pari d'obtenir des
vaccins qui sont le seul passeport pour que nous retrouvions nos libertés et la
vie d'avant. Bien sûr, les commentateurs peuvent faire les fines bouches et
décréter du haut de leur savoir que le gouvernement du Canada aurait pu mieux
gérer les frontières. À l'impossible nul n'est tenu et dans les circonstances,
je suis de ceux qui croient que le gouvernement Trudeau et celui du Québec ont
géré efficacement cette crise. La pandémie n'est pas terminée, elle est loin de
l'être à l'échelle de la planète, mais on peut se réjouir que le Québec et le
Canada soient en excellente position pour la suite des choses. Justin Trudeau y
est pour quelque chose. Et il a le droit de s'en faire une gloire.
Malheureusement pour Justin Trudeau, les gens ne votent pas
pour ce qu'ils ont obtenu, mais plutôt pour ce qu'ils veulent obtenir. Ainsi,
au programme, il y aura ces questions sur les changements climatiques. Les
cataclysmes se multiplient et l'action n'est pas aussi énergique que la
situation le commande. Il y a aussi toute cette question de la réconciliation
avec les peuples autochtones de ce pays. Il est clair que le Canada a cherché à
assimiler ces populations et à chercher à les faire disparaître si ce n'est pas
physiquement c'est tout au moins culturellement. La question de la
discrimination systémique envers les représentants des peuples autochtones ne
fait plus débat. Ce qui fait débat ce sont les mesures à mettre en place pour
réparer les torts causés et les répercussions de ces changements potentiels sur
la majorité de la population.
Outre les changements climatiques, la réconciliation avec
les peuples des Premières Nations, Justin Trudeau devrait nous proposer un plan
d'action clair et réaliste pour la relance des activités économiques au pays.
La question de l'équilibre des finances publiques ne pourra pas éternellement
être ignorée. Enfin, il y a toujours au Canada la question sensible du Québec
et de sa reconnaissance comme nation. Ce qui fait une assiette pleine à
monsieur Justin Trudeau à la veille d'une élection. On verra alors comment se
débrouille notre Justin au pays des élections...