Un
samedi matin tranquille, je dirais. Le soleil était de la partie. Un temps
frais. Agréable. Le genre de samedi où on se paie le luxe de voir passer le
temps un peu. Où on fait un plan flou de la journée à venir.
On a
appris en milieu d'avant-midi que des doses de vaccin étaient disponibles, là,
maintenant. On s'est donc retrouvés à Coaticook en tout début d'après-midi. Là-bas,
la clinique de vaccination se tient dans le sous-sol de l'église St-Edmond.
Un coin
assez magnifique.
Pas
familier du tout avec les lieux, je ralentis à la vue de l'église et je vois
très bien l'affiche « sortie ». Je me dis donc que l'entrée de cour, juste
avant, doit être l'entrée. J'y tourne. Je me retrouve dans un magnifique lieu
de mémoire : le cimetière. Vallonneux, verdoyant, il est vraiment très
beau. J'ai le luxe de 4 ou 5 minutes devant moi. Je tricote les allées
véhiculaires un peu. C'est beau, un cimetière. C'est calme. Ça impose le
respect. Le respect de cette mémoire qui habite les lieux.
De
retour sur la « grand-rue », je ne vois aucune affiche entrée. Comme
c'est un lieu propice à la profession de foi, je continue. Finalement, l'entrée
n'est pas sur la même rue que la sortie. Rien de grave.
Le
soleil est présent. Les gens sont souriants. Je pense qu'ils le sont! Je ne
vois pas le bas de leur visage, mais on dirait qu'une certaine légèreté habite
le lieu. Nous sommes plusieurs à attendre juste à côté du bâtiment. Quelques
minutes seulement. Juste assez pour réaliser que l'église est un magnifique
bâtiment. Je me dis qu'on ne remarque les beaux bâtiments que quand on est en
voyage!
En y
repensant, je me sentais bien à cet endroit. Entouré d'humains. Rassemblés pour
vrai, cette fois, même avec une distance et des précautions de base! Dans un
lieu vaste, un bâtiment solide. Inspirant la sécurité.
Je suis
demeuré sur place exactement 40 minutes, incluant le temps de vaccination et la
période d'attente qui suit. Incluant aussi le temps passé au cimetière.
Pourtant, j'en garde un souvenir qui n'a que peu à voir avec le vaccin comme
tel.
Au
moment d'écrire ces lignes, je me passe ces réflexions.
Je suis
bien heureux que les organisateurs n'aient pas été plus clairs sur la notion d'entrée
du site. Je n'aurais pas vu le cimetière. C'est clair que lors du 2e
rendez-vous pour le vaccin, j'arriverai un peu plus tôt pour aller y marcher.
C'est un bien bel endroit. Et je me dis encore que sans toutes ces petites
erreurs de parcours routiers au fil des ans, j'aurais manqué plein des bien
belles choses!
L'église
est un bâtiment imposant, très beau. Je me disais qu'ils s'en étaient donné du
trouble, à l'époque! Pourquoi si grand, si beau? Ça m'a rappelé une discussion
dans un cours de sociologie au Cégep. Un confrère me disait alors :
« mon père m'a souvent répété qu'on fait toujours bien les choses quand on
reçoit un ami ». Façon de voir. Quoi qu'il en soit, je retiens que la foi
en un dieu, à travers l'histoire, toutes religions confondues, aura poussé
l'humain à son meilleur et à son pire. On a bâti des temples majestueux au nom
de Dieu. On a aussi tué d'autres gens en son nom.
Comme
bien des églises, celle de St-Edmond est bâtie sur un promontoire dominant la
ville. On peut y voir une volonté de régner sur le peuple. J'aime bien y voir
la volonté de se donner, collectivement, un point central pour se rencontrer.
Un point collectif qui rassemble. Et enterrer nos proches dans un lieu aussi
beau tient aussi du fait de ce respect de la mémoire de ces façonneurs de pays.
Ma
question est la suivante : il est où, maintenant, ce point de
rassemblement? Ce point commun où on va jaser un peu, où on se raconte ce qui
se passe? Où on socialise? Au centre d'achats? Au MacDo? Pire, sur les médias
sociaux?
Je ne
plaide pas pour un retour de la religion dans notre quotidien. Ma question est
d'ordre social.
Quand
chacun est stationné dans son coin, qu'il érige des clôtures autour de ses
droits et libertés individuels, que reste-t-il du collectif?
Ma
première motivation pour accepter d'être vacciné contre cette foutue Covid-19
tient à cette volonté de faire ma part pour atteindre une immunité collective.
Sans immunité collective, notre bien-être personnel n'est pas possible. Notre
liberté, pas plus que la « libârté » tant gueulée, ne peut vivre.
Constat
intéressant.
Clin
d'œil de la semaine
En
sortant de l'église, je me suis dit, sourire en coin : « c'est bien
la première fois que je reçois une forme de bénédiction intramusculaire... »