Par Jacques
Desjardins
Certains
nomment le phénomène le outdoor living,
d'autres le outdooring ou encore le vivre dehors. Une tendance qui semble
être la suite logique du cocooning. Coup d'œil sur cette tendance et les
travaux qu'elle implique.
La tendance
du vivre dehors consiste à prolonger
l'espace de vie intérieur en aménageant un espace de vie extérieur avec le même
souci de confort qu'une pièce intérieure. L'idée est de pouvoir profiter au
maximum du temps passé dehors. Selon les goûts et les besoins, cet espace
extérieur sera une cuisine, un salon, un lieu de relaxation ou encore une salle
de jeux. Tout cela rehaussé par une décoration et un ameublement au goût du
jour et muni d'un équipement adéquat, tel un éclairage adapté à la vocation de
l'endroit, une chaîne haute-fidélité et même un écran télé.
Selon Michel
Martel, propriétaire de Michel Martel paysagiste, le phénomène du vivre dehors date d'environ huit ans. La
majorité des adeptes aurait entre 30 et 50 ans, une carrière bien remplie
et une famille avec laquelle elle veut passer du temps de qualité. « Si la
génération des baby-boomers aimait le jardinage et se contentait d'un banc ou
d'un hamac pour relaxer, ça ne semble plus être le cas des propriétaires plus
jeunes. Ils désirent un espace extérieur douillet, clés en main, facile à
entretenir, à l'abri des intempéries, des moustiques et des frissons »,
affirme Michel Martel.
Pour bien
conseiller un propriétaire qui caresse un projet d'aménagement d'un espace de
vie extérieur, il faudra tout d'abord s'assurer qu'il a bien pris conscience
que vivre dehors, c'est vivre sous les regards possibles des voisins. Le
propriétaire devra donc réfléchir à l'impact de son projet sur son voisinage et
prévoir l'aménagement qui lui donnera le degré d'intimité souhaité.
Plusieurs
autres éléments de réflexion orienteront le propriétaire vers le meilleur choix
d'aménagement en fonction de ses besoins. Pour Noémie Bergeron, designer de
jardins chez Marc-André paysagiste, le propriétaire doit commencer par
déterminer quels usages il réserve à son nouvel aménagement extérieur. Il doit
aussi se demander avec qui il fera ses activités et combien de personnes il
pourra y accueillir. Il ne faut pas oublier non plus de considérer à quel
moment de la journée il habitera son espace extérieur. Des activités en soirée
requerront nécessairement de l'éclairage. Enfin, la question cruciale : quel
est le budget disponible?
Selon le
type d'aménagement, ses dimensions, les matériaux choisis et l'équipement
installé, le coût de l'espace extérieur peut varier considérablement. Il est
possible que le propriétaire doive restreindre l'étendue de son projet pour ne
pas dépasser son budget. À cet effet, Noémie Bergeron recommande au propriétaire
de graduer les éléments de l'aménagement, en commençant par les incontournables
jusqu'aux moins importants. L'entrepreneur pourra ainsi proposer la meilleure
solution en fonction du budget et remettre à plus tard les éléments moins
essentiels.
Il est
important pour le client d'avoir une vision à long terme et d'étudier la
possibilité de réaliser le projet de ses rêves par étapes, de manière à
bonifier son aménagement au fil des ans, à mesure que les fonds seront
disponibles. Il faut aussi qu'il réfléchisse à ses besoins futurs. Voudra-t-il
une piscine dans quelques années? Un ajout dont il vaut mieux prévoir tout de
suite l'incidence sur l'aménagement de l'espace.
Les
vocations possibles d'un espace de vie extérieur sont nombreuses : espace
cuisine et salle à manger, espace salon avec un coin bar ou foyer si désiré,
espace détente, espace spa, espace divertissement et pourquoi pas, un espace
bain de soleil? Comme le souligne Noémie Bergeron, il n'est pas toujours nécessaire
de munir l'espace d'un toit ou de l'encadrer d'une structure. Après tout, le
but est de vivre à l'extérieur, et cet extérieur peut revêtir différentes
formes. Et si le budget le permet, l'aménagement peut comporter plusieurs
espaces, à l'image de l'habitation qui comporte plusieurs pièces.
Dans le
design d'un projet, il faut tenir compte de l'habitation et de son accès à la
cour. Normalement, il est souhaitable d'installer l'espace de vie extérieur
près de la maison, afin d'y accéder facilement. De plus, comme l'endroit est
esthétique, il est agréable de l'avoir à porter de vue, de l'intérieur de la
maison. Sur le plan esthétique, il faudra prendre soin d'agencer le style de
l'espace extérieur au style de l'habitation.
Selon les
spécialistes consultés, plusieurs clients ont un faible pour l'aménagement
d'une cuisine extérieure. Des fabricants comme Napoléon fournissent tous les
éléments nécessaires pour composer des tables de cuisson. Noémie Bergeron a
remarqué une demande croissante pour des cuisines tout équipées. De plus en
plus, les gens souhaitent ne pas avoir à passer par l'intérieur quand ils
arrivent de l'épicerie. La cuisine extérieure devra alors posséder un réfrigérateur,
un évier et même un lave-vaisselle. Par contre, si l'alimentation électrique et
en eau potable peut se réaliser assez facilement, il en va autrement de
l'évacuation des eaux usées, dont le système doit être relié au drain
sanitaire. Chose certaine, pour éviter les erreurs coûteuses, l'aménagement
d'une cuisine exige une bonne planification.
Bien sûr,
c'est surtout l'été que l'espace de vie extérieur sera utilisé, mais ceux qui
optent pour un pavillon avec murs et toiture peuvent choisir d'installer un
chauffe-terrasse afin de rendre l'endroit confortable au printemps et en
automne. L'hiver, le pavillon servira d'espace de rangement.
Différents
types de pavillons préfabriqués sont offerts sur le marché. Les pavillons
Outdooring de Trévi, par exemple, sont offerts dans des dimensions allant de
10 pieds par 10 pieds, jusqu'à 12 pieds par 18 pieds. Les
structures sont en aluminium ou en bois. Selon les modèles, les murs peuvent
être composés de différents éléments : bois, aluminium, rideaux moustiquaires
et opaques, disposés sur deux rails indépendants. Les modèles avec murs rigides
viennent avec portes, fenêtres et moustiquaires. Les portes des modèles en bois
se verrouillent à l'aide d'une serrure à clé, ce qui n'est pas le cas des
modèles en aluminium.
Les
pavillons en bois sont les plus solides, et leur toit est composé d'une résine
opaque ondulée capable de supporter le poids de la neige. Plus fragiles, les
pavillons dont la structure est en aluminium ont un toit en polycarbonate, plus
léger que le toit de résine. Ce matériau offre l'avantage de laisser passer la
lumière tout en filtrant les rayons UV. Comme le souligne Martin Gadoury,
installateur de pavillons pour Trévi, il est recommandé de déneiger le toit de
polycarbonate. Pour ce qui est du toit en toile, représentant l'option la plus
économique, il faudra l'enlever pour l'hiver.
Si le client
opte pour un pavillon préfabriqué, Martin Gadoury conseille de prévoir un
dégagement minimal de deux pieds tout autour du pavillon de manière à avoir
suffisamment d'espace pour assembler les éléments sans problème.
Peu importe
le type d'aménagement choisi, il faudra s'assurer d'avoir une base solide.
Michel Martel recommande d'excaver le sol à une profondeur de 12 à 18 pouces,
d'installer une toile de géotextile et de remplir avec de la pierre concassée.
Et, pour la surface, le choix pourra porter sur trois principaux revêtements:
le béton, le pavé ou le bois. S'il s'agit d'un espace cuisine, l'entrepreneur suggère
de couler une dalle de béton. Pour assurer un égouttement adéquat en cas
d'infiltration d'eau, une légère pente est bien sûr de mise. Le pavillon
préfabriqué devra être ancré au sol afin de bien résister aux bourrasques.
Pour meubler
son nouvel espace, le propriétaire devra opter pour du mobilier spécialement
conçu pour l'extérieur. Même si l'aménagement possède un toit et des murs, les
infiltrations d'eau peuvent quand même survenir à l'occasion et le mobilier
doit pouvoir résister à l'humidité. Et, comme le souligne Alain Gravel,
directeur marketing et publicité chez Trévi, le mobilier doit aussi résister à
la chaleur intense des chaudes journées d'été alors que les portes et les
fenêtres du pavillon sont fermées. Si l'espace est sans toit, il faudra rentrer
les coussins du canapé ou des fauteuils si la pluie s'annonce. Et avant de
faire l'acquisition d'un mobilier, il est bon de vérifier son confort sans les
coussins : ainsi, il ne sera pas toujours nécessaire de les remettre, surtout
pour une brève incursion.
Qu'en est-il
des prix maintenant? Chez Trévi, par exemple, les prix des pavillons
préfabriqués varient entre 2 000 $ et 7 000 $. Tout est
inclus, à part les ancrages pour fixer le pavillon et le coût de
l'installation.
Si le client
opte pour un pavillon sur mesure, construit sur place, Michel Martel estime que
le coût total peut se situer entre 15 000 $ et 20 000 $
pour une superficie d'environ 200 pieds carrés. Il s'agit cependant d'un
investissement rentable qui pourra être récupéré en bonne partie à la revente
de la propriété, à la condition que l'aménagement ait été bien entretenu.
Comme pour
tout projet de rénovation domiciliaire, l'investissement doit idéalement être
proportionnel à la valeur de la propriété. Selon le spécialiste, le coût de
l'ensemble de l'aménagement paysager devrait correspondre à environ 20 %
du prix de la propriété. Il serait donc sage pour le propriétaire de sortir sa
calculatrice avant de se lancer dans de grandes entreprises.
Enfin, avant
d'entreprendre les travaux, l'entrepreneur devra vérifier les normes en vigueur
auprès de sa municipalité. Selon les caractéristiques de l'aménagement, les
normes peuvent effectivement varier d'une municipalité à l'autre.
Source :
Québec Habitation Juin 2014 - Magasine publié par l'APCHQ Provinciale