J'ai toujours eu du mal avec ça. Tourner la page. Débuter un nouveau chapitre. C'est stimulant, motivant et déchirant à la fois. C'est tout un amalgame d'émotions qui s'entremêlent. Plus jeune, j'étais incapable de regarder des étrangers au loin, dans une gare, se dire au revoir; ça me chamboulait trop ... (Et oui, mes réactions étaient un peu intenses, juste un peu, que voulez-vous ? ... rires.)
Pour être capable de dire au revoir... il faut savoir oser. Oser sauter à pieds joints vers l'inconnu. Oser reconnaître que le confort peut devenir inconfortable. Oser s'écouter et prendre des décisions qui sembleront parfois illogiques pour l'entourage.
C'est ce à quoi j'ai pensé ce week-end lorsque j'ai croisé le regard de plusieurs diplômés à la collation des grades. Je me suis rappelé l'état d'esprit qui m'habitait lorsque j'étais dans leurs bottines. J'avais tellement hâte d'intégrer le marché du travail et de réaliser des projets qui allaient m'allumer. Mais lorsque j'ai franchi la ligne d'arrivée, j'ai subitement eu envie de refaire le trajet, en sens inverse, de reculons. Le marché du travail ressemblait à un océan immense, sans île pour s'y repérer. C'est comme si le sentiment de fierté qui m'engourdissait les orteils cohabitait aussi avec le deuil de la fin et la peur de l'inconnu.
En y réfléchissant bien, j'ai toujours été comme ça. Je me rappelle à l'école primaire, j'avais tellement hâte aux vacances d'été durant l'année scolaire. Enfinnnnn, les devoirs et les examens seraient choses du passé et vite oubliés. Mais lorsque le son de la dernière cloche de l'année retentissait, j'avais le cœur qui se serrait dans ma poitrine. Je réalisais que, pour quelques mois, je laissais derrière mes amis et mon « kick »... que je n'avais pas eu le courage d'aborder durant les centaines de récrés.
Je repense à ce vague à l'âme passager qui m'habite chaque fois que je prends l'avion pour rentrer à la maison. La tête pleine de souvenirs et le baluchon débordant d'expériences nouvelles d'un voyage qui n'a pas duré assez longtemps. (Disons que les tâches ménagères qui suivent sont comment dire... plus laborieuses (rires)).
C'est la même chose en amour. La journée où tu choisis de quitter ton partenaire ... Même si c'est ta décision, même si tu sais que ton quotidien sera plus lumineux par la suite, c'est douloureux. Accepter de laisser partir quelqu'un qui retient son souffle un peu trop longtemps avant de s'envoler. Changer d'emploi, déménager, laisser partir des inconnus qui portaient l'étiquette « ami» jadis ... Ce n'est pas facile de dire au revoir !
C'est confrontant au début, mais le cheminement pour y arriver est tellement bénéfique. C'est difficile de se tromper lorsque l'on prend le temps de s'écouter et que l'on choisit avec ses tripes, avec son cœur. Chacun de ces changements m'a permis d'avancer et de toucher un peu plus chaque jour au bonheur.
Et si jamais je réalise que je me suis trompée? Je me suis posée cette question tellement souvent ! Je tente maintenant de me remémorer qu'une décision n'est pas fatale.
C'est donc le coeur serré mais fier que je vous dis au revoir, lecteurs d'Estrieplus.com.
Et oui, il y a un an déjà, je rédigeais ma première chronique qui curieusement portait sur la collation des grades (j'en entends déjà se dire qu'il n'y a pas de hasard, que des rendez-vous). Ils n'ont pas tort et ces prochains rendez-vous seront tout aussi stimulants.
N'empêche que coucher mes mots et mes émotions, qui parfois restaient coincés dans ma gorge mais coulaient si aisément sur ce papier virtuel, m'ont fait le plus grand bien.
Comme la grisaille des derniers jours, j'aurais envie de vous arroser d'une pluie de remerciements. Merci d'avoir pris le temps de me lire, de réagir et de partager mes articles.
Merci à l'équipe d'Estrieplus.com pour la confiance !
Après tout, comme il est mentionné dans la célèbre ritournelle Auld Lang Syne : ce n'est qu'un au revoirrrrr ...
xxx
Isabelle Perron