La
semaine dernière, je vous parlais du jeu. De l'essentiel jeu. Celui qui permet
l'évasion du quotidien, l'ouverture de l'imaginaire, le contournement de bien
des difficultés.
Jouer,
pour un enfant, me semble un réflexe inné. Pas acquis. À preuve, malgré que lui
ou ses parents n'aient pas accès à ces dizaines de livres sur l'importance de
l'encadrement de l'éveil de l'enfant par des jeux bien choisis, un enfant
démuni jouera quand même. Il aura le
réflexe inné de s'inventer des mondes. Parfois pour se protéger de celui qui
est le sien. Parfois, simplement pour l'agrémenter.
Jouer
est une activité saine et régénératrice, disais-je aussi.
Pourtant,
la pluie de ces qualités liées au fait de jouer n'arrive pas toujours à
hydrater nos vies adolescentes et/ou adultes. À un moment donné, plusieurs
arrêtent de jouer. Simplement. Bêtement...
Mais à
partir de quand arrête-t-on de jouer, si c'est un réflexe inné?
Quand on
commence à se projeter un peu trop, je dirais.
Quand on
se laisse influencer, même si on est ado, par les images véhiculées via les
médias sociaux et les exemples des gens autour de nous.
Je parle
de projection parce que j'ai l'impression qu'on finit par croire que le jeu vient
avec une mise en scène serrée et, nécessairement, coûteuse. Trop pour bien des
gens.
On a
beau être faits fort, pour reprendre l'expression consacrée, il n'en demeure
pas moins qu'on se compare. Qu'on compare notre quotidien avec ce qui meuble
les statuts Facebook de nos amis.
« Comment
arriverais-je à jouer si je n'ai pas les mêmes accès qu'ils ont? »
« Quand
j'aurai les moyens, je jouerai. J'aurai du plaisir. Pour le moment, je continue
à bosser dur en tentant de ne pas tuer l'espoir qu'un jour, peut-être... »
Le jeu,
pourtant, c'est comme les partys improvisés : c'est souvent ceux qui sont
le moins organisés, les moins planifiés, les moins outillés, qui créent les
meilleurs moments. Puis, les meilleurs souvenirs.
Vous
savez, ces souvenirs qui deviennent autant de refuges précieux et rassurants?
Se
projeter constamment vers l'avant en se disant qu'"un jour, peut-être",
c'est un tue-monde.
Se
comparer peut devenir un frein assez puissant pour empêcher complètement notre
vie d'avancer, peu importe la poussée qu'elle reçoit de l'extérieur.
La
projection et la comparaison sont deux éléments qui viennent tuer l'essentielle
naïveté. Pas la naïveté un peu conne qui nous isole, nenon, celle qui dédouane
nos gestes, permet le rire, considère le moment présent pour ce qu'on décide
qu'il est!
Autant
la projection peut être un élément de motivation, autant elle peut être un
éteignoir très efficace.
À nous
d'en prendre le contrôle. D'enseigner aux plus jeunes à en prendre le contrôle.
Une vie
sans jouer est une vie triste.
Si on
encadre à ce point le jeu qu'on en bloque l'accès à bien des gens, la mission
est un flop.
La
simplicité volontaire devrait peut-être commencer dans le jeu.
Le jeu
qui est un agent d'équilibre mental très efficace qui ne peut être réservé qu'à
certains...
Clin
d'œil de la semaine
Les jeux
de hasard impliquant de l'argent n'ont rien d'un jeu...