Pour
débuter, une notion de base de l'industrie du cinéma : les (très grandes)
étapes de la vie d'un film.
Écriture
du script - Achat du script par une compagnie de production - Vente du film à
un distributeur - Tournage du film par le réalisateur sous la supervision du
producteur - Mise en marché par le distributeur - Diffusion du film par les
cinémas.
Cet
échéancier est assez variable, surtout quand une personne ou une entreprise
prend en charge plus d'une partie de cette chaîne. Par exemple, lorsque le
réalisateur est aussi producteur (et parfois même écrivain, en plus), celui-ci
peut avoir un impact encore plus grand sur les autres étapes du processus. Normalement,
une étape peut avoir une influence sur celle d'avant ou celle d'après, mais pas
plus loin. De cette façon, il est plutôt rare que le distributeur (si c'est son
seul rôle) influence l'écriture du texte, par exemple.
Prenons
un exemple concret : James Cameron est du même coup le réalisateur, l'écrivain,
le producteur et l'éditeur d'Avatar.
C'est incroyable! De par cette implication à presque tous les niveaux, on
suppose qu'il a bénéficié d'une latitude infinie pour créer cet univers que
tous connaissent aujourd'hui, en plus de révolutionner plusieurs technologies
au passage, dont la projection stéréoscopique (trois dimensions). En ce qui
concerne les étapes qu'il ne dirige pas, la distribution par exemple, on
comprend que tous ses souhaits seront exaucés.
Un
autre réalisateur qui peut être placé dans la même catégorie que Cameron (appelons-la
« hommes-orchestres révolutionnant le cinéma et à qui on ne peut pas dire
non de par leur énorme réputation ») est Christopher Nolan. Son implication à
tous les niveaux dans son dernier projet, Interstellar,
combinée à son éternelle défense des technologies analogiques (à l'inverse de
Cameron) lui ont permis de créer une polémique qui a fait couler beaucoup
d'encre dans notre industrie dernièrement.
Alors que tous les cinémas du monde ont été amenés, par les compagnies
distribuant les films, à se convertir au numérique à très forts coûts, Nolan a
choisi d'offrir son film deux jours plus tôt que la sortie officielle aux
cinémas qui le présenteraient en pellicule 35 mm, 70 mm ou en IMAX
(pellicule ou numérique). Pour ajouter au débat, un effort marketing
supplémentaire est mis en place pour promouvoir ces lieux de diffusion.
Cette
décision a suscité la grogne d'un grand nombre d'opérateurs de salles de cinéma
à travers le monde. Sans dire que ce genre de procédure est complètement nouvelle
(on le voit de temps à autre au niveau des salles IMAX), il y a tout de même
paradoxe dans ce cas en particulier. Pour faire économiser aux grands studios
américains, on a demandé aux cinémas de se convertir au numérique, en grande
partie à leurs frais. Puis, pour la sortie d'un film très attendu, on leur
demande de réinstaller des équipements « analogues », à leurs frais,
s'ils souhaitent présenter le film le plus tôt possible. De plus, le distributeur (et même certains
critiques, voir le blogue
de Marc-André Lussier) souligne que c'est de cette façon que le réalisateur
souhaite que son film soit vu, qu'il l'a tourné pour ce médium. Cela envoie un
drôle de message. Comme si la présentation du film en format numérique « standard »,
à la fine pointe de la technologie, était insuffisante.
Concrètement,
il n'y aura qu'un seul cinéma au Québec qui présentera le film en IMAX 70mm
(pellicule), au centre-ville de Montréal. Puisque le film a été en 4K
(quatre fois plus de détails que le standard 2K), La Maison du Cinéma sera l'un
des seuls cinémas à présenter le film dans sa plus haute résolution en
numérique. À notre humble avis, ce sera visuellement incroyable!
Pour
visionner la bande-annonce d'Interstellar,
cliquez ici.
Le film prendra l'affiche le 7 novembre et des représentations spéciales auront
lieu le 6 novembre en soirée. Bonne semaine et bon cinéma!