Les événements de la dernière semaine en politique fédérale
rendent vraiment mélancolique. Dans cette campagne, il ne semble pas y avoir de
véritables enjeux. C'est ce qui est apparu au terme des entrevues des chefs à
Radio-Canada et du Face-à-Face à TVA. Sur le plan régional, il y a eu
les activités des candidats locaux et la visite du chef du Bloc Québécois,
Yves-François Blanchet, à Sherbrooke. Il est venu chez nous et il s'est mis les
pieds dans les plats avec son refus de laisser s'exprimer sa candidate Enzaf
Haidar sur ses motivations à représenter le Bloc québécois. Une campagne
marquée par la première place dans les sondages du chef conservateur, Erin O'Toole
et par la résurgence de thèmes liés aux armes à feu, à la pandémie et à la
justification de la pertinence de ces élections. Étrangement, la question de la
lutte aux changements climatiques, celles de la crise du logement et de l'inflation
ne s'imposent pas. Réflexion libre sur une campagne électorale qui démarre à
peine.
Les plantes vertes
Les plantes vertes, ce sont des candidates ou des candidats
qui assistent à un événement de campagne du chef, mais dont le rôle principal
consiste à servir d'arrière-scène à la performance du chef. C'est exactement ce
qu'avait préparé la semaine dernière l'organisation du Bloc québécois pour
permettre à son chef de positionner la question de l'identité et de la laïcité.
La présence de madame Enzaf Haidar était une valeur ajoutée à cet événement.
Pensons-y un instant. Une combattante des libertés, parlant un français
approximatif et qui est favorable à la loi 21 du gouvernement Legault. Du
bonbon quoi ! Malheureusement, il aurait fallu qu'une question soit posée à la
candidate Haidar pour que monsieur Blanchet explique que c'était son point de
presse et que lui seul répondait aux questions. Erreur de scénario. Mon
intuition me dit que les règles n'avaient sûrement pas été établies avec les
médias à l'avance. Il aurait fallu préférablement que les règles soient claires
et connues à l'avance. Ce qui n'a pas été fait à l'évidence. Cela a donné le
spectacle auquel nous avons eu droit mettant en vedette un chef qui empêche sa
candidate de parler. Mauvaise journée au bureau pour monsieur Blanchet.
Les sondages
Non seulement il y a beaucoup de sondages durant cette campagne
électorale, mais il y a aussi une présence plus standardisée des agrégateurs de
sondage. Cela vient augmenter la propension des médias à présenter cette
campagne électorale comme une course de chevaux où on analyse les performances
des chefs pour mesurer avec les sondeurs les éléments qui font gagner ou perdre
des votes. Pendant que l'on discute peu des véritables enjeux de la campagne.
Comme je l'avais prédit dans ma
chronique du 11 août dernier : « Une
campagne électorale permettra aux électrices et aux électeurs de toutes les
régions du Canada de faire connaître leur volonté quant à l'avenir.
Malheureusement, je doute fort que la prochaine campagne électorale ne soit
autre chose que la répétition du même où les médias feront une place démesurée
à l'anecdotique et au spectaculaire au détriment des véritables enjeux. Cela
fera l'affaire des différents protagonistes politiques parce qu'ils n'ont pas
de véritables solutions à proposer aux multiples problèmes qui confrontent l'avenir
du Canada. On risque de se retrouver encore une fois avec de belles paroles et
un gouvernement minoritaire libéral. Le retour du même et de l'identique... »
Je n'avais pas si tort si l'on se fie au déroulement
actuel de la campagne électorale. Les véritables enjeux tardent à s'imposer.
Les questions de la vaccination, du système de santé, des passeports vaccinaux
et des règles soi-disant liberticides sont notre présent. La messe a été dite à
ce sujet. À part la résurgence dans l'actualité à la suite du Face-à-Face de TVA de la question des
armes à feu nous peinons à entendre les différents chefs nous entretenir de
leur vision sur les changements climatiques. Une crise qui risque d'être encore
plus profonde que celle que nous vivons avec la présente pandémie. Ce n'est pas
les bonnes intentions ni les atermoiements en matière de politiques énergétiques
qui vont nous rassurer quant à l'avenir.
La crise du logement est belle et bien présente et
les villes doivent se débrouiller et négocier les miettes d'un programme de
logement social qui fait l'objet de sensibilités constitutionnelles entre le
Québec et le Canada. À tel point que cela nuit à la construction de logements.
L'inflation s'invite à nouveau dans nos débats. Après avoir été en vedette dans
les années 1980, l'inflation semble vouloir reprendre du service. Ce qui
permet à des conservateurs sur le plan de l'intervention de l'État de faire des
liens entre la générosité des programmes gouvernementaux et l'inflation dans
les sillons de la reprise économique. Voilà un débat que nous aimerions
entendre entre les chefs. Bref, on évoque peu les véritables enjeux dans cette
campagne. C'est dommage...
Le Face-à-Face
Beaucoup a été dit et écrit sur cet événement. Au
moment où j'écris cette chronique (dimanche 5 septembre), les
résultats du dernier sondage Léger n'ont pas été communiqués. Je ne peux donc
pas savoir si le débat a eu un effet sur la popularité des chefs et les
intentions de vote au Québec. Ce que je sais par contre c'est que ce débat
entre les chefs n'a pas fait de gagnants ni de perdants si ce n'est la
performance décevante de Jagmeet Singh. Depuis ce débat, si nous ne le savions
pas, nous savons maintenant que le chef conservateur, Erin O'Toole a un plan et
un contrat pour le Québec. Même si le mot contrat, nous dit le chef du Bloc
Yves-François Blanchet, sous-entend qu'il y ait une partie contractante qui l'a
endossé. Ce qui n'est pas le cas du contrat de monsieur O'Toole qui sur le plan
du financement de la santé ne respecte pas la demande du Québec et des provinces
qui souhaitent que le fédéral finance 35 % des coûts de la santé.
Lors de ce débat, Justin Trudeau n'a pas été capable
de démontrer le caractère essentiel de ces élections. Prévue lui permettre de
gagner une majorité, le chef libéral doit aujourd'hui se battre pour conserver
un gouvernement minoritaire. Malgré son excellente performance au débat où il
est apparu combattif et pertinent, il lui sera difficile de renverser la
vapeur. Le chef du NPD a été plutôt absent du débat et il a raté une occasion
de se mettre en valeur notamment sur la question des changements climatiques.
Un débat qui ne passera pas à l'histoire. Il aura
servi de période d'échauffement aux vraies affaires qui commencent après la
fête du Travail. La campagne commence vraiment cette semaine et les débats français
et anglais des consortiums de mercredi et jeudi seront à ne pas en douter des
événements importants pour tous les chefs. Même si la formule retenue pour ces
débats est un peu empesée, souhaitons que les chefs par des propositions
claires répondant aux véritables enjeux réussissent à nous sortir de ce spleen
électoral...