C'est
arrivé tantôt. Je me suis dit : « Cibole... »
Je
lisais les journaux du jour sur ma tablette et ce titre du Journal de Montréal me
surprend : « Le Canadien près d'un désastre
jamais vu au 21e siècle »
On ne
parle pas ici d'un génocide, d'une action inhumaine et innommable, d'un feu de
forêt dévastateur. Nenon! On parle de la possibilité de perdre une série finale
en 4 matchs.
Cibole!
Le
Canadien qui se faufile loin en séries
Le sport
professionnel tient une place de choix dans la vie de plusieurs sociétés.
Résolument dopés à l'argent et au marketing, les succès ou les insuccès d'une
équipe ont un certain impact sur l'humeur collective. Pendant un temps, en tous
les cas. Je suis sûr que des chercheurs s'intéressent au phénomène encore
aujourd'hui.
Déjà,
une centaine d'années apr. J.-C. (Jésus Christ, l'ancêtre de Jesus Price!), le
poète et satire Juvénal parlait « du pain, et des jeux ».
J'interprète librement : tant que le peuple a de quoi manger et des jeux
pour se regrouper, tout va. Même si ça peut parfois être bien malsain.
Au
sortir d'une réclusion toute pandémique, effectivement, on sent une vague de
bonne humeur quand on voit les joueurs du Canadien déjouer les statistiques et
se faufiler, à coups d'efforts remarquables, jusqu'à la série finale.
Cette
bonne humeur est aussi dopée par les médias, tout cela étant.
Des
médias à caractère sportif qui n'hésitent pas à mettre en ondes 5 ou 6 heures
de jasage plus souvent insipide par jour! Par jour! Qu'il y ait match ou pas!
Une
autre paire de manches!
Un
exemple qui sème en moi un certain désarroi :
« Le
Canadien est entré de peur dans les séries. Mais là, contre Toronto, c'est une
autre paire de manches! », analysait-on.
Puis...
« Le
Canadien a su profiter d'une sorte de culture défaitiste qui draine les Leafs... Mais
là, contre Winnipeg, ce sera une autre paire de manches! »
Quatre
matchs plus tard : « Le Canadien rivalisera avec la
puissante machine de Las Vegas. Ce sera une autre paire de manches! »
« À
coups d'efforts, le Canadien est en finale. Mais là, contre Tampa, ce sera une
autre paire de manches! ».
Une
chance qu'on ne parle pas de baseball, où les manches ne viennent pas en
paires!
Trop
comme pas assez...
J'écris
ceci alors que Tampa Bay mène 3-0 dans la série.
Et je
constate que, bien que dopée par les machines médiatiques et sportives
destinées à accumuler les profits, l'humeur collective apporte ses bons et
mauvais côtés. La joie saine qui regroupe les gens autour d'une activité
commune d'un côté, les abus de langage et les commentaires haineux et violents
des médias sociaux de l'autre côté.
Pour
faire image, ça me fascine de constater que je puisse être, pour certains qui
me connaissent, un partisan du Canadien depuis plus de 50 ans (je n'ai pas
commencé à la naissance, quand même!) et qu'en même temps, que pour un paquet
de monde qui ne me connaissent pas ou peu, je puisse être un « estie
de fefan fini qui prend pour une équipe d'esties de loosers qui n'ont fait et
ne feront jamais rien de bon! ».
Fascinant...
Au gré
des déclarations incendiaires et sans se soucier qu'il est étrange de dire tout
et son contraire en dedans de 24 heures, les « joueurnalistes »
s'égosillent. Leur plan de match est simple : aller chercher des cotes
d'écoute. Ce sont ces cotes qui nourriront l'objectif ultime : faire de
l'argent vite. Et beaucoup.
Se
définir comme partisan
J'ai
choisi d'être un partisan plus silencieux, depuis quelques années. Je me
trouvais ridicule de participer à des discussions où tout le monde peut
s'apostropher plus ou moins poliment (plus souvent moins!) sur un sujet comme
ça.
L'affaire,
c'est que tout n'est qu'émotion, dans ces discussions qui n'en sont pas. Et qui
dit émotion, dit absence totale de recul. Des amitiés se sont brisées sur des
quiproquos sportifs.
Plusieurs
pays d'Europe vivent le même phénomène autour du soccer. Comme ici, les
partisans sont intensivement bipolaires par rapport à leur équipe. Dépendamment
du score, on congédie tout le monde ou bien on les traite comme des dieux.
Garder
le beau...
Ça
aussi, c'est une décision que je prends : vivre et apprécier ce moment où
la détermination fait une différence. Où la cohésion d'une équipe démontre
clairement qu'elle est plus forte que les talents individuels. Où les preneurs
aux livres sont déjoués, ce qui signifie qu'une analyse algorithmique n'est pas
garante du résultat du match qui se joue sur la glace.
Je
décide de retenir que, dans une équipe, quand le plaisir (palpable chez les
joueurs du Canadien) est de la partie, le champ des possibles s'ouvre grand
devant.
Pour le
reste? On verra : ce n'est pas fini tant que ce n'est pas fini, disait
Yogi.
Demandez
aux Leafs!
Mais ça,
vous me direz, c'est une autre paire de manches...
Clin
d'œil de la semaine
Entendu
à la radio, lors d'une "ligne ouverte", au hasard d'une sortie en
voiture en soirée de l'hiver dernier : « Là,
va falloir congédier Geoff Molson, ça a pu de bons sens! »
Je ne
suis pas expert, mais me semble qu'il serait de mise de lui demander la permission,
avant...