Bonjour,
chers lecteurs! Je
suis David Beaulieu, 31 ans, fier citoyen estrien, enseignant de géographie et
d'histoire au secondaire, et globetrotteur depuis 15 ans.
En
effet, en cumulant mes voyages, j'ai passé plus de quatre ans à l'étranger...
dans environ 70 pays! Nul besoin de mentionner que mon humble salaire y passe presque
en entier. Depuis mon enfance, je suis fasciné par les différents peuples et
cultures de notre planète, la végétation aussi, les formations géologiques, les
animaux terrestres et marins, les villes, les montagnes, les déserts... Bref, je
suis un curieux de première! Et ce que j'aime également, c'est pouvoir
partager ce que je découvre avec mes contemporains.
J'ai fait plusieurs types
de voyages : intégration internationale, aide humanitaire, étude-terrain,
pèlerinage et voyage « sac à dos » ou « backpack » que
j'affectionne tout particulièrement. Dans chacune de mes chroniques, je vous
ferai découvrir une région particulière de notre Terre, en espérant vous donner
le goût de l'explorer par vous-même. Je vous donnerai éventuellement des
conseils avisés dans le but de mener à bien vos projets d'exploration de notre
belle planète.
J'aimerais
débuter avec une région que j'ai visitée cet été : le Ladakh, en plein
cœur des montagnes himalayennes dans le Cachemire, tout au nord de l'Inde, à la
frontière du Tibet (Chine) et du Pakistan. C'est un endroit, si l'on remonte
aux années 1960-70, où régnait une guerre territoriale, ce qui explique la
forte présence militaire actuelle. Ne nous alarmons pas, c'est une région
fantastique et sécuritaire, depuis récemment, prisée pour le tourisme
d'aventure. En effet, les voyageurs sont généralement présents tout au long de
l'année, mais la haute saison touristique est courte (de la fin juin au début
août). Il est facile de comprendre pourquoi l'été est si attirant au
Ladakh : c'est un temps assez chaud, mais pas trop (entre 15 et 30 degrés Celsius
dans les vallées), c'est ensoleillé et sec... voire désertique. Il y a des vallées
bien irriguées et vertes, alimentées par la fonte des neiges éternelles provenant
du sommet des pics de 5000 à 7000 mètres d'altitude. De vraies oasis porteuses
de vie qui contrastent largement avec les montagnes hostiles, rocheuses et
arides environnantes.
En regardant plus attentivement ces majestueuses formations,
on comprend pleinement notre humble situation d'humains face à la force
terrestre. Chaque fois que j'ai eu la chance de me rendre en ces terres,
occupées majoritairement par des bouddhistes tibétains, je me suis fait la
réflexion : « On dirait la Terre mise à nue... on la voit vivante! En pleine
création. » Effectivement, le paysage est forgé par la péninsule indienne
qui entre en collision avec la plaque eurasienne depuis 70 millions d'années et
qui la plisse jusqu'à former cette chaîne.
J'y
suis allé avec ma conjointe Marie-Christine et notre ami Samuel, du 25 juillet
au 9 août, durant un périple un peu plus long en Inde. Nous sommes arrivés à
partir de Delhi par avion dans la belle petite ville de Leh (3500 m), capitale de
la région qui donne sur la source du fleuve Indus. J'avais réservé une auberge
gérée par une famille super sympathique qui a facilité plusieurs fois
l'organisation de nos transports vers les merveilleuses vallées et temples
tibétains des environs. Durant les deux premières journées, nous sommes restés
plus tranquilles dans le but de laisser notre corps s'adapter à
l'altitude : c'est primordial si on veut éviter le mal aigu de l'altitude
(SAS).
Nous avons bien vu ces deux jeunes Allemands adeptes de « cross fit »
faire fi de ce judicieux conseil et souffrir de forte fièvre les jours
suivants. Je ne conseille pas les comprimés de « diamox » en
prévention que les pharmaciens suggèrent, car ils donnent des effets
secondaires très indésirables... le temps arrange si bien les choses. Nous avons
ensuite loué des scooters et sommes partis explorer les hauts lieux de
méditations bouddhistes qui venaient de recevoir la visite du Dalaï-Lama deux
semaines auparavant. Nous avons eu la chance d'assister à une cérémonie de
mantras où la communauté monastique y scandait et chantait des prières à
l'univers. Les routes sont vraiment bien entretenues pour permettre les
déplacements de l'armée indienne dans cette zone assez isolée, ce qui permet de
se déplacer de façon autonome partout sans faire partie de tours organisés.
Contrairement à bien d'autres régions en Inde, la grande partie des jeunes
Ladakhi vont à l'école, et nous avons été surpris de voir que ce sont les
camions de l'armée qui servent d'autobus scolaire!
Quelques jours plus tard,
j'ai visité le lac Pangong Tso (4100 m) : bijou à l'eau cristalline...
salée! Le paysage surréaliste vaux les 7 heures de jeep sur des routes en tête
d'épingle qui gravissent le col de Chang La (5100 m) et le redescende jusqu'à
la frontière chinoise... Les trajets dans cette région sont à couper le souffle
(que ceux qui ont le vertige tentent de dormir... ça vaut mieux). En passant par
la Vallée de la Nubra, nous sommes arrêtés dans un temple juché dans le haut
d'une gorge, il y avait un immense Bouddha couleur or de plus de 20 mètres de
haut, ainsi que des chameaux afghans, vestiges de l'ancienne route des épices
qui passait par là... Maintenant, ils ne transportent plus de marchandises, mais
les chameliers se font un certain bénéfice en offrant des tours dans le micro
désert de dunes de Hunder. En descendant la rivière Shyok, nous nous sommes
rendus jusqu'à la frontière du Pakistan, dans un village idyllique : Turtuk.
Avec plusieurs bras d'une rivière qui passent au travers des petites maisons de
pierres, de beaux champs d'orge en amont et une population accueillante et
souriante, Turtuk est un paisible endroit qui donne envie de s'y installer.
Après
avoir fait 30 km de rafting sur la rivière Zanskar, nous sommes partis dans des
sentiers moins balisés pour un petit trek de 3 jours. C'est là où je me suis
senti le plus près du peuple Ladakhi, dans leurs maisons d'hôte, leurs champs,
leurs cuisines. J'y ai rencontré des gens fiers de leur région, de leur
culture, de leurs traditions. Les journées étaient ardues jusqu'au col de 5000 mètres
qui nous attendait... Il fallait marcher et respirer lentement pour ne pas
déclencher le mal de tête précurseur du mal de l'altitude. Le matin, nous
voyions des yaks et des marmottes qui saluaient notre passage. De retour dans
la vallée de l'Indus, J'ai visité le merveilleux monastère de Likir, où des
moines travaillaient avec minutie sur une œuvre religieuse... en grains de sable
de différentes couleurs, les laissant tomber un par un pour créer des motifs
complexes.
Bref,
le Ladakh est une région grandiose, peu connue des Québécois, mais mérite de
l'être davantage! Je vous souhaite un excellent périple! À la semaine
prochaine.
David
Beaulieu