L'image
est arrivée comme ça. Spontanément. Comme le clown à ressort qui bondit de la boîte.
La boîte.
C'est riche, une boîte. Assez, en tous les cas, pour nourrir plein
d'expressions.
Faire
ses boîtes, c'est déménager. C'est tourner une page, quitter, changer de place,
de maison, de profession, de bureau. C'est laisser une conjointe, faire une
croix sur quelque chose de significatif.
Une
expression peut contenir tellement de matériel émotif! Elle peut s'ajuster à
des situations tellement différentes les unes des autres!
Fascinante
boîte.
On sort
en boîte. La nuit, surtout. Il suffit de dire : « il
est sorti en boîte la semaine dernière » pour que l'envolée de rumeurs
envahisse l'imaginaire et alimente les ragots. Comme s'il était implicite que
le fait qu'un tel avait décidé de sortir en boîte engendrait automatiquement une
rencontre intime, avec toutes les images que ça sème dans l'imaginaire!
Harlequin quand tu nous tiens!
On ferme
sa boîte, aussi. Quand c'est le temps. Ou juste après que « c'était
le temps »!
Mais je
m'éloigne de l'image qui m'est venue en tête.
Juste
avant, il me vient cette autre image riche : tous nos souvenirs sont dans
des boîtes. J'ai bien essayé de les mettre en enveloppe, de les séparer, de les
trier. Mais les enveloppes ont été mises dans une boîte, à la fin.
Vous
savez, cette boîte qu'on hésite un peu à ouvrir? Comme si on brisait un charme
en ouvrant les rabats? Comme s'il se pouvait que les souvenirs aient gagné en
valeur au fil du temps? Ou comme si on avait peur que notre souvenir soit terni
par la réalité qui se cache dans la boîte...
On sait
très bien que les souvenirs sont filtrés et polis par le temps. Le lustre qu'on
entretient au fil des ans dans sa tête peut être confronté au mat d'une photo
laissée dans une boîte.
On
regarde parfois les documents d'une boîte de souvenirs en espérant qu'une
surprise s'y cache. Pourtant, généralement, nous avons nous-mêmes fait nos
boîtes. Il serait surprenant d'être surpris! Mais l'espérance d'une surprise
est là.
Mes
souvenirs sont souvent enjolivés, je le sais bien, par le biais de ma
perception d'aujourd'hui. J'appelle ça le syndrome de la roche. Vous savez,
cette roche immense que vous escaladiez, plus jeune? En la revoyant aujourd'hui,
on se dit que ce n'est pas la même, tellement elle est devenue petite!
La boîte
de souvenirs ramène à une réalité concrète. Qui peut parfois décevoir. Mais qui
nous branche à ce que nous sommes. À ce qui nous a forgé. À l'environnement qui
nous a vu grandir.
Pas pour
rien que certains ne traînent aucune boîte de souvenirs. Comme s'ils voulaient
briser un lien avec ce qui représente la douleur d'un parcours.
Ah, oui,
c'est quoi, cette image dont je vous parlais?
Je me
disais cette semaine que les boîtes ont bien souvent des formes et des
configurations originales. Mais qu'elles sont prometteuses d'un contenu coloré,
riche, intrigant, même. Des boîtes porteuses d'espoir, parfois. Des boîtes qui
contiennent assez d'éléments pour meubler la solitude. Pour voyager dans le
temps. Pour se perdre dans des romances touchantes ou surprenantes. Des
histoires qui peuvent effrayer, même!
La forme
des boîtes est souvent spéciale : généralement, elles s'ouvrent par le
haut. Parfois par le côté. Rarement par le dessous...
Une de
ces formes constitue cette image dont je veux parler : une boîte dont le
dessus et le dessous sont rigides. Un des côtés aussi. Les trois autres faces
sont complètement dégagées. Comme une invitation à y entrer. Suffit de soulever
le dessus, et le tour est joué. Et les découvertes sont infinies.
On n'est
jamais seul quand on a un livre en main.
Clin d'œil
de la semaine
Réflexion
sur la vie : « Tout ça pour finir d'une boîte! »