La
société est polarisante. On aime catégoriser les gens pour dépersonnaliser
ensuite leur vécu et les inégalités vécues. Ça nous aide à continuer de
profiter des privilèges dont nous faisons preuve, sans trop se questionner sur
l'inconfort, les violences ou la répression que notre confort personnel suscite
chez une autre personne. Je dis nous puisque, bien qu'étant une personne
non-binaire gaie, j'ai d'autres privilèges au niveau ethnique, économique et
des capacités qui m'impliquent dans cette dynamique.
Cette
fameuse polarisation nous permet de catégoriser la population comme
hétérosexuelle cisgenre d'un côté, faisant partie de la diversité sexuelle et
de genres, de l'autre. La réalité ne reflète pas ces catégorisations.
Il
est très rare qu'une personne soit à 100% hétérosexuelle comme on le véhicule
dans la société : sans expérience, sans questionnement, sans volonté de se
défaire d'une hétéronormativité étouffante. Il est important de mentionner que
ces dernières personnes, avec des expériences, questionnements et un style de
couple moins hétéronormatif peuvent s'identifier avec raison comme
hétérosexuelles, seulement, voici : il est faux de séparer de façon aussi
polarisée les « personnes de diversités » des personnes « normatives ». Il
existe autant de sexualités que de personnes.
D'abord,
une personne peut avoir des expériences ou questionnements sans que son
orientation en soit influencée, puisque contrairement à ce qui nous a été
socialement inculqué, il est bon de faire des expériences et de se questionner
sur nos désirs : tant que le consentement est exprimé de la part de toute
personne prenant part aux activités sexuelles et romantiques. Ensuite, cette
personne peut être non normative de plusieurs façons.
La
personne peut être attirée sexuellement et ou romantiquement par une ou
plusieurs personnes, d'un ou plusieurs genres. Elle peut également être attirée
par une personne agenre. Elle peut également ne pas éprouver d'attirance,
quelle qu'elle soit, mais tout de même vouloir être en couple, ou ne pas
vouloir être en couple du tout. La personne peut s'identifier comme homme,
femme ou personne non-binaire (à travers le spectre de non-binarité dont
agenre), tout en étant assigné à ce genre à sa naissance, ou affirmer son
identité de genres plus tard dans sa vie. La personne, tout en ayant une
orientation sexuelle et identité de genres normatifs, peut aussi désirer
exprimer son genre différemment en portant des vêtements non genrés ou dont
l'expression de genre n'a pas vraiment de lien avec son genre à lequel iel
s'identifie. Cette personne peut aussi choisir un style de couple moins
normatif ou conventionnel en ouvrant son couple, en étant polyamoureux.e ou en
ouvrant son couple à la possibilité de plus de 2 personnes (trouple, par
exemple, avec trois personnes en relation). Que de possibilités !
Au-delà
des orientations sexuelles et attirances romantiques, identités de genres,
expressivité de genres et styles de couples, il y a autant d'intérêts sexuels
qu'il y a d'humain.es. Certain.es préfèrent une sexualité plus routinière,
d'autres aiment y mettre plus de piquant. Ce piquant peut prendre plusieurs
formes. Encore une fois, tant qu'il y a consentement de toutes les parties et
plaisir de tous les côtés, c'est parfait. J'ajoute ici la notion de plaisir
pour parler d'un enjeu important : la fétichisation.
Fétichiser
une personne et avoir une relation sexuelle dépersonnalisée avec celle-ci
(cette personne n'est plus, dans la tête de l'autre personne, sa propre
personne mais bien le symbolique du fétichisme) est une façon d'objectifier son
partenaire. Il est rare que le consentement soit réel dans une telle relation
et il est important de s'assurer que les deux partenaires ont du plaisir dans
cette relation.
La
sexualité émancipatrice
La
sexualité ne devrait jamais être ressentie comme une obligation. Une relation
comprenant de la sexualité devrait respecter le rythme, les intérêts et les
énergies de chacun.e. Une personne dans une telle relation devrait avoir
l'opportunité d'explorer ce qui la rend heureuse au niveau de la sexualité et
ne pas ressentir le besoin de se cacher ou de se conformer à un certain
stéréotype.
À
trois, on se libère !
Ok,
donc, à trois on se libère et on nomme les préjugés qui nous étouffent.
Les
hommes cisgenres peuvent avoir une sexualité en occupant un rôle de «
soumission ».
Les
femmes peuvent occuper un rôle actif dans leur sexualité.
Les
personnes trans peuvent avoir une vie sexuelle sans être fétichisé.es.
La
sexualité peut être routinière tout en étant excitante.
La
sexualité à plusieurs n'est pas synonyme d'une sexualité débridée et n'a pas à
être hypersexualisée.
Tu
peux être une personne hétérosexuelle et faire partie des communautés LGBTQ+
d'une autre façon.
Tu
peux faire partie des communautés LGBTQ+ et avoir une sexualité normative, tu
peux aussi être une personne hétérosexuelle cisgenre et avoir une sexualité non
normative.
Ouf! Ça fait du bien
! Continuons de nous libérer dans la vie de tous les jours en communiquant avec
nos ou notre partenaire sur nos désirs et nos questionnements, mais surtout, en
priorisant nos questionnements et notre bonheur au désir de se conformer aux
attentes de la société.