La fin de semaine dernière, j'ai dû tout arrêter dans ma petite vie, le temps d'assister aux funérailles d'une amie de notre famille. Une amie importante. Marquante.
Je dis que j'ai dû, mais comprenez-moi bien! Je n'aurais pas voulu être ailleurs!
C'est juste que les temps d'arrêt sont rares, de nos jours. Même arrêtés, on n'arrête pas. On en « profite » pour naviguer sur cette mer animée et invitante des médias sociaux, courriels et autres trucs du genre.
Mais là, c'était pas pareil. Avant la cérémonie, on nous a demandé de fermer nos appareils cellulaires. Nous voilà captifs d'une situation lors de laquelle il faut se réapproprier l'arrêt et l'introspection.
En sortant de là, je me suis dit que ça faisait du bien de s'arrêter un peu. Dans ce cas précis, retourner dans le passé de notre amie via les hommages entendus, c'était un peu revivre mes presque cinquante dernières années. Un beau moment qui m'a permis de bien classer, dans ma tête et dans mon cœur, les souvenirs que je voulais garder de notre amie.
Ce genre de moment où on se retrouve seul avec soi-même, même si on est entouré de tous les nôtres, ça vient bousculer des choses. Ça vient mettre des éléments en perspective.
La vie qui est courte, après tout, même si on vit vieux. Notre vie, celle de nos parents, de nos enfants. Le sens de tout ça...
Arrête pas, continue!
J'ai cette impression qu'on vit à grande vitesse un peu pour éviter les temps d'arrêt et les angoisses qui peuvent accompagner un élan de réflexion. Un peu comme une bosse qui nous pousse quelque part sur le corps et qu'on ne regarde pas trop en se disant « je ne m'occupe de rien, je continue, je n'arrête pas, ça va se régler tout seul! »
Trop occupés à courir nos vies bien plus que de les vivre, on finit souvent par négliger l'entourage, les amis, la parenté.
Étrangement, c'est souvent au salon funéraire qu'on réalise qu'on ne voit plus personne.
« Ouin, mais la vie va vite! »
Je sais bien...
« Arrête pas, continue! », c'est aussi une façon d'éviter de réaliser que notre société de surconsommation est incorrecte, que l'environnement souffre autour de nous et qu'on y est pour quelque chose.
Continuer de courir évite l'angoisse qu'on pourrait vivre en constatant que l'élection du 21 octobre est une démonstration de vide presque absolu.
Ne pas se permettre d'arrêter vient anesthésier nos vies, gelant nos angoisses potentielles et nous invitant à garder notre corps et notre esprit tellement occupés qu'on ne sent plus les conséquences des obstacles qu'on croise sur la route. D'ailleurs, quels obstacles? Tu as vu des obstacles, toi? Oui? Avance plus vite, ça passera...
Si ce n'était pas qu'un proche doive mourir pour que le temps d'arrêt soit imposé, je nous souhaiterais plus de funérailles! Plus de moments de captivité dans un espace physique qui défie l'espace-temps!
La messe, à l'époque, avait au moins ça de bon...
Clin d'œil de la semaine
La mort crée parfois un immense vide. Raison de plus pour ne pas fuir la vie pendant qu'elle nous habite...