À Montréal, la
fin de semaine dernière, avait lieu le colloque de yoga organisé par la
Fédération francophone de yoga. Toute une journée pour les professeurs et
amoureux du yoga : un salon où on trouvait livres, disques et accessoires
pour la méditation et le yoga, ainsi que des conférences toutes plus
intéressantes les unes que les autres. C'est de cela que je voulais vous parler
à mon retour dans notre belle région. Puis...
Je revenais de
Montréal dimanche après avoir passé du temps merveilleux avec ma famille. Un
peu avant le kilomètre 115, après une petite côte à monter, il y a devant moi
une scène terrible : plusieurs voitures en train d'avoir des accidents sur
la route glacée. Pour éviter de frapper les voitures, je freine, mais ma
voiture se met à tourner et je réalise que je vais faire partie de cet accident
ce jour-là.
Mon esprit est
alerte, alors que je me dirige vers le fossé surplombé par la falaise de
roches, il y a une femme en train de téléphoner près d'une voiture accidentée
vers laquelle je me dirige. Mon Dieu, pourvu que je ne la frappe pas! Au
dernier moment, elle se tourne et me voit mais tout va bien pour elle, je ne
l'ai pas touchée.
Ma voiture
tombe dans le fossé et va frapper le mur avec l'arrière. Ça y est, je ne bouge
plus, la joie et la reconnaissance m'envahissent : je vais bien, c'est
terminé! Des gens courent vers moi pour me demander si je suis correcte. Je
sors de ma voiture quelques minutes, mais il fait froid et je veux téléphoner,
alors je regagne mon siège. Pour moi, l'accident est terminé, il faut juste
attendre la police et les secours.
Mais tout à
coup, je vois devant moi une voiture en train de tourner et qui me fonce droit
dessus avant de percuter l'avant de mon auto. Au secours! Je sors de nouveau,
terrifiée cette fois. Je suis sonnée et j'ai mal aux genoux. Où est la
sécurité? Cet accident n'en finit plus de finir et les autos qui arrivent à
toute vitesse continuent de frapper autour.
Puis tout
doucement, cette scène (et cette impression) d'enfer se met à se
transformer : un homme m'approche, c'est un paramédic en congé mais très
heureux de pouvoir aider. Des ambulances
arrivent, nos sauveurs prennent soin de nous. On m'amène à l'hôpital pour tous
les tests nécessaires.
Une fois chez
moi dans mon lit, je revois les différents moments de cet accident ainsi que
toutes les émotions qui ont été là : la peur, la joie d'être vivante, le
sentiment de solidarité qui s'est créé entre les gens présents. On avait
l'impression de se connaître parce qu'on avait partagé un moment très fort et
très dramatique.
On était tous réellement
soulagés qu'il n'y ait pas de blessés graves. On était unis. On ne se
connaissait pas avant mais on s'aimait tous. Et je crois que c'est cela la
nature profonde de l'être humain : ce désir que l'autre soit bien, ce
désir d'aider et d'aimer. Le paramédic en congé était heureux d'être sur place
et d'apporter ses compétences. Pourtant, il n'était pas payé.
Les moments
dramatiques comme ceux-là font ressortir la beauté et la grandeur de l'humain. C'est
dans sa nature d'être bon. N'attendons pas les moments terribles pour vivre
notre nature.
Cultivons-là
tous les jours : l'amour et l'entraide sont ce qui amène du sens et de la
chaleur à la vie, autant à ceux qui les donnent qu'à ceux qui les reçoivent.
Happés par la
vitesse et les exigences imposées, nous oublions ce qui compte le plus. Ce
n'est pas la course à plus d'argent qui fait le bonheur. Ce sont les grands et
petits gestes d'amour. Redonnons-leur leurs lettres de noblesse!