Le mot
seul est évocateur : il ouvre les possibles. Il incarne la force.
J'évolue
dans le milieu funéraire depuis 13 ans maintenant. J'ai parfois eu le sentiment
de toucher la peine des gens tellement elle était présente, dans certaines
situations. L'immense vertige que peut créer le sentiment qu'on ne sera plus
jamais ensemble avec l'être cher qui meurt est presque palpable.
Ensemble.
Qu'on le
veuille ou non, qu'on s'active dans les convois de la liberté pour crier son
libertarisme à en perdre la voix, rien n'y fera : seuls, nous ne sommes
rien. C'est tout.
D'ailleurs, les libertariens trouvent la force
de faire valoir leur point en s'unissant avec d'autres libertariens. C'est
ensemble qu'ils arrivent à se faire entendre. Seuls, ils ne sont qu'une
anecdote. Souhaitons maintenant qu'ils voient la contradiction sur laquelle se
base leur action!
Ensemble
On peut
jouer à faire semblant, mais il me semble évident que les turbulences
climatiques frapperont de plus en plus fort chaque année. Les réserves d'eau
potable s'assèchent dans l'Ouest américain. Ici, on pompe l'eau à pleine
turbine pour la céder, avec des redevances ridicules, aux revendeurs qui
l'embouteillent et s'enrichissent.
Si le
jeu est payant pour quelques personnes en affaire, est-ce que c'est bon pour
l'ensemble des Québécois?
Accepter
des mettre entre 5 et 10 milliards de dollars pour faire un troisième lien pour
traverser le fleuve à Québec est-il vraiment conséquent avec les besoins de
l'ensemble de la population du Québec?
Il faut
se poser ce genre de questions.
Depuis
la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l'Amérique au complet a vécu une vague
d'individualisme qui a mené à des sociétés dans lesquelles chacun lutte pour
son petit lopin de terre qu'il clôture vaillamment, entretenant son petit
espace. L'expression dans « le confort de son foyer » a pris une importance
capitale. Aux États-Unis, on peut être armé pour défendre sa liberté...
Pour ce
qui est de la cohésion sociale, on s'est dit que le gouvernement s'en
occuperait. Simple comme ça. Rien d'autre à faire!
Mais
qu'arrive-t-il quand l'accès au lopin de terre ou au foyer (dans le confort
duquel on doit vivre!) n'est plus accessible pour beaucoup de gens?
Qu'arrive-t-il quand les moyens manquent à bon nombre de citoyens pour se
nourrir convenablement?
Vous
savez, quand le « ouin, mais ils ne veulent pas travailler! » ne
tient plus la route parce que quelqu'un qui gagne 14 $ de l'heure et en
travaille 40 par semaine n'arrive plus à se nourrir et se loger convenablement?
Vous
savez, quand le « je me suis débrouillé, moi, ben qu'ils se
débrouillent! » ne suffit plus?
Quand
tout ça survient, c'est qu'il est temps de mettre le mot ensemble au centre de
la table.
Ensemble
pour briser un peu cet individualisme qui nous définit.
Ensemble
aussi au sens où il faut que les décisions soient prises au nom de l'ensemble
des citoyens et non pas seulement pour protéger des acquis individuels.
Ensemble
aussi au sens où il est facile, physiquement, de pousser au sol une personne
debout devant soi. Mais mettez cent personnes alignées, appuyées les unes aux
autres par les épaules et, subitement, il faut une force immensément plus
grande pour les jeter à terre.
En début
de chronique, je vous parlais de la douleur de réaliser qu'on ne sera plus
« ensemble » avec un être cher qui meurt. Hey, bien, c'est justement
en "reconjuguant" le mot « ensemble » avec d'autres
personnes dans leur vie quotidienne que ces mêmes personnes cheminent dans un
deuil.
Hey,
la, la...
J'ai
croisé un gros pick-up issu du convoi de la liberté sur lequel les « F...
Trudeau » et F...Legault » flottaient au gré du vent.
Je
trouve ça pathétique, terriblement égoïste et irresponsable. C'est dit.
Ces gens
plaident pour le chacun-pour-soi, version hyper intense.
Ils me
rappellent ce principe en coopération : seul, on va plus vite. Ensemble,
on va plus loin.
J'ajouterais
ceci : quand je regarde autour de moi et que je vois le climat et ses
sautes d'humeur, que je vois la guerre, que je constate l'état de l'économie, je
me dis que, seul, c'est juste foutu.
Clin
d'œil de la semaine
Une
personne qui chante fait vivre une émotion. Un chœur qui chante génère une
force vive qui transporte littéralement. C'est la puissance de l'ensemble...