Le chiffre frappe, 49% des Québécois entre 16 et 65 ans ont des difficultés de lecture ! Bien qu'aucune statistique propre à l'Estrie ne soit disponible, la région vit une situation différente du reste de la province puisque 85% des analphabètes sont des immigrants.
« Sherbrooke est l'une des régions au Québec qui reçoit le plus d'immigrants, c'est donc normal que la majorité des gens qui ne maîtrise pas le français soit originaire d'un autre pays », explique Mylène Rioux, coordonnatrice au Centre d'éducation populaire de Sherbrooke. « Ce n'est cependant pas une tendance provinciale puisque les immigrants ne forment pas la majorité du fameux 49% ».
Autre réalité estrienne, le milieu rural. « Il est encore plus difficile d'amener les gens à chercher de l'aide en milieu rural en raison des problèmes de transport et de communication », poursuit Mme Rioux. « Les analphabètes ne sont, pour la plupart, pas en mesure d'utiliser un ordinateur ce qui complexifie encore plus les choses ».
« C'est en général très difficile de donner de l'aide aux gens puisqu'ils ne sont pas portés à en chercher. Ils sont également difficiles à rejoindre puisqu'ils ne lisent pas ».
« Les analphabètes vivent deux problèmes majeurs en société », de rajouter Mme Rioux. « Ils ont premièrement beaucoup de difficulté de remplir leur rôle de citoyen puisqu'ils sont incapables de différencier les sources d'informations. Ils s'informeront principalement avec la télévision ou avec leur entourage. Ils ont également des problèmes à remplir leur rôle de parent en dévalorisant habituellement l'éducation pour ne pas admettre leur propre faiblesse. L'analphabétisme se transforme donc très souvent en problème intergénérationnel ».
Comprendre l'alphabétisation
Il existe cinq niveaux d'alphabétisme. Les niveaux 4 et 5 regroupent les gens qui possèdent de très bonnes capacités de lecture et de compréhension. Le niveau 3 est le niveau minimal souhaité pour qu'une personne puisse fonctionner aisément en société. Selon la dernière étude, près de la moitié des Québécois entre 16 et 65 n'atteignent pas ce niveau.
Le niveau 2 regroupe des gens qui ont des faibles compétences et qui ont développé des stratégies pour dissimuler leur lacune. Ils auront par exemple un sens aigu d'observation et auront développé des stratagèmes pour éviter que leur entourage n'ait la puce à l'oreille.
Finalement, le niveau 1 compte les personnes qui ont de très grosses difficultés à lire. Ils sont très souvent isolés des autres et ne sont habituellement pas fonctionnels en société.
« Ils liront BA-NA-NE par exemple puisqu'ils sont en mesure d'identifier les sons, mais ne saisiront pas le sens de ce qu'il vienne de lire », conclut Mylène Rioux.
Des ressources locales
À Sherbrooke, le Cendre d'éducation populaire (CEP) ainsi que le Centre Saint-Michel offrent un volet alphabétisation à leur gamme de services.
Le Train des mots dessert également les municipalités de Saint-Étienne-de-Bolton, Bolton-Est, Eastman, Austin, Potton et Stukely-Sud. Les cours se donnent dans un local de chaque municipalité.
Le site de la Fondation pour l'alphabétisation donne également des trucs pour repérer les signes et dicte la façon d'agir lorsqu'on découvre qu'un proche a des difficultés de lecture.