Spike Jonze, que l'on a d'abord connu en tant que réalisateur de vidéos clips - rappelons-nous seulement les excellents « It's Oh So Quiet » de Björk (1995) et « Praise You » de Fatboy Slim (1998) - s'est toujours démarqué par son inventivité et son intérêt pour les paris risqués.
Malgré une courte filmographie, Jonze a déjà marqué les esprits avec ses longs métrages : Dans la peau de John Malkovich (1999), Adaptation (2003) et Max et les Maximonstres (2009). Le réalisateur américain est repassé derrière la caméra pour un quatrième long métrage très attendu dont la sortie en salle est prévue ce vendredi 10 janvier au Québec : Elle (Her).
Son film met principalement en scène Theodore, un homme complexe et attendrissant, qui gagne sa vie en écrivant des lettres personnelles touchantes pour autrui. Le coeur brisé au terme d'une longue relation amoureuse, il s'intéresse à un nouveau système d'exploitation avancé qualifié d'entité unique et intuitive à part entière. Au démarrage, il fait l'heureuse connaissance de « Samantha », une jeune et vive voix féminine (celle de Scarlett Johansson dans la version originale) à la fois perspicace, sensible et dotée d'un étonnant sens de l'humour. Alors que leurs besoins et désirs mutuels se multiplient, leur amitié croît pour éventuellement se transformer en amour.
Celui qui a été marié à la réalisatrice Sofia Coppola de 1999 à 2003 signe ici une oeuvre instinctive terriblement révélatrice d'une société individualiste en recherche de consistance. Jonze y explore ainsi les thèmes de la solitude, de l'amour et de la technologie dans un film qui s'annonce comme l'une des plus grandes réussites du cinéma d'anticipation depuis un bon moment, avec comme défi de rendre intéressant de suivre la relation entre un homme et la voix féminine d'une machine, si sexy et envoûtante soit-elle. À voir les nominations que le film a déjà commencé à récolter aux Golden Globes 2014 - Meilleur Film, Meilleur Acteur (Joaquin Phoenix) et Meilleur Scénario (Spike Jonze) - on ne peut qu'avoir envie de parier nous aussi sur cette histoire à première vue farfelue, mais ô combien séduisante!
À noter que la musique du film a été composée en partie par Arcade Fire, célébrissime groupe montréalais avec lequel Jonze a conçu et mis en scène le court métrage Scenes from The Suburbs en 2011.