Comme Don Bosco disait : « Lakay mwen se lakay ou ». En d'autres mots, pour le commun des mortels, « ma maison c'est ta maison ». Ayiti avec un grand A. Vous pensez peut-être que mon orthographe est erronée, mais c'est vous qui avez tord. Haïti représente la corruption, la pauvreté ou même le mal, mais le «A» représente réellement la période avant que le vent tourne. La période où il était facile de dire « lakay mwen se lakay ou ».
Ce vent a apporté la corruption, voire même l'abus de pouvoir. Du moins, c'est ce que la majorité de la population s'amuse à croire. Durant la dernière semaine, j'ai eu la chance de visiter un pays que je croyais entièrement répressif, mais au fond j'y ai découvert une source infinie de bonheur à travers une notion de désordre. À vous, chers internes du Salésien de Gressier, je veux vous remercier d'avoir fait de votre maison ma maison, d'avoir changé nos opinions sur votre pays, d'avoir démontré que l'amour rayonne et que la simplicité rend le bonheur facile.
Peut-être que vous êtes sceptiques à l'égard des paroles que j'avance, mais croyez-moi, j'ai passé la plus belle semaine de ma vie, déconnectée du reste du monde. En un clic, j'avais l'habitude d'avoir accès aux potins et à ce qui ternissait mes journées, mais cette semaine, en un regard, j'ai reçu tout l'amour du monde. J'ai réalisé que recevoir une notification parce que quelque avait aimé ma publication ne représenterait jamais quelqu'un qui m'aime pour qui je suis.
Ne me méprenez pas, les Haïtiens ont accès à la technologie, les adolescents potinent comme nous, mais leur apport avec le bonheur est différent. Il se réfère à l'essentiel. Comme l'un des internes chantait : ensemble, on est si fort, on peut gagner ce monde nouveau et refaire de notre vie une lumière éternelle. C'est au son de ces paroles que j'ai réalisé que le bonheur était seulement vrai lorsqu'il est partagé. Il faut savoir aller plus loin que le matériel. C'est en ouvrant nos portes à la simplicité que le stage humanitaire a pris tout son sens.
Il est arrivé lors du voyage, de vivre un sentiment d'intrusion. Il faut comprendre que les Blancs en général sont considérés comme les riches et comme ceux qui croient en leur propre suprématie. Ce fut difficile d'accepter cela, mais nous devions comprendre, car on a créé ce sentiment. Je ne parle pas ici d'un « on » personnel, mais bien du sens plus large de ce pronom. Aujourd'hui, tentons tous de mettre la main à la pâte afin de façonner notre monde pour qu'il soit meilleur. Ce n'est pas en travaillant chacun de notre côté que nous y arriverons, nous devons le faire ensemble. Laissons tomber les frontières afin d'unir nos forces et de redonner à ceux qui en ont davantage besoin.
Ce stage m'a démontré que tout est possible et que l'amour inconditionnel existe vraiment. C'est dans les yeux des internes et de mes coéquipiers de voyage que j'ai compris ce qu'est le vrai bonheur. Du moins, mon vrai bonheur ; se sentir à la maison peu importe où nous allons. Bien qu'il pouvait être plus facile de se sentir chez soi en Ayiti qu'en Haïti, j'ai tout de même été capable de retrouver cette période n'ayant rien à voir avec la corruption et d'affirmer clairement lakay mwen se lakay ou. Ayiti chéri.
Sarah-Ève Desruisseaux, La parole est aux ados