Ah! Doux
souvenirs de l'école où on apprenait certaines notions avec des phrases mnémotechniques
ou des espèces de comptines.
Bon, je
l'admets d'emblée, le mot mnémotechnique n'a pas été assimilé à l'école
primaire ou secondaire. Il est plus récent pour moi. En fait, il date de ce
matin, directement tiré du Robert! Il invoque la fabrication d'éléments qui
viennent aider la mémoire.
« Mademoiselle,
est-ce qu'il y a un truc pour se souvenir des conjonctions? »
« Oui!
Rappelez-vous cette question : mais où est donc Carnior? (mais, ou, et,
donc, car, ni, or).
Pour les
mots en « ou » qui prennent un x au pluriel, on trouvait une manière
de les chantonner (presque un slam, en fait!). Choux, hiboux, joujoux, cailloux,
genoux et poux...
Hey, la,
la! C'était hier! Et il me semble que tout était plus simple!
Dès que
je regarde autour, ces temps-ci, je me dis que je suis en situation discordante
avec la réalité. Quasiment tout le temps, en fait!
Je jette
un œil à mes placements et j'ai un vertige. Ces placements-là, essentiellement,
c'est mon bas de laine pour les années de retraite. Ça regarde drôle...
Je sais,
il faut être patient et ne pas regarder quand ça oscille comme ça. Je sais...
Comme je
suis de nature pas très angoissée, mon malaise tient moins aux rendements
élastiques qu'à la discordance entre ce que j'espère et ce que je dois faire.
Je veux
dire que je sais qu'il faut consommer beaucoup moins, globalement. Mais je sais
aussi que les résultats de mes placements sont basés, essentiellement, sur un
système économique qui met au premier plan la consommation.
La discordance
ne se reflète pas que là!
J'entends
souvent dire qu'on est nés du bon côté de la planète. Admettons que ce soit une
chance, est-ce que cette chance ne vient pas avec une forme de responsabilité
quelconque? Du genre : s'assurer de ne pas scraper ce bon côté de la
planète?
Je nous
vois bien aller! D'abord, la montée de cette droite, celle qui crie libârté
sans se soucier de ce que ça veut dire et qui applaudissait quand on a envahi le
Capitole aux États-Unis.
Je nous
vois aussi donner (ou à peu près!), notre eau potable à des compagnies qui se
remplissent les poches d'argent aussi liquide que l'eau qui leur est, somme
toute, donnée. Et ils embouteillent cette eau dans des contenants en plastique
en fin de vie utile. Cibole! On prend un bien public et on le rend moins
accessible en y mettant un coût unitaire! Les entreprises chiâlent contre les
taxes d'eau, mais accepteront de payer pour en acheter en bouteilles pour leurs
réunions.
Je nous
vois bien, aussi, politiquement, continuer à créer des comités qui vont
produire des rapports qui proposeront des pistes de solution à venir alors que
les algues bleues prolifèrent, tout comme toutes sortes de crustacés qui s'installent
dans des milieux où ils n'ont pas de prédateurs. Ils viennent en prime avec
tous ces conteneurs qui véhiculent nos abus.
"Alors,
bloquons les conteneurs charriés par ces bateaux, c'est simple!"
Ben,
non, justement! Il faut consommer! Sinon, l'économie va s'écrouler et je
n'aurai plus de rendements dans mes placements pour survivre.
Discordance,
quand tu nous tiens...
Vertige...
Heureusement,
une micro-brasserie toute locale se pointe dans mon horizon visuel.
Comme la
lie de ce doux produit qu'on me sert, je me dépose un peu. Le temps de
réfléchir. Il me revient le titre de cette chronique et ma contorsion du mot
genou devenu « je-nous ».
S'il
faut mettre un X, quelque part, au mot contorsionné « je-nous »,
qu'on le mette sur le « je ». Pas sur le « nous »!
Clin
d'œil de la semaine
L'humain
n'est-il pas le mammifère le plus susceptible d'assurer son autonomie? Oui! Et
il est assez autonome pour la scraper et scraper celle des autres...