De petits bonshommes s'animent à l'écran de mon téléviseur. Leur discussion tourne autour de la consommation responsable d'alcool pour un homme et pour une femme.
Femme : 2 verres par jour ou 10 par semaine
Homme : 3 verres par jour ou 15 par semaine
*Et on ne boit pas tous les jours !
Je ne suis probablement pas le seul à avoir vu de telles publicités avec étonnement ces dernières années. Une société d'État qui recommande à sa population une consommation de 10 à 15 verres par semaine n'est pas responsable à mes yeux. Nous ne parlons pas ici de recommandations liées à la consommation d'aliments sains et importants pour notre santé. En plus de ne pas être essentiel à la santé d'un individu, l'alcool est littéralement une toxine assimilable à une vitesse fulgurante qui nécessitera 12 h à 24 h avant d'être retirée du corps, et ce, non pas sans effort.
Selon moi, il ne devrait pas y avoir de recommandations qui ouvrent la porte à une consommation quasi quotidienne pour tout ce qui peut être nocif incluant le sucre ajouté, les drogues ou les gras trans par exemple.
Avec sept calories par gramme, l'alcool participe aussi à accélérer un gain de poids ou à l'inverse à diminuer ou stopper les plus beaux efforts de perte de poids. Avec ces calories vides qui se comptent presque au double des calories provenant du sucre, il faut ajouter l'impact sur le foie. Cet organe est central dans le contrôle du poids d'une personne. C'est le foie qui permet au gras stocké dans votre corps de se transformer en sucre pour être brûlé en énergie. L'alcool monopolisera rapidement les ressources hépatiques, stoppant nette son action sur le gras. Après tout, le foie reste un filtre important qui devra donc filtrer cette toxine majeure qu'est l'alcool.
Au niveau des performances physiques, notons que l'alcool est premièrement diurétique ce qui pousse le corps vers une déshydratation. Cette déshydratation sera sentie, entre autres, via le mal de tête du lendemain. Si vous êtes un athlète d'endurance, un état de déshydratation mettra la hache dans vos performances à l'entraînement. En plus de rendre difficile la production d'énergie, il vous sera plus difficile de refroidir votre corps via la transpiration puisque celle-ci sera diminuée.
Pour les sportifs de sports lactiques ou de force (hockey, soccer, musculation, etc.), la diminution de la fonction hépatique diminuera sa capacité à capter l'acide lactique. L'effort sera donc nettement plus difficile à maintenir. Il est à noter également que l'alcool affecte directement notre système nerveux central en diminuant son temps de réponse. Il sera donc plus ardu de développer un grand niveau de force musculaire.
Ceux et celles pensant encore que l'alcool permet un sommeil plus profond, il en est tout autre. En fait, l'alcool diminue drastiquement la qualité du sommeil ce qui a un impact direct sur l'hormone de croissance et sur la testostérone autant chez l'homme que la femme. Rares sont ceux qui veulent voir ces hormones diminuées considérant la somme de problèmes qui y seront liés.
Pour terminer, j'anticipe la question à savoir quel alcool sera le meilleur ... ou plutôt, le moins pire choix. Voici donc mon classement personnel :
#1 : Cocktails virgin sans sucre ou simplement une eau aromatisée
#2 : Vin blanc sec
#3 : Vin rouge
#4 : Spiritueux purs (clairs ou foncés, il n'y a pas de sucre)
#5 : Cocktails secs
#6 : Bières légères avec ou sans gluten
#7 : Bières avec ou sans gluten
#8 : Cocktails sucrés
Je consomme moi-même de l'alcool à l'occasion. Par contre, je le fais consciemment sans me dire que je peux en boire trois verres par jour. Je considère qu'une consommation sociale responsable d'environ un soir ou deux par semaine peut être tout à fait saine d'un point de vue d'équilibre de vie. Si vous n'avez pas d'objectifs de performance sportive importants ou de problèmes de santé, buvez sans culpabilité. Par contre, restez conscient des enjeux et que tout n'est pas rose et sans danger.
Pierre-Olivier Pinard B.sc. CFMP,
kinésiologue, président directeur général Kin Impact