Bonjour chers lecteurs, cette semaine j'aimerais vous entretenir sur une mystérieuse région du monde qui a toujours attiré l'attention des voyageurs les plus aventureux : j'ai nommé l'Amazonie.
Reconnue pour ses forêts luxuriantes impénétrables, ses populations autochtones ayant conservé leurs traditions, ses plantes desquelles proviennent la majorité des médicaments connus à ce jour, ainsi que pour ses animaux qui frappent l'imaginaire par leur taille, leur vitesse ou leurs attributs. L'Amazone, avec tous ses affluents, contient 20 % des réserves d'eau potable de surface de la planète. Il prend sa source dans la cordillère des Andes et se déverse dans l'Atlantique au nord de Belém, dans le Pará au Brésil.
Mon périple en Amazonie a duré une vingtaine de jours et s'inscrit à l'intérieur d'un plus long voyage au Brésil avec ma conjointe Marie-Christine à l'été 2013. Nous sommes arrivés par avion à Manaus, la capitale de la région, et y avons séjourné avant de s'enfoncer un peu plus creux dans la jungle. Manaus a été bâtie en grande partie grâce à la ruée au latex provenant de l'hévéa, un arbre qui, au XIXe siècle, attira des milliers de pauvres gens à travailler pour les « barons du caoutchouc ». En échange de presque rien, les séringuéros récoltaient la précieuse sève jusqu'à y laisser leur peau dans les méandres amazoniens peuplés de serpents, d'araignées, d'insectes venimeux, de piranhas, d'alligators et de bien d'autres dangers. Grâce à la richesse qu'a rapportée cette exploitation de ressources, ces barons ont fait construire une ville qui n'avait rien à envier aux capitales européennes de l'époque; avec son fameux théâtre, ses maisons et bâtiments faits de matériaux importés de première qualité, ainsi que sa position sur le fleuve, Manaus a été surnommée le « Paris tropical ». Aujourd'hui, c'est une ville portuaire mouvementée, qui est l'un des points d'entrée obligés de cette intrigante Amazonie.
Pour se rendre au campement où nous avions réservé une cabane, il a fallu traverser le fleuve à l'endroit où il devient réellement l'Amazone : en effet c'est en face de Manaus que le Rio Solimoes et le Rio Negro se rencontrent sans que leur eau se mélange complètement avant plusieurs dizaines de kilomètres. Le capitaine de notre petit bateau s'est arrêté à l'endroit où l'on peut distinguer les deux eaux : l'une brunâtre, chargée d'alluvions, qui se déverse rapidement à partir de la cordillère des Andes et l'autre, noire, plus tranquille qui arrive de la Colombie et du Venezuela. Après quelques heures de Jeep, puis de petits bateaux à moteur, nous sommes arrivés à notre auberge en plein cœur de la jungle amazonienne qui était inondée à cette époque de l'année. Après avoir remarqué que quelques personnes sautaient à l'eau pour se rafraîchir, j'ai fait de même... il y avait un bon courant, mais c'était toujours soutenable. Après avoir plongé quelques fois dans l'eau, quelqu'un m'a dit qu'il y a plusieurs piranhas dans cette rivière! Au début je croyais qu'il blaguait, mais réellement c'était l'endroit idéal pour pêcher le piranha! Pour me rassurer, il m'a dit : « Il y a tellement d'eau partout à ce temps-ci de l'année et tu ne saignes pas, donc pas de problème! »
Durant les jours qui suivirent, nous sommes allés explorer autour pour voir la faune et la flore si intéressante. À plusieurs reprises, nous avons vu les archaïques dauphins roses sauter hors de l'eau et nous donner un spectacle incroyable. Nous sommes allés, avec des Hollandais, des Anglais et des Français, pêcher le piranha! Je ne suis pas le meilleur pêcheur au monde, ainsi le seul Piranha que j'ai tiré hors de l'eau ne le resta que pour quelques secondes avant de reprendre sa place. Une soirée, nous sommes également allés à la recherche d'alligators et de crocodiles à l'aide d'un guide et de quelques lampes de poche. Notre guide était vraiment passionné : il les capturait à mains nues pour nous montrer les différences entre chacune des espèces. J'ai appris énormément sur ces petites bêtes.
Deux jours plus tard, toujours avec un guide local, nous sommes partis en chaloupe à moteur pour trouver un endroit où nous pourrions passer la nuit. Après avoir sillonné plusieurs bayous, nous nous sommes arrêtés dans un endroit qu'il affectionnait particulièrement : c'est là où nous avons installé nos hamacs avec, bien sûr, les moustiquaires protecteurs. Quel beau souvenir à manger de la nourriture traditionnelle à boire de la caipiriña avec tous les bruits de la forêt environnante.
Au matin, nous nous sommes réveillés avec le cri des singes hurleurs qui produisent un grondement indescriptible. Outre la beauté de la nature, nous avons eu la chance de visiter plusieurs habitants de la région qui nous ont montré comment ils travaillent le latex, puis comment ils faisaient pousser certains fruits qu'on ne retrouve nulle part au Québec.
Nous avons pu visiter une école ainsi qu'un village typiquement amazonien. Quand cette aventure au milieu de la jungle prit fin, nous sommes retournés en ville à grande vitesse avec un « speed boat » qui passait entre les arbres et les lianes. Malgré cette rapidité, le conducteur du bateau a tout de même remarqué quelque chose qui flottait sur l'eau : c'était un paresseux! La propriétaire du campement, qui était avec nous pour le retour, nous a dit que c'était la première fois en 45 ans qu'elle en voyait un d'aussi près; le conducteur nous a également affirmé la même chose! Quelle chance! Nous l'avons ramassé et après avoir immortalisé le moment, nous l'avons remis là où il était le mieux : dans un arbre.
Pour quitter l'Amazonie et nous rendre à Belém nous avons décidé d'y aller par voie fluviale, donc nous avons accroché nos hamacs parmi les 800 personnes entassées sur l'un des bateaux pas très fréquents qui descendent ce vaste cours d'eau... En pas moins de cinq jours! C'est durant cette longue descente que j'ai célébré mon anniversaire de trente ans. En chemin nous avons fait une escale de deux jours à un endroit qui me paraissait impossible de retrouver en plein cœur de la jungle, soit Alter do Chao : un beau petit village flanqué sur le bord d'un gigantesque banc de sable qui fait étrangement penser aux Caraïbes avec le sel en moins et les piranhas en plus...
Cette région vulnérable de notre belle planète est une destination idéale pour ceux qui veulent être dépaysés et vivre au rythme du courant.
Merci encore et bon voyage!
David Beaulieu