Samedi
soir. 21h30. On rentre d'une visite chez des proches. Des proches juste assez
loin pour un peu hors de Sherbrooke!
En
début d'après-midi, au moment de s'y rendre, le gouvernement annonçait un
octroi de 250 M $ sur 5 ans pour sécuriser la ville de Montréal qui a été le
triste théâtre de deux meurtres en 30 minutes, le premier n'étant pas lié au
deuxième. Qui plus est, d'autres coups de feu ont été entendus dans les jours
suivants.
L'annonce
s'est faite rapidement. Un samedi. La raison est simple : le jour suivant,
le Québec sera plongé dans un processus électoral. Éthiquement parlant, qu'un
gouvernement qui veut être réélu se mette à distribuer les dollars en campagne
électorale serait douteux. Et il y avait urgence d'agir.
Je
reviendrai sur cette urgence.
Donc,
il était 21h30, environ, quand nous sommes rentrés en ville.
Des
affiches électorales poussaient devant nos yeux. Les bénévoles des différents
partis se bousculaient aux endroits qu'ils avaient préalablement identifiés
comme des points stratégiques.
Je
vous propose ici des réflexions à chaud, en début de campagne.
Trop,
c'est comme pas assez
Quand
un poteau sur deux propose le même visage, je me dis que c'est trop. Au premier
coup d'œil, samedi soir, j'avais ce sentiment qu'on voulait m'enfoncer quelque
chose dans la gorge. J'en ai encore pour plus de trente jours!
Les
bénévoles...
Quel
que soit le parti, je me dis qu'il y a quelque chose de sain dans cette
implication citoyenne envers un parti ou l'autre. Il y a une dynamique derrière
ce déploiement d'affiches. Je sais que plusieurs bénévoles s'impliquent par
conviction pour le programme électoral proposé. D'autres prennent plaisir à
organiser la course électorale comme telle.
Les
motivations sont personnelles et c'est bien ainsi. Il n'en demeure pas moins
que sur un parcours de 3 ou 4 kilomètres, samedi, on a croisé quelques dizaines
de bénévoles. Un samedi soir, me répété-je!
...et
l'expression d'un privilège
La
vue de ces bénévoles m'a rassuré et fait prendre conscience de plusieurs
éléments qui me semblent importants. Je suggère une courte énumération :
- Le pouvoir de
s'exprimer est primordial et existe bel et bien, malgré ce que prétendent les
tenants de la version selon laquelle nous vivons dans une société qui brime
l'ensemble des libertés individuelles.
- Le système
démocratique vit bien quand il est habité par une diversité de voix. Comme
citoyens, nous avons une responsabilité en lien avec l'expression même de cette
diversité.
- « De toute façon,
on ne peut jamais rien changer! »
Je comprends qu'on puisse se sentir désabusé. Mais le repli sur soi
n'est pas aidant. Je pense qu'on peut influencer les choses. L'actuel
gouvernement a été élu, en 2018, malgré qu'il n'avait pas parlé d'environnement
durant toute la campagne. La force des pressions populaires lui a forcé la main
et, finalement, certains gestes ont été posés. On sent encore que ce
gouvernement n'est pas à l'aise avec le concept, mais il a bougé un peu.
Ça
me ramène à l'urgence d'agir dont je parlais en début de chronique. De l'aveu
même de la mairesse de Montréal, l'annonce est le fruit de quelques années de
discussions. On peut le voir de façon cinglante en disant que ça prenait des
morts pour réagir, tout comme on peut se dire que, si des pans de la société se
liguent, on peut influencer les choses.
- Je trouve que le
système électoral, avec ses forces et faiblesses, demeure un privilège en soi.
Je regarde ailleurs dans le monde, et je préfère avoir une certaine voix au
chapitre ici, tout compte fait. Mais je me dis aussi qu'un privilège vient avec
une responsabilité. La première demeure celle de s'intéresser aux programmes et
aux idées avancées.
Aux
urnes, donc!
Je
m'engage donc à ceci : je ne passerai pas le temps de campagne électorale
à dire que c'est gossant de me faire imposer le même visage sur presque chaque
poteau. Je vais aller plus loin dans la démarche. Je vais m'intéresser aux
idées proposées et en profiter pour vérifier si elles s'imbriquent aux miennes.
Dit
autrement : ne pas s'arrêter à « elle (ou lui!) , j'y aime pas la
face! »
La
ville est maintenant en campagne.
Je
vous la souhaite bonne!
Clin
d'œil de la semaine
On
verra si l'empressement des bénévoles à enlever les affiches le 3 octobre
prochain sera aussi enthousiaste qu'il ne l'a été la veille du déclenchement
des élections!