Remplacer un vieux système de chauffage est un investissement important qui peut se révéler judicieux en matière d'économies d'énergie et de réduction des coûts de chauffage. Selon le système choisi, le retour de l'investissement peut être assez long ou très rapide. Examen de la situation.
Avant de procéder au remplacement, l'entrepreneur doit faire un calcul des besoins en chauffage (calcul de charge, norme CSA F-280). « Depuis l'installation du système de chauffage d'origine, des changements peuvent avoir été faits à l'enveloppe du bâtiment (ex. : remplacement des fenêtres, isolation des combles sous la toiture), fait observer Henri Bouchard, directeur technique à la Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie du Québec (CMMTQ). L'appareil de combustion peut ainsi être surdimensionné par rapport aux besoins réels en chaleur. » Pour faciliter cette opération, la CMMTQ fournit à ses membres un calculateur de pertes et de gains thermiques.
La conversion à l'électricité
Une fois cette opération réalisée, l'entrepreneur peut procéder à la conversion. Il s'agit le plus souvent du remplacement d'un système au mazout par un autre à l'électricité ou au gaz naturel. « Ce changement se fait souvent au moment où l'assureur demande à son client de changer son réservoir de mazout parce qu'il n'est plus sécuritaire et risque de fuir », affirme Pierre Potvin, directeur des ventes chez Tranclimatisation, une entreprise spécialisée dans la conversion de systèmes de chauffage.
La première chose à vérifier est l'intensité de la boîte électrique de la maison. « Souvent, à 100 ampères, elle est insuffisante : il faut alors la doubler, poursuit Pierre Potvin. Cette opération coûte environ 2 000 $ et doit être faite par un entrepreneur en électricité certifié et détenant une licence de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ). Ensuite, il faut retirer la vieille chaudière au mazout et la remplacer par une chaudière électrique. Le coût est d'environ 3 500 $. »
Que le système soit à air pulsé ou à l'eau chaude, le nouvel appareil permet généralement de conserver tous les conduits, les bouches d'air (pour l'air pulsé) ou les radiateurs (pour le système à l'eau chaude). La conversion pour un système à air pulsé est effectuée par un ferblantier, alors que celle pour un système à eau chaude est faite par un plombier spécialisé en chauffage.
Un problème peut survenir en cours d'installation. « Le diamètre des conduits peut ne pas être adapté au nouveau système installé, avise Henri Bouchard. Cela se produit surtout dans le cas de systèmes à air pulsé. Dans ce travail de conversion, le client en profitera généralement pour combiner chauffage et climatisation. Or, il arrive souvent que le diamètre des conduits soit trop petit pour amener suffisamment d'air froid dans toutes les pièces. Il faut alors grossir leur diamètre en tenant compte des nouveaux besoins en climatisation. »
Le coût total pour cette opération varie entre 7 000 $ et 9 000 $, estime Pierre Potvin. Une option encore plus écoénergétique consiste à installer une thermopompe en plus de la chaudière électrique. Le choix d'une thermopompe à haute efficacité de deux tonnes, capable de fonctionner jusqu'à une température de -25 degrés Celsius, coûtera environ 12 000 $ pour l'ensemble de la conversion.
Pour diminuer un peu les frais de conversion, des subventions sont disponibles. Pour la conversion d'un système au mazout à l'électricité, le programme « Chauffez vert » offre 1 275 $ pour un bungalow. À cela, il peut s'ajouter 650 $ si le client choisit d'installer une chaudière Energy Star répondant aux normes du programme Rénoclimat. Aide financière totale : 1 925 $. Des subventions sont aussi disponibles pour les maisons jumelées ou en rangée, les duplex et triplex, ainsi que les immeubles à logements multiples.
Pour un bungalow, la même subvention de 1 925 $ est disponible lorsqu'il s'agit de remplacer un système au mazout par une thermopompe à air.
Les systèmes avec thermopompe à haute efficacité et les systèmes combinés électricité + thermopompe à haute efficacité offrent un très bon retour sur l'investissement. L'économie en coûts de chauffage peut varier entre 50 et 60 % dans ces cas.
Le choix de la biénergie
L'installation de la biénergie (mazout + électricité est la combinaison la plus courante) est aussi une autre option. Dans ce cas-là, on conserve la chaudière, sauf si elle est très vieille, et on ajoute une thermopompe. Pour un bungalow, cela coûte environ 6 500 $.
Ce choix peut également s'avérer avantageux dans un immeuble à logements multiples, affirme Pierre Potvin. Son entreprise a déjà installé ce système dans un immeuble de huit logements pour la somme de 8 000 $. Dans ce cas, une seule chaudière alimentait les huit logements.
La conversion au gaz naturel
Une autre conversion populaire est le passage du mazout au gaz naturel. L'entreprise Gaz Métro offre des subventions pour la conversion de systèmes au propane, au mazout et à l'électricité en un système au gaz naturel, mais la conversion la plus populaire demeure celle d'un système au mazout en un système au gaz.
Un propriétaire qui possède un système de chauffage à air pulsé pourra bénéficier d'une subvention de 900 $ à l'achat d'un système à air pulsé fonctionnant au gaz naturel. Pour une résidence alimentée par un système à eau chaude, la subvention s'élève à 1100 $. De plus, si le propriétaire fait l'achat d'une chaudière à eau chaude à haute efficacité, il aura droit à un rabais additionnel de 900 $.
Enfin, cette nouvelle chaudière permet au propriétaire, s'il le désire, d'installer des planchers chauffants hydroniques. Après l'octroi de la subvention, l'opération revient à 6 000 $ pour un système à eau chaude et un peu moins pour un système à air pulsé.
Il faut cependant creuser une tranchée pour raccorder la résidence au réseau de Gaz Métro. Il faut ensuite installer un compteur à l'avant de la résidence. Le coût de ce travail est de 300 $.
Le travail de branchement et de changement de chaudière est supervisé par Gaz Métro et réalisé en partenariat avec des entrepreneurs en chauffage membres de la CMMTQ.
La conversion à la géothermie
La conversion la plus coûteuse reste celle qui consiste à changer un système de chauffage au mazout, au propane, au gaz ou à l'électricité en un système géothermique. Le premier type de conversion (mazout) est cependant le plus intéressant en raison des économies en combustible qu'il permet. « Grâce à cette conversion, on aura un système qui chauffe et climatise à la fois. C'est l'avantage de la géothermie, qui puise la chaleur dans le sol l'hiver et la fraîcheur l'été, » souligne Denis Tanguay, PDG de la Coalition canadienne de l'énergie géothermique (CCEG).
Selon Denis Tanguay, la différence entre les coûts d'installation d'un système de chauffage au gaz et de celle d'un système géothermique est d'environ 15 000 $. Installer la géothermie coûte entre 28 000 $ et 30 000 $, alors que l'installation d'un système au gaz, sans climatisation, coûte 12 000 $. La subvention combinée de « Rénoclimat » et de « Chauffez vert » permet de réduire de 6 640 $ le coût de l'installation si le système à convertir est au mazout et de 3 390 $ si le système est à l'électricité. « Grâce à ces subventions, le retour sur l'investissement d'un tel système comparativement à celui d'un système au gaz incluant la climatisation peut s'étaler sur une période de sept à huit ans, » dit-il.
Le coût de la conversion peut toutefois être nul si le client choisit la proposition de l'entreprise Marmott Énergies. Cette entreprise offre une formule où elle prend en charge l'investissement de l'installation de la géothermie chez le client. « Nous faisons l'installation du système, clés en main, et prenons en charge l'entretien préventif (ex. : évaluation de la pression, remplacement de filtres), mentionne Nathalie Tremblay, présidente fondatrice de Marmott Énergies, qui a déjà réalisé plusieurs conversions de systèmes au mazout dans les quartiers centraux de Montréal depuis 2012 (ex. : Plateau Mont-Royal, Ahunstic).
L'entreprise peut aussi remplacer une thermopompe lorsqu'elle est rendue en fin de vie. En contrepartie, Marmott Énergies demeure propriétaire de l'installation géothermique et demande des redevances au client. « Nous devenons le fournisseur d'énergie, et les frais facturés sont inférieurs à ceux de toute autre forme d'énergie », explique Nathalie Tremblay.
Les travaux permettant de faire cette conversion consistent d'abord à effectuer un forage à proximité de la maison. L'opération prend deux jours. Ensuite, l'entreprise installe les tuyaux sous la ligne de gel, dans une tranchée, pour faire le lien entre la maison et le puits. À l'étape suivante, une deuxième équipe de frigoristes procède au retrait de l'ancien système. Elle le remplace par une thermopompe géothermique et un thermostat intelligent qui permet de contrôler la température à distance. Cet appareil émet même des alertes lorsque des anomalies sont décelées, comme des baisses de température. »
Selon Nathalie Tremblay, le système le plus avantageux à convertir est un système à air pulsé, car il n'exige aucune modification. Les clients qui chauffent au mazout sont ceux qui y gagnent le plus. Elle ajoute qu'il est aussi possible de convertir un système à air pulsé électrique ou à eau chaude moyennant une contribution de moins de 5 000 $ pour une maison de grandeur moyenne.
Voilà ce qui complète le tableau quand vient le temps du remplacement d'un système de chauffage sur la base d'une conversion d'un système alimenté au mazout ou à l'électricité en un système au gaz naturel ou à l'énergie géothermique. Il existe aussi d'autres options plus marginales, comme l'énergie solaire, le chauffage au bois, à la biomasse ou à la vapeur, mais celles-ci doivent être évaluées cas par cas.
Source : Magasine Québec Habitation Novembre-Décembre.