D'accord, le palet c'est une façon un peu recherchée pour
décrire une rondelle, une vulgaire puck de hockey. Quoi qu'il en soit, je crois
bien avoir réussi à attirer votre attention pour vous parler de la victoire des
Canadiens de Montréal lors du sixième match de la demi-finale de la coupe
Stanley contre les puissants Golden Knights de Las Vegas. Une victoire en
période de prolongation sur un but savamment préparé par le seul joueur
francophone dans l'uniforme du Canadien. Une victoire inespérée le soir de la
fête nationale du Québec. Une victoire le 24 juin, préparé par le joueur
arborant le 24 dans l'uniforme des Canadiens de Montréal, Philippe Danault. Un
vrai scénario de film. Un conte des temps modernes de Disney. L'inflation
verbale est à son comble. Pourtant, ce n'est qu'un jeu, un spectacle c'est du
hockey. Réflexions sur nous-mêmes, à l'ombre d'une victoire improbable des
Canadiens de Montréal.
Vivre l'enfer sur terre...
Les dix-huit derniers mois ont été pénibles. La pandémie qui
a frappé le Québec et l'ensemble de la planète nous a privés de tout.
Fondamentalement, les humains que nous sommes sont des animaux sociaux. Nous
avons besoin de faire lien avec les autres, de créer un vivre-ensemble pour
être heureux. La pandémie a broyé toutes nos relations sociales sur son
passage. Les consignes sanitaires nous ont obligés à l'isolement. Cela a créé
de graves dissensions parmi nous entre ceux qui trouvaient que cela était trop
et ceux et celles qui trouvaient que c'était la chose à faire. Nous avons eu
droit à toute sorte de débordements, à des crises se rapprochant à de
l'hystérie parfois. Nous avons identifié des coupables, dénoncé nos voisins et
plusieurs d'entre nous se sont transformés en petits caporaux sanitaires. Les jeunes
contre les vieux, les moutons contre les complotistes, les prudents contre les
téméraires, les liberticides contre les libertaires. La santé mentale de toutes
et tous a été fortement mise en péril.
Et jaillit la lumière...
Puis, il y eut dans cet incroyable calvaire les vaccins et
les Canadiens. Les deux plus puissants antidotes à la morosité ambiante. Comme
rien n'est jamais parfait au monde des malheurs du quotidien, il y a eu des
ratés dans l'approvisionnement en vaccins au début. On craignait le pire. Le
pire s'est aussi montré à nous sous la forme de vaccins causant des séquelles
comme l'a démontré le triste périple du vaccin AstraZeneca. Puis, les commandes
ont afflué et nous avons pu nous faire vacciner. Le retour à la normale est
devenu non plus un espoir, mais un projet auquel tous nous pouvons contribuer.
La lumière au bout du tunnel ce n'était pas un autre train, mais un véritable
puits de lumière ouvert sur l'horizon.
Avec les Canadiens, ce fut un peu la même chose. L'équipe du
Bleu-Blanc-Rouge a vu elle aussi jaillir la lumière après une saison de misère.
Après un départ canon, les problèmes se sont accumulés. Les blessures ont causé
de nombreux maux de tête aux entraîneurs et à la direction. Le directeur
général Marc Bergevin a pris le taureau par les cornes, il a congédié des
entraîneurs, il a ajouté quelques vétérans à la date limite des échanges et
surtout il a gardé le cap sur son objectif qui était non seulement de
participer aux dérives d'après saison de la Ligue nationale de hockey, mais de faire du dommage au sens où son club
irait loin et causerait des surprises. Au début de la série contre les
puissants Maple Leafs de Toronto, l'ennemi juré de Montréal, on ne donnait pas
cher de la peau des Canadiens ni de son directeur général et de son entraîneur
Dominique Ducharme. Les loustics étaient unanimes pour décrire la saison de
leurs glorieux comme un échec. On réclamait en chœur du changement. L'embauche
de Patrick Roy à la place de Bergevin, le congédiement de Ducharme et un grand
ménage dans le club en se débarrassant de Price, Weber, Drouin et tutti quanti.
Même l'auteur de cette chronique était pessimiste en prédisant dans cette même
chronique le 19 mai dernier une victoire de Toronto en cinq parties. Eh
bien, nous devons ravaler nos paroles et nos écrits. Les Canadiens de Montréal ont
confondu les sceptiques et les gérants d'estrade parce qu'ils ont cru en eux et
en leur équipe.
Rassembler
Les Canadiens de Montréal nous ont tous servi une grande leçon
de vie. Persévérer est la seule voie à suivre pour obtenir du succès. Croire en
ses moyens, travailler en équipe pour atteindre ses objectifs communs et
surtout fuir les bruits de la ville, les rumeurs et les commérages. Par cette
leçon de vie servie par notre club de hockey, le Canadien a réussi à merveille
ce que les gouvernements de messieurs Trudeau et Legault n'ont réussi
qu'imparfaitement durant la dernière année. Rassembler les gens autour d'une
cause commune. Dans le sillon de la victoire du Canadien de jeudi soir dernier,
pas d'anglos, de francos, de woke, de racistes, de suprémacistes blancs,
d'immigrants, de Premières Nations. Non, tous sont soudés ensemble, sauf
quelques partisans des Bruins de Boston encore égarés chez nous, tous sont
derrière leur équipe.
En prime, le spectacle du hockey ne prête pas aux fake
news. Tous s'entendent pour reconnaître qu'un lancer qui traverse la
ligne rouge c'est un but sauf si les règles ne sont pas respectées. Nous sommes
tous d'accord pour reconnaître le talent d'un jeune joueur comme Cole Caufield
que certains ont rebaptisé Goal Caufiled. Bref, nous vivons un moment
d'allégresse et de joie à la sortie ce cette longue marche dans le désert de
l'isolement. Il ne faut surtout pas bouder notre plaisir. Profitons-en !
Les fêtes nationales
C'est dans un contexte où les Canadiens de Montréal occupent
tout l'espace médiatique que nous avons célébré la semaine dernière la fête
nationale du Québec et que nous fêterons demain la fête du Canada. On se plait
à rêver d'un pays moins schizophrène qui pourrait permettre à toutes et tous de
célébrer le solstice des Premières Nations, la fête nationale du Québec et
celle du Canada dans une même énergie. La pandémie nous a appris et plus encore
l'exemple des Canadiens que c'est ensemble que nous pouvons avancer et
connaître du succès. Je rêve du jour où nous serons capables de passer outre
nos particularités et nos différences pour célébrer ensemble notre universalité
d'humain. Je sais, ce n'est pas demain la veille. On peut toujours espérer que
comme les Canadiens de Montréal de vivre la fête au palet...
Bonne fête Québec et bonne fête Canada !