Depuis quelques années, on parle de plus en plus du réchauffement climatique et on commence à en voir les effets dans certaines régions. L'augmentation des températures est une source d'énergie qui permet aux événements météorologiques d'avoir beaucoup plus de puissance. Parmi les nombreuses conséquences du réchauffement climatique, la montée des eaux de l'océan en est une très grave et selon certains experts, il serait même trop tard pour sauver la plupart des villes côtières. Les conditions météorologiques instables provoquent également des pertes de récoltes dans plusieurs pays, ce qui crée famine et réfugiés.
Parmi tous les facteurs qui contribuent au réchauffement, l'agriculture est responsable d'environ la moitié. En plus de nous intoxiquer, le modèle agricole actuel pollue avec ses pesticides et ses produits chimiques. Puis, le travail du sol contribue à émettre des grandes quantités de carbone dans l'atmosphère. En effet, le sol a accumulé des quantités importantes de carbone pendant des milliers d'années et les techniques agricoles actuelles de travail du sol libèrent ce carbone à un rythme trop rapide.
Heureusement, certains agriculteurs ont compris ce phénomène et grâce à des techniques différentes ils parviennent à fixer d'impressionnantes quantités de carbone dans leur sol tout en augmentant leurs rendements. L'idée est relativement simple: on cesse l'utilisation des produits et des pratiques qui tuent le sol. En cessant de labourer et de travailler le sol, on augmente la matière organique et on y fixe ainsi le carbone.
Plusieurs pratiques agricoles peuvent nous aider et on doit penser beaucoup plus loin que l'agriculture biologique. On doit penser à une agriculture régénérative. Non seulement l'agriculture doit cesser d'émettre du carbone, mais elle doit également le capturer. La solution est relativement simple, il manque juste une volonté politique et une prise de conscience du consommateur. D'ailleurs, je suis allé au Symposium des sols vivants à Montréal et toutes les solutions y étaient présentées. Disons que le représentant de l'UPA ne semblait pas très attentif; j'aurais aussi aimé y voir plus d'agronomes et d'intervenants politiques, mais il semble que les solutions n'arriveront pas d'en haut.
Je rêve d'un jour ou le rendement de l'agriculture sera mesuré par la qualité des nutriments et non par la quantité d'aliments produits au pied carré. Des aliments qui ont bon goût peuvent seulement être produits dans un sol sain. Si vous cherchez le goût de la tomate dans une tomate d'épicerie, c'est certainement dû à des pratiques agricoles douteuses.
Malheureusement, les bonnes pratiques sont encore très peu connues des agriculteurs et elles sont peu enseignées à nos agronomes. L'agroforesterie, le sylvopastoralisme, la gestion des eaux, l'ajout des microbes au sol, le compostage, le non-labour (sans round-up) sont parmi les outils pour faire une agriculture régénérative. Les agriculteurs peuvent être nos héros si en tant que consommateurs nous encourageons ceux qui participent à capturer le carbone et non à l'émettre.
Il est devenu évident que 1'augmentation des gaz à effet de serre dans l'atmosphère et le changement climatique qui en résulte auront des effets majeurs au 21ème siècle. Il est encore temps d'agir mais on doit faire vite.
Alexandre Dagenais, Ferme Terre d'Abondance