Commençons par régler une chose. Ce n'est pas Charlemagne, fils de Pépin le Bref, qui a inventé l'école. Charlemagne, qui fut le fondateur de la lignée des Carolingiens, a bel et bien réformé le système d'éducation de son temps en créant en 789 l'école du palais à Aix-la-Chapelle, mais cette école structurée autour des sept arts libéraux avait été définie au 6e siècle.
Que l'Histoire vienne nier les paroles d'une chanson fredonnée lorsque nous étions enfants par les bonnes sœurs qui nous enseignaient ne change rien à l'affaire. L'école existe depuis la nuit des temps. Elle existait en Égypte 3 000 ans avant notre ère. Rentrée scolaire...
Les yeux brillants des enfants
On a tort de croire que les enfants n'aiment pas l'école. Il s'agit de voir les yeux brillants de joie de Jérémie et Pénélope, deux de mes petits-enfants, pour s'en convaincre. Les enfants ont hâte d'aller à l'école. Ils aiment apprendre de nouvelles choses, se faire de nouveaux amis et avoir une vie bien à eux hors du cocon familial. Lorsque les enfants vont à l'école, ils deviennent grands et de plus en plus responsables. L'école est un passage obligé pour devenir grand et pour apprendre à vivre en société. Les enfants, la très grande majorité j'en suis convaincu, aiment aller à l'école et l'école est essentielle pour former les citoyens de demain. Pourquoi alors toujours parler si en mal de l'école dans nos médias? C'est notre faute à nous les adultes...
La faute aux adultes...
C'est simple : nous parlons de l'école et de son organisation à travers nos yeux. Ces dernières semaines, on a mis beaucoup l'accent sur les déficits des commissions scolaires et la hausse des avis d'imposition que nous devrons subir en toute cohérence avec la situation financière désastreuse de ces organismes dont les dépenses et le rôle sont à revoir en profondeur. On a aussi beaucoup parlé de la décision de plusieurs commissions scolaires de couper dans l'achat de livres pour les bibliothèques. Il faut dire que le sujet s'imposait de lui-même à la suite des bêtises ânonnées par le ministre de l'Éducation du gouvernement Couillard, Yves Bolduc. Heureusement que notre premier ministre a de la culture et qu'il connaît l'importance de la lecture. On a aussi fait état des problèmes potentiels concernant les programmes intensifs de l'anglais de sixième année. Tous des problèmes d'adultes. C'est l'actualité de la rentrée scolaire. Voyez-vous encore les yeux brillants des petits enfants?
Revenir à l'essentiel
Je rêve d'une rentrée où on fera toute la place aux enfants et que l'on regardera la rentrée scolaire avec leurs yeux pleins de joie et de bonheur. Une rentrée où les médias pourraient nous faire connaître l'école à travers des yeux d'enfants avec toutes les découvertes que cela peut supposer. Découvrir un nouveau lieu, se faire de nouveaux amis, marcher seul dans la rue quelque dizaines de mètres pour aller rejoindre ses nouveaux amis. Apprendre de nouvelles choses, de nouveaux jeux. Faire la connaissance avec un adulte significatif pour au moins une année, l'enseignant ou l'enseignante.
L'école c'est un milieu de vie et comme société, l'actualité en fait largement état, nous ne lui donnons pas les moyens de sa mission et de nos ambitions pour nos enfants. Nous sommes l'une des sociétés les plus riches du monde et nous continuons à lésiner sur les moyens matériels mis à la disposition de ces milliers d'enseignantes et d'enseignants à qui nous confions la responsabilité de nos enfants et de nos petits-enfants. Nous sommes une société avare pour nos enfants. Nous refusons de donner les moyens financiers nécessaires à nos écoles de même qu'à celles et ceux qui les font fonctionner. Pire encore, nous allons collectivement priver nos enfants de livres prétextant qu'ils en ont suffisamment comme si les livres publiés il y a dix ans traitaient d'un monde immobile qui ne vit aucun changement. Il faudrait revenir à l'essentiel. Et l'essentiel dans une société vieillissante comme la nôtre c'est notre jeunesse et nos enfants.
Les enseignants : des héros pour nos touts petits
Il faut aussi profiter de cette rentrée scolaire pour rendre un hommage bien senti à ces milliers de femmes et d'hommes (il y a peu d'hommes qui enseignent au primaire, n'est-ce pas?) qui sont littéralement des héros pour nos tous petits. Ces enseignants, qui doivent relever une lourde tâche chaque jour avec des moyens réduits, méritent toute notre considération et notre estime pour le travail titanesque qu'ils accomplissent chaque jour auprès de nos enfants.
En cette période de rentrée scolaire, pouvons-nous un instant mettre de côté tous les problèmes d'organisation matérielle et de financement pour nous arrêter un instant sur le travail de nos enseignants auprès de nos enfants et pour chercher à comprendre et à sentir tout l'émerveillement des enfants pour l'école? Si nos enfants apprennent, si chaque jour, ils deviennent plus responsables, c'est grâce à leurs enseignants. Prenons le temps de nous le dire...
Mesdames, messieurs les enseignants, vous avez droit à notre reconnaissance pour tout ce que vous faites tous les jours afin de garder les yeux de nos enfants brillants et ainsi, les guider dans la découverte de leur nouveau monde qu'ils doivent apprivoiser pour devenir grands. Que ce soit Charlemagne ou non qui a inventé l'école, ce n'est pas ce qui est important. L'important c'est que nous pouvons continuer à fredonner cette chanson et dire que derrière ce sacré Charlemagne, il y a le visage et l'identité de milliers de professionnels dévoués qui s'occupent de l'avenir du Québec. Sacré Charlemagne!