Bonjour chers lecteurs,
Cette semaine, je vous amène de l'autre côté de la planète, sur l'île de Bornéo, dans la région de Sabah, une perle de la Malaisie. Bornéo est la quatrième plus grande île de la planète, elle se situe directement sur l'Équateur, donc la végétation y est luxuriante. La grande majorité de l'île appartient à l'Indonésie, qui l'exploite énormément au niveau forestier, c'est pourquoi j'ai opté pour le côté qui appartient à la Malaisie : il est rempli de parcs naturels et de zones protégées. C'est l'endroit idéal pour faire un trip nature! Sur la pointe nord-est de l'île se trouve la province de Sabah peuplée d'environ trois millions d'âmes.
J'y suis allé il y a deux ans, lors d'un voyage plus long en Asie du Sud-est, avec ma conjointe et de bons amis : Yannick, Stéphanie et Antoine. Nous sommes atterris à Kota Kinabalu, la plus grande ville de la région et la capitale... Une ville moyennement intéressante, mais qui te fait sentir loin de chez toi et qui a un arrière-plan plus qu'impressionnant : la deuxième plus haute montagne d'Asie du Sud-Est, un volcan endormi au sommet dégarni portant le même nom que la ville! Après une heure ou deux de recherche, nous avons réussi à nous trouver des chambres d'hôtel vraiment abordables; elles nous ont servi de point de départ pour les activités à faire aux alentours. Tout d'abord, nous sommes allés faire une journée d'exploration sur les belles îles au large de Bornéo, celles-ci portent des noms exotiques comme Mamutik, Sulug ou Manukan. Sur place, il y a des petites cantines, des tables de pique-nique, des toilettes, un débarcadère où attendent des navettes permettant de sauter d'une île à l'autre quand l'envie nous prend. Bienvenue en Malaisie, le pays le mieux organisé de la région! Un peu de plongée en apnée avec les tortues et les beaux poissons tropicaux colorés, pour le plongeur que je suis, je ne pouvais demander un meilleur prologue.
Quelques journées plus tard, nous nous sommes dirigés vers le mont Kinabalu (4100 m), proéminence majestueuse au cœur de la forêt équatoriale! Il fallait réserver plusieurs mois à l'avance dans le but d'avoir un permis pour l'expédition ainsi qu'un endroit à dormir dans un refuge à mi-chemin. Nous sommes partis tôt le matin dans le but d'éviter le lourd soleil de la région, et avons monté le sentier boueux, entremêlé de racine, avec un guide (obligatoire) qui nous expliquait plusieurs particularités de la végétation environnante. Ce fut un vrai plaisir d'observer ces grosses plantes carnivores, ces fougères exubérantes, ces fleurs multicolores et ces lianes qui rappellent que chaque espèce ici est en lutte constante pour sa survie. Lorsque nous sommes arrivés au campement en après-midi, la végétation avait changé, raccourci, ratatiné; nous pouvions enfin voir le sommet du mont Kinabalu que nous attaquerions le lendemain. Nous étions déjà rendus à une assez bonne hauteur pour voir le coucher de soleil au-dessus des nuages! Après un bon souper, direction le lit, car le lever allait être très tôt : 3 h 30! C'est dans la noirceur que nous avons entamé le trek final vers la cime, nous suivions notre guide à travers certaines crevasses qui nous menèrent tout d'abord au « Ugly Sister », un pic qui rappelle les origines volcaniques du massif. Ensuite, arrivés au sommet, le vent était glacial, même si à la base il faisait 30 °C, là-haut nous étions plus près des températures négatives. Après m'être taillée une place à travers une cohorte de Chinois et avoir soutiré quelques clichés à cette belle montagne, nous avons convenu qu'il était temps de redescendre puisque la route allait être longue jusqu'au quartier général du parc national. La vue était incroyable, j'avais de la difficulté à arrêter de prendre des photos!
En autobus de nuit, conduite par un homme qui croyait sûrement faire partie d'une course de Grand Prix, nous nous sommes ensuite dirigés, vers les fameuses îles à la frontière de la Malaisie, des Philippines et de l'Indonésie : Sipadan et Mabul. C'est une réserve naturelle marine, l'un des rares « Hope Holes » (fosses de l'espoir) qui se trouvent sur notre planète. C'est une pouponnière pour plusieurs espèces marines et un abri pour les créatures les plus rares qu'on puisse trouver. J'y ai fait six plongées, dont une de nuit... Très loin d'être la plus sécuritaire que j'ai faite dans ma vie... à éviter! Cependant, celles de jour étaient mémorables. J'ai pu voir des syngnathes, des crevettes combattantes, d'immenses murènes, des barracudas, des gaterins juvéniles, des seiches multicolores, des raies de toutes les sortes et j'en passe. Selon l'explorateur Jacques Cousteau, Sipadan est l'« œuvre d'art inviolée » du monde marin, et figure souvent au sommet des plus beaux sites de plongée! Nul besoin de vous dire que j'en ai eu plein les yeux durant ces 4 jours au large. J'avais réservé des petites chambres dans un bâtiment sur pilotis qui avance vers la mer. Vraiment spartiates, elles convenaient cependant à ce que nous voulions y faire : dormir.
Durant deux des nuits sur l'île de Mabul, il y a eu des tempêtes... La mer agitée venait frapper sous nos pieds et nous empêchait parfois de fermer l'œil. Le reste de notre temps sur l'île, j'allais visiter certaines plages et des villages plus ou moins improvisés. Loin d'être les plus propres qu'il me fut donné de voir, ces villages souvent illégaux de ressortissants philippins ne seront plus tolérés longtemps ici, me fait savoir une responsable d'un centre de plongée local. En effet, les autorités de Malaisie sont en voie d'expulser ces pauvres gens qui s'installent sans autorisation un peu partout sur les rives de cette partie de Bornéo, et qui ne partagent pas du tout la même opinion sur la façon de disposer adéquatement de l'environnement.
À notre retour nous trouvions que le bateau qui nous ramenait sur la terre ferme n'avait pas l'air d'être très solide et cela nous a tenus en état d'alerte durant une heure trente; comble du sort, deux semaines plus tard on nous annonce qu'il avait coulé...
Ça incite à porter plus attention la prochaine fois avant d'accepter d'embarquer sur un rafiot du genre. Avant de quitter la belle région de Sabah pour Bali, nous sommes allés à la recherche de crocodiles et de singes nasiques en bateau à travers les mangroves autour de Semporna. Peu fructueuse en termes d'observation animale, cette balade valait la peine pour les paysages de fou, les bons moments entre amis, ainsi que pour l'excellent repas traditionnel de poissons qui nous était servi au retour.
À vous maintenant de vivre les expériences que vous propose ce fier et accueillant peuple Malais! Franchement une destination qui vaut le détour, croyez-moi!