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Choisir la vie

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 2 février 2022

Au moment où les médias focalisent notre attention sur une caravane de camionneurs qui prend d'assaut la capitale nationale du Canada et où notre degré d'écœurement envers toutes mesures sanitaires atteint son paroxysme, notre attention envers la crise climatique est réduite à sa plus simple expression. Pourtant, la crise climatique est le plus grand enjeu auquel est confrontée l'humanité entière. C'est le plus grand champ de bataille de notre histoire : le vivant contre les pulsions de destruction de la planète. Il est urgent que la question des changements climatiques devienne le centre de notre attention. La crise actuelle de la pandémie de la COVID-19 est de la petite bière si l'on compare aux défis que poseront les changements climatiques à notre vie dans les prochaines années.

Le constat est implacable

Les faits et les chiffres sont incontestables. Le réchauffement de la planète s'accélère. Les inondations, les sécheresses, les feux de forêt, les ouragans, les tornades sont des phénomènes familiers aujourd'hui. La Colombie-Britannique, la Californie en ont subi les conséquences dans la dernière année avec les feux de forêt et les inondations qui ont dévasté ces territoires. Nous n'en sommes plus à débattre des causes. Nous les connaissons. Nous ne pouvons plus accepter les demi-mesures ou les faux débats sur la possibilité de donner à la fois dans le développement économique tous azimuts et dans la protection de l'environnement. Nous n'en sommes plus là. Il faut agir et agir maintenant. Il faut changer le monde. Il faut prendre parti pour le vivant contre les mauvais choix du passé. Bien sûr, prendre parti pour le vivant ne se fera pas sans heurts. Cela bouleversera notre vie comme nous la connaissons aujourd'hui. Ces grands bouleversements sont nécessaires si l'on veut sauver l'humanité de sa disparition.

Commençons chez nous...

Je sais. Ce problème de la crise climatique est bien plus grand que nous. Même si le Québec et le Canada avaient un bilan de zéro émission de gaz à effet de serre, cela ne changerait rien au sort de l'humanité si de grands pays comme la Chine, l'Inde et les États-Unis ne font rien pour enrayer la progression du CO2 dans l'atmosphère. Ce n'est pas un hasard si les pays par de grandes messes tentent d'adopter des orientations pour freiner la progression de cette crise. Comme ces accords ne sont pas contraignants, ces accords aussi encourageants puissent-ils être au moment de leur adoption finissent en queue de poisson, car aucun État ne les respecte.

C'est pourquoi il faut agir pour l'humanité et se doter d'une puissante diplomatie anti-crise du climat pour convaincre et persuader les pays de la planète d'emboîter le pas. Il faut dire que se donner en exemple est la meilleure des diplomaties. Ce qui n'est pas le cas en ce moment pour le Canada. Malgré les beaux discours du premier ministre Justin Trudeau et la crédibilité que lui donne la présence de l'écologiste Steven Guilbault à son conseil des ministres, les résultats tangibles sont décevants. Les cibles sont toujours reportées alors qu'il faut agir dès aujourd'hui. Ce qui est vrai pour le Canada ne l'est pas moins pour le Québec. Privilégié par la présence sur son territoire d'une énergie propre en grande quantité, le Québec n'a pas profité de cet atout incroyable pour devenir un exemple à suivre. Nous nous sommes plutôt attardés à négocier une réduction pancanadienne qui affecterait le moins possible notre développement économique. Bref, à vouloir faire une transition la plus douce possible d'une économie carbone à une économie durable, nous sommes prêts à perdre notre avantage comparatif du début. L'urgence d'agir sera réalité plus tôt que tard et nous vivrons cette transition en mode crise plutôt qu'en mode changement. Si certains se rebiffent aux limitations actuelles qu'impose l'observance des mesures sanitaires liées à la crise de la pandémie, ils seront révoltés des mesures qui seront nécessaires pour faire face aux catastrophes engendrées par les conséquences de la crise climatique. Vaut mieux agir maintenant par choix que plus tard par nécessité. Cela semble pourtant facile de choisir le vivant plutôt que nos pulsions de mort destructrices liées à notre monde d'hyperconsommation et d'inégalités sociales et économiques.

Le courage

Certes, changer. Prendre parti du vivant demande beaucoup de courage et aussi une certaine abnégation sur des aspects actuels de nos modes de vie. Nous ne pouvons pas changer sans que cela affecte nos modes de vie actuelle. La vie bonne comme nous l'imaginons aujourd'hui et comme nous l'ont vendu les millions de publicités qui ont construit notre imaginaire actuel doit être réinventée. Un livre récent des économistes François Delorme et Gérald Filion est instructif à plusieurs égards. Ils démontrent un portrait réaliste des choix qui s'offrent à nous. Il faut le dire malgré certains aspects positifs, le constat général est plutôt pessimiste. Dans les faits, la démocratie est en jeu. Les inégalités sociales et économiques augmentent. La chute de la confiance de la population dans les institutions est évidente. Cela ne peut pas être plus évident si l'on scrute le discours des antitout dans le cadre de la présente crise sanitaire. Les médias et leur manière populiste de nous raconter notre quotidien, les faux-fuyants des discours politiques, les discours de haine attisés contre l'Autre, celle ou celui qui est différent, constituent un cocktail dangereux pour l'avenir de nos démocraties, mais aussi pour celle de l'humanité. Il est clair que nous avons besoin de plus en plus de courage et d'ambition. Nous avons aussi l'obligation d'innover pour redonner de l'espoir à notre jeunesse afin de nous en sortir ensemble. Nous le devons à nos enfants et nos petits-enfants. Il faut dire avec la jeune écologiste suédoise Greta Thunberg « No more bla bla bla ».

Un exemple de courage politique : Évelyne Beaudin

Un exemple de ce type de courage et d'ambition nous a été donné récemment par la nouvelle mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin, qui malgré une entente préalable négociée avec des citoyennes et des citoyens concernant la réglementation sur les berges de nos rivières, a décidé de la rompre pour préserver la vitalité de nos cours d'eau. On se rappellera que la fonction publique de la Ville avait recommandé au nouveau conseil élu en novembre dernier de procéder à certains assouplissements, surtout pour les propriétés à petite superficie. De nombreux nouveaux élus n'étaient pas à l'aise avec les ajustements proposés à la séance du 22 novembre. La mairesse Beaudin avait exprimé son désaccord avec les recommandations du bureau de l'environnement. Fidèle à la position qu'elle avait prise alors qu'elle siégeait comme conseillère municipale, madame Beaudin pensait qu'il fallait raffermir ces normes. Je sais, certains plaideront pour les droits acquis ou les droits de propriété. J'en suis, mais agir contre les changements climatiques n'est pas un menu de grands restaurants. Il faut prendre toutes les actions nécessaires. À mon sens, la protection des berges de nos cours d'eau est un minimum.

Voilà un exemple de courage nécessaire et d'ambition de nos politiciens si l'on veut vraiment choisir la vie...


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