C'était au tournant des années 2000. Une résidence pour personnes âgées avait choisi un angle publicitaire qu'elle souhaitait chaleureux. Résolument familial. La publicité faisait parler une femme dont le papa en était à un tournant de sa vie où il devait penser à casser maison, comme le disaient les aînés. Jusque-là, rien ne cloche. C'est dans le texte et dans la livraison de ce texte en ondes que les choses ont déraillé. Le ton était intimiste. Et le texte allait un peu comme suit :
« Papa, tu te rappelles des valeurs de partage et de générosité que tu nous as apprises? Et bien, tu vas être content de savoir que je t'ai réservé une place dans telle résidence... »
Je me souviens de façon très précise de la réaction de mon père quand il entendait cette publicité. « Non seulement elle veut placer le bonhomme, mais, en plus, elle lui dit ça en lui remettant ses valeurs en pleine face... Kalvince... »
Kalvince... C'était le patois de papa quand ça n'allait pas. Pas du tout...
Papa est décédé avant de casser maison. Nous n'avons pas eu à gérer la situation de son logement. Je ne sais pas exactement comment on s'y serait pris, mais je sais ce qu'on n'aurait pas fait!
J'ai pensé à papa, cette semaine, alors que se terminait la session parlementaire à Ottawa. Le groupe de Harper s'auto congratulait pour leur excellent travail... Le mot excellent n'a de valeur, pour qualifier son travail, que lorsqu'il vient de quelqu'un d'autre que soi. C'est une règle de base... Mais Harper se fout des règles de base. Si ce sont les siennes, elles sont bonnes.
Le plus insultant, c'est la façon condescendante que la troupe conservatrice emprunte pour arriver à ses fins. Ils réussissent à nous enfoncer leur nourriture malsaine dans la gorge en nous disant que c'est nous qui avons dit que nous avions faim.
C'est comme l'entrepreneur qui gonfle outrageusement une facture en disant : « c'est toi qui a appelé pour faire faire des travaux... » Vous savez, cette manie de prendre la responsabilité de ses actes et de la mettre sur les épaules des autres?
Harper est un entrepreneur qui abuse. Dans les gestes, mais, surtout, dans la manière.
Je savais qu'il désapprouvait le registre des armes à feu. Je ne savais pas qu'il serait aussi vicieux et qu'il empêcherait un autre palier de gouvernement d'avoir accès aux données comptabilisées.
Ce personnage disgracieux, qui entraîne ses ouailles dans le même sentier tordu, se sert toujours du même argument :
« Nous avons reçu un mandat fort pour détruire les données du registre des armes à feu... »
« Les Canadiennes et les Canadiens nous ont demandé, par un mandat fort, de célébrer le jubilé de la Reine Élizabeth. Des célébrations sur quatre jours au printemps 2012. Nous écoutons les demandes de la population... »
Et si au moins, j'exagérais. Même pas. C'est dit aussi clairement que ça!
Vous saviez ça, vous, que vous aviez donné un mandat fort à un gouvernement pour qu'il célèbre le jubilé de la Reine à grands coups de dizaines de millions de dollars? Et qu'il foute des photos de la Reine partout sur son passage? Eh, bien, sachez que ce n'est pas grave que vous ne le sachiez pas. Ce qui importe, c'est que maintenant, tout ça fait suite à votre demande!
Harper et sa troupe ont été élus avec moins de 40% des votes exprimés. Méchant mandat fort pour faire n'importe quoi. Mais Harper s'en fout. Royalement... Harper vous le dira. Et ses sbires aussi : « tout ce qu'on fait est parce que vous nous avez donné le mandat de le faire. Dans votre chambre, maintenant.Laissez-nous agir! »
Kalvince, disait papa, quand ça n'allait pas. Pas du tout.
En 2011, je me demande juste si kalvince est assez fort pour porter mon dégoût...
Clin d'œil de la semaine
Ça va jouer aux cartes durant le temps des Fêtes... Permettez-moi de rêver à une flush royale...