Dès l'école primaire, Valérie se voyait différente des autres enfants qui l'entouraient. Elle se posait beaucoup de questions et refoulait ses émotions, parce qu'on ne lui avait jamais appris à les gérer. Éprouvant de la difficulté à accepter son homosexualité, elle essayait tant bien que mal de se « ranger » dans un moule la rendant de plus en plus malade; elle tenta de s'enlever la vie à plusieurs reprises. Réprimant son côté artistique, allant à contre-courant de sa nature véritable, elle fit un jour le rêve d'une peinture. Une toile rouge avec la lettre « R » en bleu. Le lendemain matin, elle se précipita au magasin avec le besoin vital de concrétiser cette vision. Elle se questionna sur la signification de la lettre « R », et en vint à la conclusion que cette lettre était l'une des composantes du mot « être ». Elle acheta quatre toiles, où elle peintura chacune des lettres du mot « être ». Ce fut le début d'une longue investigation sur la signification de ce terme. Que veut dire « être »? Être aligné avec sa vérité? Respirer? Écouter sa voix intérieure? Être soi-même... Voilà la réponse de Valérie Whissell. « It's ok », d'être soi-même... Après ses nombreuses difficultés, Valérie fonde « It's ok project », qui la fait grandir à travers l'acceptation d'elle-même. Elle veut répandre cette vibration d'amour dans son témoignage, qu'elle livre aux gens en toute authenticité. Elle est maintenant poussée par un courant naturel, qui l'amène à vouloir répandre son message sur le continent européen...
Un passé difficile
Valérie Whissell a longtemps voulu s'enlever la vie, croyant sincèrement que ce serait mieux ainsi pour tout le monde. Elle ressentait une grande intensité à l'intérieur d'elle-même qu'elle n'avait pas appris à canaliser de façon appropriée. « J'étais tellement intense émotivement... Je passais mes journées enfermées à dormir chez moi. J'attendais que la mort vienne me chercher. Je ne voulais plus être ici... » Même si Valérie savait foncièrement être une artiste, elle se refusait à cette vie à cause du discours populaire. « Je ne voulais pas manger des croûtes de pain toute ma vie, et « rusher » financièrement... J'ai essayé d'emprunter le moule jusque dans la vingtaine, mais j'allais complètement à l'opposé de ma nature véritable. J'étais déséquilibrée et mal dans ma peau. »
Son rêve et son expressivité artistique
Suite à son rêve, Valérie commence à s'exprimer à travers les arts. En 2012, elle peint les toiles « Ê-T-R-E », et chemine à travers celles-ci. « Mes repères et mes idoles étaient Pollock et Basquiat. Je me retrouvais dans leur intensité, mais je ne souhaitais pas souffrir comme eux. Je pensais qu'être artiste, ça voulait dire souffrir à cause de mon hypersensibilité. » Sa démarche artistique l'a donc aidé à réaliser que pour elle, l'art était un moyen de guérison, et non de destruction. Elle a réussi à canaliser ses années de noirceur par la peinture, elle désirait cependant transmettre un autre message. « Lorsque j'ai fait mon exposition au Art Focus, un gars a vu l'une de mes toiles, ayant pour titre « I feel in love with the death ». Il voulait me l'acheter, mais elle n'était pas à vendre. J'imaginais cette peinture dans le salon d'un inconnu, et je n'étais pas bien du tout avec cette idée. Alors je me suis mise à réfléchir : « Est-ce vraiment cette énergie que je veux propager? Non. Je suis responsable de l'énergie dont je m'entoure, et je suis tout aussi responsable de l'énergie que je diffuse. Ces toiles m'ont permis de traverser ma noirceur, mais maintenant, c'est terminé. Je ne souhaite plus poursuivre dans cette direction... »
« It's ok project »
Tout a démarré lorsqu'elle travaillait dans un cinéma à Québec : mal de vivre, dévalorisation face à son travail, questionnements sur le monde, etc. Chaque jour, elle s'écrivait sur le poignet « it's ok ». « Je ne sais pas d'où cette pensée provenait... probablement de la vie! Il y a quelque chose qui me disait : « Accroche-toi au positif! » À un moment donné, je me suis fait tatouer « it's ok » sur le poignet, pour ne jamais l'oublier. Depuis ce jour, j'évolue avec cette petite phrase, qui me permet d'avancer d'une façon incroyable... »
Valérie s'est maintenant dirigée vers l'art utilitaire. Elle inscrit le logo « it's ok » sur des chandails, des cartes de souhaits, des tattoos (qu'on peut effacer) et se promène à travers les festivals pour aider les autres à travers le témoignage de sa vie. « Ça me permet d'avoir des discussions riches sur des sujets comme l'acceptation de soi, la santé mentale, et plus encore. L'idée, ce n'est pas de dire que tout est toujours « OK ». On vit tous des difficultés, mais comment fait-on pour s'en sortir? Quand tu partages ton histoire, tu prends conscience qu'on est tous connectés, et qu'au fond, on vit tous des choses similaires à un moment ou l'autre de notre vie. »
En 2014, Valérie Whissell a fait le lancement de « it's ok project » avec Jeunes Volontaires au Art Focus du centre-ville de Sherbrooke. Depuis ce temps, plusieurs portes s'ouvrent. Dans le mois de janvier 2016, elle débutera un projet à l'école secondaire de Bromptonville, où elle partagera la vibe « it's ok ». Elle souhaite parler de son expérience personnelle, sur des sujets tels que la mutilation et l'homosexualité. Elle fera aussi un témoignage à l'organisme Élixir au mois de février.
« Récemment, un psychologue m'a acheté pour 20 $ de tattoos, afin de les distribuer à ses clients. Je revois la fille que j'étais à 13 ans, lorsque je consultais un psychologue. À cette époque, je m'étais dit : « Je connais la sensation d'être mal dans sa peau, et un jour, je vais aider les autres comme lui. Lorsque ce psychologue a fait ce geste, j'ai ressenti une grande gratitude envers la vie... Merci la vie! »
« It's ok project »... en Europe!
Valérie Whissell lancera officiellement sa campagne de financement la première semaine de janvier 2016. Elle veut amasser des fonds pour aller répandre « it's ok project » sur le continent européen. « Je voudrais documenter mon projet, afin de capter les moments que je vais vivre. Je veux montrer cette magie-là, et dire aux jeunes et aux moins jeunes « It's ok to live your dreams, it's ok to be your own hero. » Cette phrase, « Be your own hero », elle la répétait souvent lorsqu'elle était en dépression, sur une liste d'attente au CLSC parce qu'elle voulait mettre fin à ses jours. Elle vend maintenant des chandails affichant cette phrase-clé qui l'a aidé à s'en sortir. « Personne ne peut nous sauver. Il faut arrêter de vivre notre vie à travers les autres. »
Malgré les récents attentats en Europe, Valérie poursuit son chemin et partira vers la France et la Belgique, entre autres. « J'ai tout de même acheté mon billet parce que ça faisait 3 ans que je désirais réaliser ce rêve : me rendre en Europe. Je me suis dit qu'il fallait que j'arrête d'avoir peur, parce que ce sont les peurs qui créent les conflits dans le monde : la peur d'être soi-même, la peur de la différence, la peur de vivre ses rêves... Il faut arrêter d'avoir peur, car c'est cette peur qui nous empêche d'être nous-mêmes. Moi, je choisis l'amour... »
« Aucun cactus n'est à ce point couvert d'épines qu'il n'ait de place pour une fleur. » - Proverbe japonais