Quand vivrons-nous dans une société qui respectera profondément les humains qui la composent nonobstant leur sexe, leur origine ethnique, leur religion ou leur couleur?
Si j'en crois les propos rapportés par Sophie Durocher de l'animateur Carl Monette de la station CHOI de Québec, c'est pas demain la veille! Exploration du monde des préjugés et de la bêtise mâle...
Un contexte gênant...
Dans sa chronique du samedi 22 novembre dernier dans Le Journal de Montréal, la chroniqueuse Sophie Durocher rapporte les propos inacceptables de l'animateur du midi à CHOI à Québec concernant les femmes. Des propos si odieux que je ne veux même pas les citer. Pour les curieux, je vous invite à lire la chronique de madame Durocher. Ça volait pas haut et la femme était reléguée à son rôle de femme de ménage et d'objet sexuel.
Le plus incroyable c'est que cet événement a eu lieu le 17 novembre sur l'heure du midi. Pas en 1940, mais en 2014. Pire encore, ces propos odieux de Carl Monette, s'inscrivent dans un contexte marqué par l'affaire Gomeshi, la suspension de deux députés libéraux par Justin Trudeau pour des fautes personnelles graves non divulguées et après le cri du cœur de milliers de femmes sur les réseaux sociaux dans le cadre de la campagne #agression non dénoncée.
La discrimination systémique des femmes au Québec
Au Québec, nous avons beau nous péter les bretelles avec notre caractère distinct et vouloir faire des lois pour exclure ceux qui sont différents de nous avec des chartes de pseudo-laïcité en nous drapant dans le grand principe de l'égalité entre les hommes et les femmes. Les femmes québécoises comme les autres femmes dans le monde sont victimes à des degrés différents d'une discrimination systémique au profit des hommes. Que l'on regarde le nombre de femmes sur les conseils d'administration, le nombre de femmes à l'Assemblée nationale du Québec ou au Parlement du Canada ou plus important encore leur rémunération qui est inférieure à celle des hommes, tous les indicateurs objectifs pointent vers une réalité têtue, il n'y a pas de réelle égalité entre les hommes et les femmes au Québec. Ce qui est vrai dans le monde professionnel l'est aussi dans la vie privée des femmes où elles sont victimes de marchandisation de leur corps, de violence conjugale et d'exploitation domestique.
Il y a eu progrès...
Bien sûr, chez-nous au Québec, il y a eu progrès et de nettes améliorations quant à la question d'une plus grande égalité des femmes avec les hommes. Je ne veux pas le nier, mais je préfère que les principales intéressées le disent et en fassent elles-mêmes le constat. Cela vaut beaucoup mieux que l'évaluation qu'en feraient les biens pensants, les thuriféraires d'une société patriarcale pour s'en faire une fierté. Comme si nous devions nous féliciter d'avoir un comportement normal et acceptable.
Une chose est certaine, je ne peux pas voir de progrès véritable tant et aussi longtemps que des femmes, il y en aurait juste une et cela serait inacceptable, continueraient d'être harcelées dans leur milieu de travail, ennuyées par des remarques ou des attitudes qui les relèguent au rang d'objet sexuel ou du désir machiste des hommes.
Je ne pourrais pas croire à un véritable progrès de l'égalité des hommes et des femmes au Québec tant et aussi longtemps que nous continuerons à tolérer l'existence de blagues sur les grosses, les belles fesses, les beaux bébés dans nos milieux. Qui de nous n'a jamais répété pour faire le drôle des blagues à caractère sexiste? Qui de nous n'a pas fait de commentaires sur les attraits physiques de l'une ou l'autre de nos collègues féminines dans des conversations entre gars pour prouver notre virilité et notre condition de mâle? Je vous fais grâce des blagues sur les homosexuels. Cela est une autre question qui mériterait à elle seule une chronique.
Tolérance zéro à l'inacceptable
Le plus beau cadeau que nous les hommes pouvons faire à toutes les femmes du Québec dans leur combat légitime pour l'égalité c'est d'adopter une politique de tolérance zéro envers les blagues sexistes. C'est de dire non à la discrimination des femmes dans les milieux de travail. C'est de partager les tâches de la vie commune avec nos conjointes en toute équité. C'est de s'occuper de l'éducation de nos enfants et surtout c'est de cesser de colporter que les hommes et les femmes sont complémentaires, la femme pour le ménage et les enfants et les hommes pour la conquête du monde.
J'ai des petites filles, toutes petites, Pénélope, Zoé, des plus grandes, Gaëlle et Phanie-Maude. Elles ont entre 2 et 22 ans. Elles ne méritent pas de vivre dans un monde où leur sexe sera une prison de discrimination. Ma fille Émilie a le droit de vivre une vie sans avoir peur de se promener seule dans les rues de sa ville. Les femmes que j'ai aimées et celle que j'aime ont le droit à vivre une vie digne dans l'égalité.
Le silence complice
Nous, les hommes, avons le devoir de dire NON à toute forme de discrimination envers les femmes et nous devons dénoncer haut et fort les imbéciles qui profèrent des insanités sur les femmes comme l'animateur Carl Monette de CHOI Québec. Savez-vous ce qu'a fait son patron Raynald Brière, président de RNC Média, il a eu une discussion franche avec son animateur et celui-ci pense qu'il le regrette et qu'il ne le fera plus (Sophie Durocher, Le Journal de Montréal, 22 novembre 2014, p.10).
Ce n'est pas suffisant monsieur Brière, une politique de tolérance zéro nécessite son congédiement pas une simple discussion. La société québécoise mérite mieux en matière d'égalité des femmes et des hommes que le silence complice des hommes envers l'inacceptable. Non, monsieur Monette, les femmes ne sont pas faites que pour faire le ménage. Je vous suggère un livre pour essayer de comprendre votre imbécillité, celui de Martine Delvaux, Les filles en série. Un bon début pour prendre conscience que nous avons le devoir de mettre fin en matière d'égalité des sexes à la collusion des gars...
Lectures recommandées :
Martine Delvaux, Les filles en séries. Des Barbies aux Pussy Riot, Montréal, les éditions du Remue-ménage, 2013, 225 p. Sophie Durocher, « Le ménage c'est pour les femmes? » dans Le Journal de Montréal, samedi 22 novembre 2014, p. 10.