J'ai décidé il y a quelque temps de ne plus faire d'euthanasie « de convenance ». Voici ce que j'ai dit à une propriétaire qui venait pour faire euthanasier son chat, il y a une quinzaine d'années, complètement à bout parce que son jeune chat avait une diarrhée persistante et qui m'avait dit avoir tout fait pour régler le problème : « Je ne peux pas faire cette euthanasie. Je ne vous juge pas, mais comme ce que je fais tous les jours est de prendre soin des chats et des chiens, je ne peux pas faire ce que vous me demandez. C'est contraire à ma mission ».
La propriétaire a bien compris mon point de vue et on est restées toutes les deux à s'excuser et à chercher une solution. Finalement, il s'est avéré qu'elle avait pensé avoir tout fait, mais elle n'avait jamais consulté un vétérinaire. Elle avait essayé plusieurs nourritures différentes, en suivant des conseils qui semblaient avisés, mais sans résultats. On s'est entendues à ce moment sur une petite étape de plus : elle ferait un autre essai avec une nourriture que je lui recommandais. Trois semaines plus tard, j'ai appelé la propriétaire pour prendre des nouvelles. La chatte n'avait plus de diarrhée et la cliente était extrêmement reconnaissante. J'ai eu cette petite chatte comme patiente pendant plusieurs années par la suite.
J'aime les humains autant que j'aime les animaux. J'aimerais que ces situations où les propriétaires d'animaux sont tellement à bout que la seule solution semble être l'euthanasie arrivent moins souvent. J'aimerais pouvoir faire une différence dans la qualité de vie des humains et des animaux qui vivent ensemble. Je ne voulais pas faire « juste » une autre chronique vétérinaire qui dit de ne pas donner de chocolat aux chiens et aux chats (bien que je puisse certainement vous le rappeler dans le temps de la Saint-Valentin!). Je n'ai pas encore eu de patient qui est mort après avoir mangé du chocolat, mais j'en ai vu par centaine se faire euthanasier pour des problèmes de comportement et des blocages urinaires. Chaque semaine, quelque part à Sherbrooke, il y a au moins un jeune chat mâle en santé qui se fait euthanasier pour un blocage urinaire. Problème qui peut se résoudre par une intervention vétérinaire et qui peut même être prévenu simplement en donnant une nourriture appropriée.
Tout comme je ne veux pas faire d'euthanasie de convenance, je ne veux pas faire de chronique « de convenance ». J'aimerais parler des vraies affaires comme on dit. Et pour moi, parler des vraies affaires c'est vous avertir des vrais dangers qui guettent votre animal, en me basant sur les raisons d'euthanasie ou de décès que je vois dans ma pratique de tous les jours depuis bientôt 20 ans.
Comme une grande partie de la prévention se fait en se posant les bonnes questions avant d'adopter un animal, mes premières chroniques porteront sur la préparation à l'adoption.