Depuis déjà trop longtemps, l'aménagement paysager en Amérique du Nord se concentre sur des préoccupations ornementales. Si on regarde sur les autres continents, on retrouve autour de chaque résidence un potager ainsi que quelques fruitiers. Saviez-vous que les premiers centres de jardins à avoir vu le jour au Québec proposaient de multiples fruitiers?
Heureusement aujourd'hui, une «nouvelle» tendance fait surface et on redécouvre cet intérêt à produire une partie de notre alimentation et à se reconnecter avec la terre. Les raisons sont nombreuses pour rendre les terrains comestibles : autonomie alimentaire, activité physique et qualité des aliments, pour ne nommer que celles-là!
On voit de plus en plus de gens intéressés à faire un petit potager, mais l'aménagement paysager comestible peut aller plus loin. Il est tout à fait possible de conserver le principe des plates-bandes ainsi que l'architecture recherchée avec les arbres et les arbustes décoratifs en remplaçant ces derniers par des plantes utiles, belles et productives.
Les spirées, par exemple, peuvent être remplacées par des bleuetiers. Les hydrangées, quant à eux, peuvent être échangés par des cerisiers de Mandchourie et les pommiers décoratifs par des ... pommiers productifs. On peut ainsi recourir à plusieurs espèces de fruitiers, de petits fruits et de vivaces pour créer un écosystème nourricier et productif.
Imiter la nature
Dans la forêt, un équilibre se crée entre ses différents éléments et les plantes n'ont pas besoin de nos soins pour bien pousser. Pourquoi alors ne pas s'inspirer de la nature pour créer un aménagement sans arrosage, autofertile et où les populations d'insectes nuisibles sont contrôlées par les insectes prédateurs. Le choix des plantes doit se fonder sur la fonction qu'elles apportent à l'écosystème tout en espérant une récolte. Idéalement, on choisit des plantes qui remplissent plusieurs fonctions.
Par exemple, la monarde est:
- Une plante médicinale
- Attire les insectes pollinisateurs
- Comestible
- Possède des qualités ornementales
Contrairement aux aménagements paysagers conventionnels, dans lesquels on essaie de garder le même agencement pendant plusieurs années, les écosystèmes naturels, eux, évoluent. Certaines plantes peuvent tranquillement laisser place à d'autres variétés mieux adaptées : on doit essayer d'orienter la progression du système plutôt que de le garder statique, à tout prix.
L'hiver est un bon moment pour repenser notre aménagement et nous pouvons profiter de la neige, lorsqu'il y en a, pour tracer nos idées sur le terrain. La permaculture peut aider à concevoir ce genre de système. Cette approche se définit comme étant la conception consciente de paysages qui miment les modèles et les relations observées dans la nature.
Le but? Obtenir une production abondante de nourriture, de fibres textiles et d'énergie pour satisfaire les besoins individuels et locaux.
Osez joindre l'utile à l'agréable
J'ai entendu plusieurs raisons pour ne pas planter du comestible. Parmi les pires, il y a ces gens qui me disent parfois qu'ils ne veulent pas se faire voler de fruits par les oiseaux. Évidemment, si on plante une spirée, on ne se fera pas voler de fruits, mais en plantant un bleuetier, on a plus de chance de récolter des fruits, même si on s'en fait piquer quelques-uns!
Un des plus grands plaisirs de l'aménagement comestible est cette opportunité de goûter à des fruits mûris à point et d'accéder à une qualité de fruit absente sur le marché. La plupart des fruits et légumes qu'on retrouve sur le marché ont été sélectionnés pour leur rendement et leur capacité à tolérer le transport. Mais dans sa propre cour, on peut choisir des variétés pour leurs valeurs nutritives et leurs qualités gustatives.
L'éventail des possibilités est impressionnant : des noix, des framboises jaunes, pourpres et noires, des bleuets roses, des kiwis nordiques, du raisin de table... et même les variétés de groseilles et de gadelles sont maintenant intéressantes.
Or, tout ne s'arrête pas qu'aux fruitiers. Ce qui fait la beauté de l'aménagement comestible est la multitude d'alternatives pour combler vos besoins. Les légumes vivaces sont des incontournables : la scorsonère, l'épinard du Caucase, le crosne, la roquette de Turquie, le chou crambé...Vous pouvez ainsi commencer à consommer de la verdure remplie de nutriments tôt au printemps.
Aussi, avec un minimum de connaissances en herboristerie, il est possible de vous bâtir une petite pharmacie familiale en sélectionnant des plantes médicinales afin d'acquérir un peu plus d'autonomie face votre santé.
Cet été, commencez à intégrer davantage de plantes productives dans votre aménagement. Je parie que le seul inconvénient que vous y verrez est celui des produits d'épicerie qui manquent de saveur!|