La nutrition naturelle des plants m'a toujours intrigué. Pourquoi devons-nous ajouter des nutriments à nos plants tandis que la forêt pousse seule?
Que ce soit en agriculture conventionnelle ou en agriculture biologique, le sol est considéré comme un réservoir de nutriments que l'on doit constamment renouveler. Cette école de pensée nous force à acheter un tas de produits pour maintenir ce réservoir plein et aussi, pour nous aider à s'assurer que les mauvaises herbes seront éliminées.
Il y a quelques années, j'ai eu la chance d'aller étudier avec Elaine Ingham, une scientifique qui a eu la brillante idée de regarder de plus près le sol à l'aide d'un microscope. La première fois que j'ai vu un bon sol au microscope, j'ai immédiatement été convaincu. Chaque goutte de bon sol est une ville avec une multitude d'individus.
On peut voir un écosystème de micro-organismes avec des proies et des prédateurs, avec des bons et des mauvais microbes. C'est lorsque les proies sont mangées par les prédateurs que les nutriments sont rendus accessibles aux plantes. A l'inverse, une goutte de sol pauvre n'est rien d'autre qu'une ville déserte.
L'idée est simple, en regardant le sol avec le microscope on fait un survol de l'écosystème du sol sans nécessairement tout identifier. C'est comme analyser un écosystème forestier en regardant les animaux qui y vivent. Si on voit beaucoup de prédateurs (loups, coyotes, renards, ...) et beaucoup de proies (chevreuils, lièvres, ...) on peut conclure que cet écosystème est productif.
Avec le sol, c'est un peu la même chose; on veut un écosystème productif et équilibré. Lorsque nous réussissons à créer un vrai bon sol, nous obtenons de bons rendements avec des plantes sans maladies.
Comme jardinier, nous devons adopter des pratiques pour favoriser cette vie dans le sol. Il faut arrêter de labourer, arrêter de mettre des engrais à haute dose et arrêter de mettre des pesticides/fongicides. On doit protéger le sol et le nourrir avec un bon paillis qui se décompose et, surtout, on doit réintroduire la vie avec un bon compost.
Alexandre Dagenais
Ferme Terre d'Abondance