La féminisation de la langue française peut s'avérer un vrai labyrinthe. Qu'est-ce que la féminisation déjà? C'est la représentation égale des hommes et des femmes dans nos écrits surtout, mais non sans conséquence dans nos paroles. C'est aussi un débat encore très vif qui peut faire parler tous ceux qui... parlent français!
La forme de féminisation qui saute le plus aux yeux est celle qui tente de représenter le féminin et le masculin en un seul mot, ex. : les participant.e.s, les candidat(e)s, étudiant_e_s. D'autres fois, c'est la folie des doublets. Les talentueux écrivains et talentueuses écrivaines essoufflent cependant leurs chers lecteurs et chères lectrices. À grandes doses, ces deux méthodes en tannent plus d'un. Très souvent, on lira plutôt une note en bas de page nous disant que la forme masculine est utilisée pour alléger la lecture. Cette méthode n'est pas injustifiée, mais elle ne rend pas justice aux hommes et aux femmes non plus. Comment peut-on se sortir de ces dédales?
Une solution intéressante est la rédaction épicène, déjà par le nom, on comprend qu'on ne se limite pas à mettre du féminin partout. La rédaction épicène met en branle des stratégies diversifiées. Voici donc trois stratégies simples, mais sachez que la rédaction épicène ne s'y limite pas.
Stratégie no 1 : respecter les règles de grammaire
Qu'on se le dise, la langue française est machiste. La règle de l'accord des adjectifs et des participes passés veut que le masculin l'emporte sur le féminin. La langue est le reflet de notre société, une société patriarcale pour la majeure partie de son histoire. Eh bien, cette règle prévaut et, en effet, elle permet de faire une certaine économie. On écrira donc : Les lecteurs et lectrices assidus sont tout de même venus à la séance de dédicace. Un seul doublet!
Stratégie no 2 : trouver des mots épicènes
Épicène signifie « [q]ui ne varie pas en fonction du genre » (dictionnaire Usito). Certains noms de métiers ont l'avantage d'être épicènes : journaliste, notaire, dentiste, machiniste, agronome. Si le contexte s'y prêtait, on pourrait écrire : Les fidèles bibliothécaires sont également venus à la séance de dédicace. Aucun doublet.
Certains adjectifs épicènes peuvent aussi gagner en popularité : apte, responsable, disponible...
Stratégie no 3 : reprendre des mots collectifs
Le nom collectif sert aussi à représenter un groupe de choses ou de gens. Le personnel au lieu d'employés et employées, la communauté étudiante au lieu des étudiants et des étudiantes, le corps enseignant au lieu des enseignants et des enseignantes, et ainsi de suite. On pourrait donc écrire : Le lectorat est resté friand de son style imagé.
Quoi encore?
Malgré sa grammaire masculinisatrice, la langue française est dotée de tous les outils nécessaires pour bien représenter l'homme et la femme. La preuve? Quelques astuces supplémentaires à explorer : l'emploi des pronoms, la nominalisation, les tournures impersonnelles, passer à la voie active et autres reformulations non marquées et ingénieuses.
Sources :
Banque de dépannage linguistique, « Rédiger des phrases épicènes », http://bdl.oqlf.gouv.qc.ca/bdl/gabarit_bdl.asp?t1=1&id=3987
Pierrette Vachon-L'Heureux et Louise Guénette, « Avoir bon genre à l'écrit, Guide de rédaction épicène », Les publications du Québec, 2007.
Dictionnaire Usito, www.usito.com, Les Éditions Delisme, Sherbrooke (Québec), 2014.