Le nord.
Celui qui est magnétique, celui qui réfrigère, celui qu'on perd, c'est selon.
Mais, au
fond, l'appellation selon des points cardinaux est toujours relative. Ça dépend
toujours de ce à quoi on se compare. De ce qui sert de repère d'orientation.
Ces
temps-ci, le débat reprend quant à l'appellation Estrie ou Cantons-de-l'Est. Suffit
que quelqu'un invoque l'histoire pour qu'aussitôt, un autre invalide ces
référents. C'est Mgr Maurice-Obready qui avait proposé le nom Estrie. Je ne le
savais pas avant cette semaine. C'est l'union des mots est, comme point
cardinal, et trie, qui désigne une terre en jachère.
Au fond,
une terre en jachère est au repos, le temps de refaire ses réserves
essentielles à sa productivité. À ce titre, ça aurait marché d'accoler le mot
Estrie à Tourisme plutôt que Cantons-de-l'Est. La trie correspond exactement à
ce que décrètent les touristes et les nouveaux arrivants de notre région :
une terre propice au repos et à la remise en bon état de nos ressources
personnelles!
Mais l'est?
Quand on
jette un coup d'œil à la carte géographique du Québec, plusieurs incongruités
surgissent. Et c'est le propre de toute désignation basée sur les signes cardinaux :
ça ne dépend pas de l'endroit dont il est question, mais bien de l'endroit par
rapport auquel on se situe.
Pas
clair?
Voici
des exemples.
L'Estrie
(ou les Cantons-de-l'Est), est à bien à l'est, mais attention, seulement si on
isole la partie sud du Québec! Sinon, la Côte-Nord est bien plus à l'est que
nous le sommes!
À une
autre échelle, le Québec touche à une province de l'Est sans en être une de
façon nominative.
Une
ville sans sud
Dans le
même lot de ce qui semble incongru, Sherbrooke est une ville sans sud.
Prenons
mon exemple et faisons-le correspondre à la réalité de la façon d'exprimer les
quartiers à Sherbrooke : je suis « un p'tit gars de l'est ».
J'ai grandi dans l'ouest et je vis maintenant dans le nord.
N'importe
quel Sherbrookois peut se faire une idée de mon parcours avec ces indications.
Mais si vous ne connaissez pas Sherbrooke assez intimement, ce sera plus
difficile.
Je vous
explique. Deux rivières viennent se croiser au coeur de la ville de Sherbrooke :
la St-François et la Magog. Le quartier est de Sherbrooke est nommé ainsi par
rapport à la rivière St-François. Comme le secteur ouest.
Mais le
nord est nommé ainsi par rapport à la Magog!
Donc, à
Sherbrooke, tenez-vous bien, le quartier est, sur sa longueur, couvre le nord
et le sud de Sherbrooke. Mais il y a un hic : on n'a pas de sud! Le sud
serait déterminé par rapport à la Magog, mais ce territoire est l'ouest par
rapport à la St-François.
Donc,
j'ai grandi dans l'ouest, juste en face du nord! De quoi dérouter votre prof de
géographie!
Les
désignations, c'est comme la vie en général : on est tous le jeune de
quelqu'un et le vieux d'un autre. Comme chaque endroit est l'est d'un autre.
Pour en
revenir à Estrie et Cantons-de-l'Est, je dirais que si vous êtes le concepteur
graphique et l'imprimeur du CIUSS de l'Estrie, vous souhaitez la manne qui
arriverait si tout devenait Cantons de l'Est. Tout comme vous souhaitez
l'Estrie si vous avez le contrat de Tourisme Cantons-de-l'Est.
Encore
là, c'est selon le point de vue et le pont de comparaison!
Mais
au-delà de cette boutade, je proposerais le point de vue suivant (que certains
verront comme une boutade aussi...) : avant de changer le nom du CIUSS-Estrie,
peut-on régler l'aspect opérationnel de ce système de santé qui souffre? De ces
CHSLD associés qui vieillissent mal?
Et ne me
dites pas que c'est le principe des enveloppes budgétaires séparées : dans
une économie familiale, quand un problème majeur survient, on pige dans
l'enveloppe « vacances/loisirs »
sans hésiter. Après tout, les familles n'impriment pas les dollars.
Je « fais
simple », peut-être, mais il est
peut-être temps qu'on pense comme une famille. Juste avant qu'on ne perde
complètement le Nord.
Clin
d'œil de la semaine
Sherbrooke :
une ville chaleureuse sans Sud...