Si vous avez déjà rencontré un notaire pour faire votre testament ou votre mandat de protection, ce dernier vous a déjà probablement demandé si vous souhaitiez y inscrire votre consentement (ou refus) au don d'organes et de tissus. Probablement qu'à ce moment vous avez répondu que vous aviez déjà signé votre carte, ou pas, selon votre préférence.
Le don d'organes et de tissus reste un sujet délicat, car bien qu'il puisse offrir la vie à une ou plusieurs personnes, cela veut également dire la fin de la vie d'une autre personne. À titre de notaire, nous sommes fréquemment confrontés à cette réalité et bien que notre formation de juriste ne nous ait pas outillés pour répondre aux questions sur le don d'organes et de tissus, il est possible d'aller chercher des compléments d'information afin de sensibiliser nos clients à cela.
Saviez-vous que plus de 20 % des refus proviennent d'une mauvaise perception ou encore d'un manque d'éducation et de la peur de l'inconnu? Les notaires peuvent donc avoir un rôle essentiel dans le processus d'information du public, étant donné leur proximité avec cette question lors de la rédaction de testaments ou mandats de protection.
Existe-t-il une différence entre le fait de signer sa carte d'assurance maladie ou d'inscrire notre préférence dans un testament? La réponse est oui, car en indiquant votre acceptation ou refus de donner vos organes et tissus jugés utiles à votre décès dans votre testament ou votre mandat de protection, cette préférence est automatiquement inscrite dans le Registre central des dons d'organes. Ce registre est accessible partout au Québec et donc, facilement accessible pour le corps médical qui doit avoir cette information. De plus, le notaire qui reçoit votre testament atteste par le fait même avoir vérifié votre identité et surtout, votre capacité à consentir ou refuser.
Plusieurs de mes clients âgés ou malades croient à tort qu'ils ne peuvent pas donner leurs organes. Vous seriez surpris de l'âge de certains donneurs! Selon certaines données fournies par Transplant Québec, le donneur de foie le plus âgé avait 88 ans et le plus jeune donneur avait 48 heures...
De plus, le don d'organes et le don de tissus sont deux choses totalement différentes et parfois, bien qu'il soit impossible de prendre les organes, certains tissus peuvent s'avérer très utiles. C'est donc dire qu'il ne faut pas sous-estimer l'impact d'un consentement et qu'il est préférable de laisser l'équipe médicale juger de la possibilité ou non du don.
D'autres clients sont plutôt apeurés par des histoires de légendes urbaines, à l'effet que le prélèvement se fait lorsque le patient est toujours vivant. Il est évident qu'il s'agit d'une fausse croyance et que le donneur doit avoir un diagnostic de mort cérébrale et doit faire l'objet de divers tests afin de s'assurer de cette mort. Loin de moi l'idée de m'improviser médecin et bien sûr, seul un spécialiste de la santé peut bien répondre à vos questions. Cependant, votre notaire pourra sans aucun doute vous rassurer sur les préoccupations que vous avez ou bien vous référer à la bonne personne pour vous répondre.